Il y a, dans ce nouvel opus, un numéro d'équilibriste extraordinaire. Bruno Dumont lance des sujets, des histoires ou simplement des pistes qui ne sont pratiquement jamais résolus. Et pourtant ça tient debout !
Il y a aussi plein de choses que d'autres critiques auront développées sur cette serie : l'humour, le grotesque, des portraits magnifiques, des entrées de champ étonnantes, des sujets graves traités avec légereté, de très beaux plans, du burlesque en résolution de la noirceur. Tout ce que l'on peut voir.
Mais il y a surtout tout ce l'on ne voit pas. Et tout ce que l'on ne voit pas dans cette série est beau. Notre regard est le plus souvent aimanté par le hors-champ : les regards presque face caméra sans contre-champ, les personnages de dos, des cadres que l'on aurait envie de voir s'agrandir... Toutes ces petites choses qui nous mettent l'eau à la bouche, qui nous donnent envie d'imaginer ou de réfléchir plus loin.
Et le cinéma c'est du hors-champ et Bruno Dumont le décline avec intelligence et fantaisie.
Et puis toutes ces évocations. Les migrants qui passent, la glu qui tombe, le quotidien hors-de-la-maison du trio Leuleu... Ces histoires dont on connaît l'existence mais seulement abordées qui nous aspirent vers un autre temps, parallèle. Il n'est pas possible quand on regarde cette série de n'être que spectateur, il est nécessaire de penser au-delà du visible.
C'est pourquoi le cinéma est aussi du hors-temps et Bruno Dumont joue très joliment avec.