Cowboy Bebop
8.5
Cowboy Bebop

Anime (mangas) TV Tokyo (1998)

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J'ai découvert Cowboy Bebop une après-midi bénie d'un été lointain, lors de sa diffusion sur Canal+.
Naturellement, j'avais déjà vu de la japanimation : j'ai été élevé avec le Club Dorothée et je suivais un certain nombre d'animés à l'époque. Le choc a été d'autant plus spectaculaire.

Je pense que le point déterminant, le petit truc qui a retenu mon attention et m'a fait accrocher tout de suite, c'est le générique.
On en a beaucoup parlé : le générique de Cowboy Bebop est une merveille de jazz punchy associée à des images très pulp old school (qui rappellent pas mal Lupin the third par exemple - ce n'est pas le seul point commun btw).

Mais surtout, ce générique est en total décalage avec l'ensemble des génériques de séries d'animation japonaises qui ont tendance à taper dans la j-pop aux paroles incompréhensibles, du genre "Run ! Run ! le dragon vertueux s'enroulera au firmament du cerisier en fleur ! Avançons, mon ami de l'été passé et rejoignons la lune de nos espoirs !".
Dès le générique, le ton est donné Cowboy Bebop ne ressemble à rien de ce que vous avez vu.

Le pitch est somme toute classique : dans un futur pas si lointain, la Terre est devenue quasi-inhabitable et l'homme a conquis l'ensemble du système solaire. L'action est centrée sur un groupe de chasseurs de prime qui officient à partir d'un vaisseau spatial : le Bebop.
Seulement voilà, si le pitch sent le déjà-vu dans la japanimation, les histoires qui vont en découler vont rompre avec toutes les traditions de celle-ci et vont plutôt reluquer vers divers genres bien moins exploitées dans le milieu : le western, le film noir, le cinéma d'arts martiaux voire les oeuvres de voyage initiatique.
C'est donc tout naturellement que Spike (héros de la série) pratique le Jeet Kune Do, qu'il prend conseil auprès d'un vieux shaman indien ou qu'il a un passé dans la Triade tout en étant pilote de starfighter.
Avant Firefly, Cowboy Bebop avait déjà réalisé ce cocktail furieusement efficace de space opera et de vieux films américains.

Je ne reviendrai pas sur la bande originale. Le sujet a été discuté et re-discuté de nombreuses fois.
Effectivement, c'est une merveille. Mélange de jazz, de rock, de folk... Tout un tas d'influences qu'une fois de plus, on a pas l'habitude d'entendre dans le cadre de la japanim'.
On est très très loin du "battle theme", du "oh infinite sadness, my friend just died" theme, du "ohwow, my friend just came back to life" theme ou autres "my power is rising and i'm going to kick your shiny ass" theme.
Les musiques font mouche, elles appuient l'action, elles ont une vie propre, elles sont toutes très différentes tout en étant parfaitement cohérentes...
Du grand art.

J'aimerais par contre m'arrêter quelque peu sur les personnages.
Car c'est surtout là que réside, selon moi, à la fois le coup de maître et la grande originalité de Cowboy Bebop : les relations entre les personnages sont d'une finesse et d'une subtilité qu'il est rare, très rare de voir dans ce milieu.
Une fois de plus, les grands classiques de la japanimation, c'est deux adolescents qui se jettent dans les bras l'un de l'autre en se promettant leur amitié éternelle, amitié qui les rend plus fort, la force de l'amitié, tout ça, blabla.
Dans Cowboy Bebop, les personnages tissent des relations toutes aussi fortes mais nettement plus subtiles.
La relation entre Spike et Jet est toute en pudeur. Ils sont inséparables mais bien trop fiers pour se l'avouer, chacun étant un grand défenseur de son autonomie et de son côté "je n'ai besoin de personne".
Faye, amoureuse de Spike, mais qui ne le révèlera jamais. Tout passe par des regards tristes ou bien, quand la charge émotionelle est trop forte pour qu'elle puisse la retenir, par le vidage de son flingue, seule façon pour elle de cracher ses émotions.
Et que dire de cette scène durant laquelle Faye et Ed ont quitté le vaisseau et où Spike et Jet se retrouvent à nouveau seuls ? Ni l'un ni l'autre ne diront qu'elles leur manquent, qu'ils sont dévastés de ne pas savoir si elles reviendront un jour. Une fois de plus, tout passe dans le non-dit, dans le regard, dans le fait de finir par engloutir le repas qui mes attendaient, Jet comme Spike voulant prouver à l'autre : "non, non, elles ne me manquent pas : la preuve, regarde je mange leur part".

Cowboy Bebop capture un moment, une parenthèse dans la vie de ses personnages principaux.
Jet, le chien solitaire par excellence, y trouve des compagnons de route qui vont l'aider à résoudre ses vieilles rancunes et à combattre ses démons personnels.
Faye, l'amnésique, va trouver refuge auprès de compagnons qui ne la pourchassent pas et qui la protègent de ce passé effrayant dont elle ne parvient pas à se souvenir.
Ed, la fugueuse, va profiter à fond des ces aventures avant de retourner auprès de son père. Une petite escapade dans les étoiles avant de retourner sur Terre.
Et Spike, naturellement... Spike qui s'offre un répit. Il a eu le temps de mettre sa vie en pause juste avant de mourir, et de s'enfuir pour s'éloigner de tout ça. Mais sa vraie vie le guette toujours et parviendra finalement à le rattrapper. Le rêve cessera, et il finira pas se réveiller.

Au final, il faut voir Cowboy Bebop.
Et il faut le revoir une fois qu'on l'a vu.

En fait, j'envie ceux qui ne l'ont jamais vu et qui vont pouvoir découvrir cette merveille avec des yeux neufs.
jedezel
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le 4 avr. 2012

Critique lue 273 fois

jedezel

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