Lire entre les lignes

MESSAGE A CARACTÈRE INFORMATIF: Cette critique est une reprise remaniée du cinquième papier d'une série d'article que j'ai entrepris il y a maintenant neuf mois et qui est aujourd'hui terminé.

CHROMA est une série de chroniques qui possède un objectif assez simple : définir ce que c’est qu’un bon film. C’est en tentant de réaliser cet objectif que Karim Debbache et toute sa clique (composé de Gilles Stella, une personne qui n’hésite pas pousser la chansonnette à des moments très impromptus et Jeremy Morvan toujours là pour raconter quelques blagues et faire des jeux de mots tous aussi drôles que stupides les uns que les autres) essaient à chaque épisode de parler de films propices à poser des notions de cinéma aidant leur thèse.

Ils auraient pu dire ce que c’est qu’un bon film en parlant de bons films sauf qu’il n’en n’ait rien. En effet ces joyeux lurons ont décidé de parler uniquement de mauvais films (A part pour l’instant l’épisode 10 qui traite de l’excellent Gremlins de Joe Dante et de l'épisode 11 qui parle des Affranchis de Martin Scorsese ). C’est à partir de là que nous pouvons dire qu’ils sont vraiment malin. Parler de mauvais film permet de mettre en avant certes les défauts mais surtout les qualités de ce que nous jugeons être de bon film et j’insiste sur le terme « jugeons ». Parce que je vous le rappelle que tout œuvre qu’elle soit bonne ou mauvaise est intéressante car avec cette dite œuvre nous pouvons avoir deux regards : avoir une lecture linéaire c’est-à-dire, dire que cette œuvre est bonne ou mauvaise ou avoir une lecture plus en profondeur en essayant de comprendre pourquoi cette œuvre est bonne ou mauvaise en l’analysant. C’est pour cela que quelque chose de mauvais peut devenir beaucoup plus intéressant. Mais une œuvre mauvaise mais intéressante n’est-elle pas au final une bonne œuvre ? Les mauvais films dont parle Karim Debbache ne sont-ils pas en fin de compte de bons films ?

La réponse à ces questions est très subjective et je ne vais pas vous mentir parler de CHROMA va plus être un prétexte à donner la réponse à ces deux interrogations. Cela fait quelques temps que j’essaie très maladroitement ici ou ailleurs de parler d’œuvres qui sont selon moi intéressantes et j’insiste encore une fois sur le « selon moi » car il est vrai que pour certain Kendrick Lamar est un mauvais rappeur ou encore que Watchmen est une très mauvaise bande dessinée. Mais il serait difficile de nier que To Pimp A Butterfly et Watchmen sont des œuvres intéressantes. Mais qu’entends-je selon moi par « œuvre intéressante » ?

Vous vous souvenez quand je parlais de lire entre les lignes ? Une œuvre est intéressante quand elle nous permet de lire entre les lignes. Prenons une œuvre concrète et quand je dis œuvre je veux dire film et quand je veux dire film je veux dire film qui a été traité dans CHROMA : Piège à Hong-Kong ou Knock off dans sa version originale. Knock off est un film de Tsui Hark dont je ne vais pas faire le curriculum car l’équipe de CHROMA le fait très bien. Donc si vous avez vu l’épisode 8 vous savez déjà que Piège à Hong-Kong est un mauvais film mais la conclusion de cet épisode mérite qu’on s’y attarde un peu plus. L’épisode se termine par un « Knock off est un bon film » car certes il a les plus gros défauts du monde mais il n’est pas inintéressant pour autant. Ce que fait Debbache, Morvan, Stella et Debbiche dans cette conclusion est quelque chose de simple quand on a peu de volonté : ils lisent entre les lignes. Ils donnent les raisons profondes de l’échec du film (une très mauvaise expérience de Tsui Hark d’Hollywood). Ce sont pour ces raisons que Tsui Hark se venge, essaye et expérimente car Knock Off est un immense laboratoire pour ce qui allait être son prochain film « Time And Tide ». C’est pour son côté fourre s’y tout que ce film est intéressant et c’est aussi pour ce côté que Knock Off s’avère être un bon film. Quand je dis que tout œuvre est intéressante j’utilise un présent de vérité générale, je ne suis pas dupe et je remarque très bien que certaines œuvres sont justes futiles mais ça dans une très petite minorité des cas.

Revenons à nos deux questions de bases en répondant à la deuxième. Les mauvais films dont parlent Karim Debbache et sa bande sont en fin de compte de bons films. C’est en cherchant de la profondeur dans ces films que tout le monde juge mauvais que l’on peut trouver du bon que ce soit des intentions bien caché ou des secondes lectures plus que passionnantes. Lire entre les lignes c’est ce que l’équipe de CHROMA nous demande de faire, tout en évitant de juger trop vite un film qui peut, qui sait, en cherchant bien en cacher un autre bien meilleur.

Pour répondre à la première question je dois révéler mes intentions. Depuis que je me suis lancé dans l'écriture je n'ai qu'une seule envie, partager mes réflexions et mon ressentie peu importe si une œuvre est bonne ou mauvaise tant que dans le fond elle ait quelque chose à raconter, tant que dans le fond elle soit intéressante…

Pour finir je ne peux que vous conseiller de lire entre les lignes, de ne pas juger une œuvre trop vite car elle pourrait vous surprendre, à regarder Chroma et à vous poser cette question : Qu’est-ce qu’une bonne œuvre ?