Breaking Bad
8.6
Breaking Bad

Série AMC (2008)

Voir la série

Actuellement en train de regarder le spin-off, Better Call Saul!.


Saul Goodman !
(It's all good man !)


Je retrouve avec cette série des sentiments un peu oubliés... ceux d'une époque des séries canoniques... de l'époque où je découvrais la série (U.S.) comme nouveau support narratif de longue haleine, à travers lequel la fiction se déroulait captivante, sur plusieurs dizaines d'heures, dans une cohérence surnaturelle, une réalité adjuvante pour les projets fous et successifs, saisonniers, du heros toujours sur le fil.


Ça a commencé avec Prison Break, que j'ai bouffé sans répit il y a plus de dix ans, comme on dévore sans baisse de régime jusqu'au bout de la nuit une raclette interminable. Toutes les audaces sont bonnes pour repousser la satiété, et vazy que je te mets du Desperate Housewives vite écoeurant, et du Homeland que je dévore encore tant que possible, et du Chuck que je mangeais froid entre deux cours, et du Breaking Bad il y a cinq ans comme un climax avant la fin des patates.


Qu'ont en commun pour moi ces séries? Elles nous ont proposé du toujours plus scénaristique à la limite du burlesque, épique en ce que les héros (à longues pellicules grands projets) s'engagent dans des intrigues collectives, toujours chorales, et se soumettent toujours d'un sang froid incroyable au bon vouloir de deux divinités en sous-texte, j'ai nommé le karma et l'ange gardien, deux entités engagées sur la longueur dans un compromis permanent, duquel nous spectateurs attendons grand frisson et cohérence mégastructurelle.


Breaking Bad (1) en fut pour moi l'apothéose. Le karma du personnage principal voué à la sournoiserie du bandit, le rattrape toujours et s'annonce dans les effets de mise en scène, dans le contraste entre une ambiance sublime (grandement nourrie de plans séquences et de passages clipés musicaux feelgood) et le plus petit détail du quotidien, celui d'une pizza géante sur un toit, d'une dédicace dans un livre, et même celui de toutes formes de banalités en gros zooms, qui viennent se coincer dans les plans des plus grands cerveaux, à la faveur du chaos, comme unique message celui du karma qui voudrait retrouver ses droits, et dont il faut bien rallonger les saisons.


Dans ce climat d'hostilité, des lois vulgaires de la nature et de ses emmerdements, règne comme un halo sur la tête des héros la protection d'un ange qui, sauf cas d'audace scénaristique rendue obsolète ensuite par Game of Thrones, trouvera bien le moyen de canaliser hors du pétrin la réalité des individus notables et respectables.


Breanking Bad jongle à bout de souffle sur tout ça, les effets de mise en scène nous rappellent toujours au karma pas tout à fait positif de Walter White, et à son ange gardien... et nous franchissons même parfois dans un parfait dosage les portes du drame, lorsque l'ange en a sa claque probablement, dépassé par les kilos d'intrigues accumulées, et qu'il laisse aux commandes le génie humain en roue libre.


Science bitch !


(1) et The Wire, que j'ai paradoxalement découvert plus tard, série dont je n'ai vu que la première saison, mais qui ne joue pas selon moi sur les mêmes ambitions de mise en scène que Breaking Bad (et Better Call Saul!).

Vernon79
10
Écrit par

Créée

le 27 oct. 2018

Critique lue 254 fois

8 j'aime

7 commentaires

Vernon79

Écrit par

Critique lue 254 fois

8
7

D'autres avis sur Breaking Bad

Breaking Bad
Hypérion
9

Cristallisation de la crise

Breaking Bad c'est, au sortir du visionnage de cinq saisons exceptionnelles, une superbe série noire, glauque, remarquablement écrite, qui cristallise en un seul personnage, Walter White, tous les...

le 21 oct. 2013

217 j'aime

32

Breaking Bad
YellowStone
10

Growth. Decay. Transformation.

Je considère Breaking Bad comme la toute meilleure série que j'ai pu voir, ni plus ni moins. Elle occupe donc logiquement la première place de mon Top 10, et mérite bien que je lui consacre le temps...

le 25 janv. 2013

213 j'aime

29

Breaking Bad
Vincent-Ruozzi
10

Le Crabe aux pinces d'or

Breaking Bad : 5 saisons haletantes, 62 épisodes de bonheur, des dizaines d’heures sacrifiées pour la bonne cause, une série culte. C'est certainement la série avec l’anti-héros le plus charismatique...

le 6 mars 2015

111 j'aime

23

Du même critique

Battleship
Vernon79
8

Battleship: un film d'action de société

Tout commence à l'entrée du cinéma. Le film est déjà commencé, mais toi t'as pas fini ton kebab et tu sens au fond de toi même qu'il n'y a pas le feu au lac (faut attendre la dernière demi-heure du...

le 17 mai 2012

38 j'aime

5

Les Goonies
Vernon79
9

C'est pas parce que l'on est grand que l'on doit rester assis

Dans le premier tome des "Scènes de la vie de provinces", Balzac tentait de nous expliquer comment "durant la belle saison de la vie, certaines illusions, de blanches espérances, des fils argentés...

le 20 mai 2012

25 j'aime

15

Fitzcarraldo
Vernon79
10

Qu'est-ce que le luxe ?

Une gazelle, c'est exotique dans un zoo à Montreux, pas dans la savane. Un labrador, c'est exotique sur l'Everest, mais pas sur une plage bretonne à faire chier les crabes. Et bien voilà c'est un peu...

le 25 juin 2018

22 j'aime

17