Voir la série

Et quel monde ! Si la comparaison entre les univers de Flaubert et Joss Whedon s'avère a priori improbable, leur richesse, leur diversité, et leur intensité sont autant de liens justifiant cette accolade.

Le monde de Buffy c'est avant tout Sunnydale. Une ville, qui contrairement à ce que son nom laisse penser, n'offre pas du tout un « séjour ensoleillé », et pour cause, elle a été construite sur une ouverture menant tout droit aux enfers. De celle-ci en sortent des démons, des dieux, et surtout des vampires. Heureusement pour chaque génération une tueuse hérite de pouvoirs permettant de chasser et tuer ses créatures. Un monde où les prédateurs sexuels façon « mante religieuse », les filles tellement discrètes qu'elles en disparaissent, où les lycéens aussi cruels que des hyènes, où le garçon devenu monstre après avoir couché avec sa belle, est à prendre aussi bien au propre qu'au figuré. Car toute la frontière entre l'adolescence et le monde adulte, offre autant de combats et de défis et surtout de métaphores, qu'entre l'Enfer et Sunnydale.

Là où la série fait fort c'est que loin d'une Xénia la guerrière, ou d'une Dana Scully intellectuelle et organisée, on a Buffy Summers, aspirante pompom girl.
Pas particulièrement douée en quoique ce soit, pas particulièrement intelligente, pas vraiment la plus belle non plus, elle n'a que ses réparties mordantes et sa force pour combattre les bestioles maléfiques. Elle n'est ni irremplaçable, ni unique, ni d'ailleurs la plus forte, mais révélée à elle-même par les pouvoirs dont elle a hérité, c'est une « born leader », une Héroïne dont le charisme a aussi bien séduit ses troupes que les téléspectateurs pendant 7 saisons à la télévision américaine et déjà 2 saisons en bandes-dessinées.

Buffy a deux atouts dans sa poche : sa force et ses amis. Car encore une fois, les scénaristes n'ont jamais cessé d'étoffer les personnages secondaire, leur donnant à chacun une personnalité et un style bien distinct. Tout ce scooby-gang affrontera au fil des saisons : Le Maître, un vampire vieux de plusieurs siècles (saison 1), Angel l'amoureux de Buffy (saison 2), le maire de Sunnydale (saison 3), l'armée (saison 4), une Déesse (saison 5), le Trio de geeks (saison 6) et the First (saison 7). A noter qu'il y a toujours une différence entre l'ennemi et le véritable « méchant » l'incarnant : chacun des personnages allant incarner the First par exemple.

Heureusement les scénaristes ont bien compris que pour rendre une série intéressante il vaut toujours mieux tirer les spectateurs vers le haut, alors autant le faire grâce aux personnages.
C'est donc véritablement le bonhomme derrière sa télé qui va évoluer avec les protagonistes auquel il peut s'identifier : Xander, le bras droit de Buffy, de « geek »timide devient un homme ouvert et courageux, Willow de « nerd » devient une jeunne femme gay épanouie, Giles le mentor blasé redécouvre des liens d'affection et Spike, le vampire punk retrouve une certaine humanité et noblesse d'âme. Tous combattent, perdent parfois, endurent un deuil forcé (l'épisode « the body » filmé presque en plan réel et sans musique était particulièrement éprouvant) et souvent en gardent une cicatrice. Si tous n'obtiennent pas de pouvoirs comme Willow, ou le savoir de Giles, ou la force d'Angel et Spike, ce n'est pas là l'important car chacun apporte quelque chose de précieux à l'intrigue.
Lorsque Dawn réalise qu'elle n'est pas une Tueuse, c'est Xander qui va la trouver et s'adresse en même temps au spectateur en lui disant qu'elle n'en a pas besoin pour être extraordinaire.


