Avec un casting de Whovian (Tennant, Colman (qui avait eu un rôle mineur au début de la saison 5 du Docteur) et Darvill), cette série était pour moi la suite logique de mon aventure d'avec le Docteur. D'ailleurs, j'ai commencé à regarder Broadchurch juste après avoir fini Doctor Who (pure coïncidence. Mais il faut toujours prendre en compte les coïncidences, sauf si on n'a pas le temps). Broadchurch, c'est bien. Même si ça fait série policière de l'été sur TF1 (sauf que là, ça passe sur France 2, donc c'est pas du Dolmen), bah Broachurch ça se regarde.
Faut dire que l'argument "David Tennant" est vendeur. Même si Tennant est moins Tennant que Tennant dans Doctor Who. Ou pas. Peut-être qu'il a juste un talent de monstre et qu'il est capable d'habiter pleins de types de personnages différents (contrairement à Daniel Radcliffe). Et ça, c'est du génie. Parce que soyons franc. Reprendre un rôle de flic célibataire malade et aigri, qui a été envoyé dans un coin paumé de l'Angleterre après une boulette sur sa précédente affaire; alors que son dernier rôle, c'était un extra-terrestre de 900 ans venu d'une autre galaxie qui aidait les planètes, et notamment la Terre, a lutter contre différentes sortes de menaces, bah ça change. Un peu. Toujours est-il que c'est Tennant plus sombre que l'on retrouve dans Broadchurch. L'étincelle de bonheur qui pétillait dans les yeux du Docteur s'est fait la belle, remplacée par une tristesse dans les yeux d'Alec Baldwyn. Moins Tennant que Tennant, mais toujours aussi efficace. J'ai aussi retrouvé un peu de Docteur quand Tennant essaye d'expliquer à Miller et son mari pourquoi il n'aime pas son prénom. "Alec. Aaalec. No. I hate it" (et parce que Alec, bah ça ressemble à Dalek).
Chaque épisode a une spécificité, c'est que la recherche d'un coupable est globale. Pas seulement sur la série, mais sur chaque épisode. Laissez-moi m'expliquer. Chaque épisode se concentre sur un suspect en particulier, et leurs histoires ne se croisent que rarement. Huit épisodes, c'est à la fois trop court, et à la fois suffisant. C'est trop court car on aurait aimé en voir plus. Vraiment. C'est suffisant, d'un autre côté car on a le sentiment que, plus long, ça aurait perdu de son charme, et que les scénaristes n'ont pas vraiment prévu d'avoir plus long. Même s'ils avaient pu allonger la liste des suspects.
Cette série n'est pas faite pour passer sur TF1 un soir d'été (un épisode tous les lundis pendant deux mois), pour une bonne raison. C'est que c'est un constat profond du dérèglement qui règne après un meurtre dans une petite communauté. Un vrai meurtre. Justifié par des choses, derrière. La série traite des failles humaines, qui peuvent être responsables d'actes inconsidérés.
Cette série est aussi un constat. Chaque personne a une façon particulière d'appréhender le deuil d'une famille qu'elle fréquente. Ellie Miller veut tenter de trouver le tueur pour aider la famille Latimer à faire son deuil. Le révérend Paul Coates cherche à réconforter la famille avec la religion et cherche à maintenir la petite communauté. Il y a aussi le traitement journalistique d'une affaire pour meurtre qui est impliqué dans cette série. Comment la presse en vient à écraser la mémoire d'une famille, d'une communauté ? Comment la presse s'empare d'un détail de l'histoire pour qu'il devienne le principal fait ? Tout ceci est traité dans la série, et même plutôt bien.
Une série qui se laisse regarder, qui séduit, en plus de ça. Pas le genre de série qu'on laisse, le mardi après-midi parce qu'on est malade et qu'on a la flemme de bouger pour mettre un DVD. Une vraie série qui se regarde du début à la fin.
