Je dois dire que mon attrait pour Californication venait non pas de ma situation personnelle, puisque je suis vierge, mais de la sensibilité qui pouvait se cacher sous cette couche de dépravation. J'ai eu la nausée en démarrant cette série, mais en même temps l'intelligence cachée m'attirait.


Hank Moody est un écrivain séparé de sa femme et de sa fille, et cherchant désespérément à regagner l'élue de son coeur. Séducteur invétéré, il ne peut s'empêcher de culbuter tout ce qui bouge : et malheureusement, un jour il finit par toucher à ce qui dérange. L'histoire tourne autours de son errance dans les environs de Los Angeles, avec son fidèle compagnon et agent "Charlie Runkle", onaniste tête-de-turc, dans des situations toutes plus grotesques et burlesques les unes que les autres et franchement très libertines. Et évidemment, Hank essaie de renouer avec sa tendre, mais a du mal à se calmer. La série est outrageusement choquante, et la scène d'ouverture du premier épisode avec Hank se faisant faire une fellation par une nonne donne le ton.


Alors, pendant plusieurs saisons on est tenu par l'aternance entre les moments blasants et les moments de pure beauté où l'esprit rejaillit de l'égo. Mais c'est toujours pour retomber dedans. Et sans savoir quand celà finira, mais avec une certaine envie* sadique que celà dure... *(envie qui n'est pas forcément la nôtre, mais celle des scénaristes)


Hank est une merde au grand coeur, l'archétype de ce qui n'a pas d'âme pure mais a quand même des principes, et évidemment c'est touchant, dans le sens où l'on se dit "je suis en train de regarder une émission complètement naze mais au moins ce type est sensé se repentir". Aussi, il se dégage de cette tentative une sorte d'auto-destruction de la débauche, avec une touche d'humour. Bon, en tant que réfractaire à la concupiscence, on est davantage en train de se mortifier qu'autrechose.


Mais il se passe de vrais moments de remise en question, des notes touchantes de romantisme, des scènes profondes... Et c'est pour celà qu'on tient ! Mais toujours pour relancer finalement le personnage intelligent mais toujours narcissique malgré lui, et une situation paumée dont on sait qu'elle n'est que le luxe d'une société pourrie-gâtée et obnubilée par le sexe. Bref, "plus on est déglingué, plus on paraît vivre, jouons-en !".


Karen, la femme de Hank l'écrivain, est super-sympa (et magnifiquement jouée par l'actrice, un gros chapeau !) et ce qui se dégage de leur couple est pure et sain. Il y a de vraies leçons de vie. Mais le constant naufrage donne la nausée même si l'attachement qu'on a envers Duchnovny pour ce rôle intellectuo-débile nous fait patienter. Mais patienter vers quoi ? C'est ce qu'on se demande sans cesse...


On attends toujours la retombée simple, le calme de la vie tranquille, sans connerie, la fin. La chute. La MORALE !


Et au lieu de ça on s'enfonce. Californication est une dérive lente mais rythmée dans un faux-enfer complaisant, dans l'apologie de l'infantilisme, et une tentative réussie de série propre à son époque. Réussie en effet, parce qu'on y retrouve toute la merde post-90 qui pullule dans la vraie vie, hormis les multiples situations surjouées qui bien entendu n'arrive à personne en France (et même aux States ça ne doit pas être courant).


Mais moi, j'attendais autrechose. En fait j'attendais un truc qui ne peut pas arriver : parce qu'évidemment ils ne peuvent pas contredire un concept comme ça. Donc ils s'enfoncent.


Et là, arrivé à la saison 6 épisode 3, j'abdique : le personnage d'Hank moody n'est plus qu'un fantôme sans âme, sans but, ou détruisant sans cesse son objectif, et il n'y a plus rien à raconter. Pas vraiment qu'il ait dépassé les bornes, au contraire nan il s'était plutôt calmé : mais il n'y a plus rien à attendre de l'histoire.


Tout a cessé d'un coup : j'étais en train de le voir parler à un personnage, et j'ai senti qu'il n'y avait plus rien. Terminé. Nada. C'est bon quoi, on a compris. Au bout d'un moment ça finit par lasser.


Mais si vous voulez vous faire plaisir en vous flagellant avec du vice, allez-y : Californication est une belle ôde au n'importe quoi, et sincèrement, vous pourrez en tirer un plaisir. Mais n'attendez pas une vraie réflexion. Parce que malgré la volonté de dégager des moments réels, et intelligents, la série ne mets jamais aucun terme à la connerie.


Celà restera quand même la série où j'aurai vu David Duchovny dans un autre rôle d'un agent du FBI, et le décalage est plaisant parce qu'il campe admirablement bien son personnage. L'intelligence qui se tisse sous les péripéties narratives donne dès les premiers épisodes l'impression qu'il est toujours possible, à tout instant, que l'histoire bascule dans quelquechose de radicalement différent. Mais malheureusement j'arrête là l'aventure ; je vous laisser aller plus loin que moi.


En réalité la série, pour sa réalisation mérite un gros 7 ou 8 ; mais comme elle s'enfonce, je ne lui met que la moyenne, seule note moralement acceptable.

Héraès
5
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le 12 avr. 2017

Critique lue 457 fois

Héraès

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