Chacun va donc suivre un chemin qui lui est propre et jamais jugé ou montré de manière négative et d'ailleurs une fois n'est pas coûtume ce n'est pas l'argent qui rend les gens intéressants: ainsi Buffy toute héroïne qu'elle est n'arrivera pas à finir ses études et devra aller travailler dans un fast food pour subvenir aux besoins de sa famille (et finalement de tout le groupe), Alex cancre au lycée s'engage comme ouvrier sur les chantiers, Giles perd son travail. Mais peu importe Joss Whedon les laisse quand même être des héros.

L'autre petite révolution passe par la réalisation :
un épisode où les personnages ne parlent pas du tout, un en comédie musicale, un filmé en temps réel et de manière « réaliste » et non « série US », des personnages principaux qui meurent, de la musique rock indé, pas de cilffhanger aux fins de saison, des relations amoureuses parfois à la limite du sado-masochisme, pour la première fois une histoire d'amour lesbienne sans cliché et sur du long terme...

Les acteurs ont tellement bien joué leur rôle, que pour beaucoup ils restent attachés à leur personnage : difficile de voir Sarah Michelle Gellar quelque part sans imaginer qu'elle va sortir un pieu de son manteau. Les actrices ont la part belle et clairement Alyson Hannigan a mis la barre très haut dans les dernières saisons.

Buffy surtout mais les femmes en général sont les héroïnes de la série et montrées pour une fois non plus en victimes dépendantes des hommes pour survivre mais comme des êtres humains capables et sur un pied d'égalité face aux mâles les entourant. Elles mènent le jeu, et contrairement par exemple à « X-files », « Charmed » et les dérivés actuels de la saga vampire, ce sont elles qui montrent les crocs,

Moralité : la femme est l'avenir de l'homme.
Ivar
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes TV, ton univers impitoyaaableuuu et

Créée

le 12 avr. 2012

Critique lue 764 fois

8 j'aime

4 commentaires

Ivar

Écrit par

Critique lue 764 fois

8
4

D'autres avis sur Buffy contre les vampires

Buffy contre les vampires
Lehane
10

Pain. Death. Apocalypse.

Aujourd'hui, je me lance dans une critique que j'appréhende, mais que je meurs d'envie d'écrire pour montrer aux gens ô combien Buffy contre les vampires est une série merveilleuse, pour les pousser...

le 14 août 2013

206 j'aime

162

Buffy contre les vampires
Bondmax
10

10 épisodes qui montrent que Buffy est un chef d'oeuvre

C’est fini, après plus d’un mois et demi passé à Sunnydale, c’est fini. Oui je sais que j’ai des années de retard, mais bon il n’y a pas d’âge pour découvrir des chefs d’œuvre. Car oui un chef...

le 31 oct. 2014

102 j'aime

41

Buffy contre les vampires
Elise
9

Un pieu et au lit

La plupart des gens qui affirment ne pas aimer Buffy contre les vampires n'ont souvent regardé qu'un épisode un samedi soir de 2002, rongés par la gastro et la version française. Buffy est comme un...

le 9 févr. 2010

98 j'aime

2

Du même critique

Revenge
Ivar
8

Tuez la reine

Très bonne surprise pour cette "petite série". Les bases de l'intrigue sont solides : une jeune femme revient dans sa ville natale pour venger son père, mort en prison des années auparavant accusé de...

Par

le 11 oct. 2011

20 j'aime

2

Veronica Mars
Ivar
8

Les dessous de Veronica

Une petite blonde pas très musclée des biceps mais bien lourde au cerveau va résoudre les énigmes sur le chemin menant à l'identité du tueur de sa meilleure amie. Ca c'est la saison une, la deuxième...

Par

le 5 sept. 2011

15 j'aime

2

Génération 90
Ivar
8

génération Winona ?

probablement ! tourné alors que l'actrice était en pleine gloire médiatique, cette comédie simple et plutôt bien vue sur les jeunes adultes paresseux ou indolents ne manque pas de charme. tout...

Par

le 19 mai 2011

13 j'aime