Cowboy Bebop
8.5
Cowboy Bebop

Anime (mangas) TV Tokyo (1998)

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Qu'est ce que Cowboy Bebop? C'est un cocktail, un cocktail parfait, savamment dosé entre science-fiction, western, musique jazz, polar, d'esprit seventies, d'autodérision, de romantisme et de sentiments contenus. La rencontre improbable d'éléments disparates qu'apparemment tout oppose et qui s'agencent parfaitement.

Qu'est-ce que Cowboy Bebop? Il s'agit d'une série d'animation japonaise produite en 1998 par les studios Sunrise et réalisé par Shinichiro Watanabe.


Je viens de finir de regarder à nouveau cette série qui m'avait complètement subjugué lors de sa diffusion sur Canal Plus au début du siècle. Pour beaucoup, c'est une série mythique.


Une série qui n'est pas concernée par la loi anti-tabac, ce qui peut paraître rafraîchissant par les temps qui courent, si aseptisés.

L'histoire se déroule dans un futur indéterminé, l'humanité, toujours seule dans l'univers a colonisé le système solaire qui est devenu le western moderne. Sur un vaisseau appelé le Bebop, on trouve deux chasseurs de primes, Jet et Spike. Plus tard, ils seront rejoints par un chien, Ein, une jeune femme un peu voleuse, Faye et une gamine, pirate informatique, Ed.



Jet est un ex flic désabusé, il est le plus âgé et le propriétaire du vaisseau. Spike est l'archétype du héros romantique, il est proche, par de nombreux aspects du personnage de Corto Maltese, ancien membre de la mafia ayant fui le milieu, il cherche désespérément sa Julia. Faye est une voleuse ayant perdu la mémoire et qui a quelques problèmes de confiance.


Nous suivons leurs aventures, les primes après lesquelles ils courent. La force de cette série, c'est son procédé narratif. Leurs différentes aventures ne sont en fait qu'un prétexte qui sert d'abord à se familiariser avec ces trois personnages principaux que sont Jet, Spike et Faye, puis, on nous distille au compte-goutte des éléments sur leur histoire, leur passé, ce qui donne à ces personnages une réelle profondeur dramatique. Faits de flash-back et d'allusions, ces détails très subtils, forcent l'empathie du spectateur qui du coup fait jouer son imagination, ce qui fait la force de cette série. Insidieusement, elle force le spectateur à s'intéresser à ces personnages, et lui donne tous les éléments pour prolonger longtemps le rêve. Ces silences, cette évocation, cette sensibilité qui s'en dégage, voilà la force des scénaristes qui ont réussis à faire passer des sentiments avec une finesse et une retenue toute nippone (on pense à Kitano).


Dans le dernier roman de Paul Auster, Seul dans le noir, la petite-fille du narrateur, étudiante en cinéma développe une thèse très intéressante sur le pouvoir d'évocation des objets au cinéma, "les objets inanimés comme moyen d'exprimer des émotions humaines. C'est ça le langage du cinéma, seuls les bons réalisateurs comprennent comment y arriver." Elle cite pour cela trois grands films : Le voleur de bycyclette de Vittorio De Sica, La grande illusion de Jean Renoir et Le Monde d'Apu de Satyajit Ray. Le narrateur en ajoute un quatrième : Voyage à Tokyo du cinéaste japonais Ozu. Dans ces qutre films, sans un seul mot de dialogue, des objets inanimés font passé un message très fort et évocateur des sentiments que ressentent les personnages et que pourtant, ils n'arrivent pas à formuler.


La vaisselle dans le film de Renoir pour transcrire le désarroi de la femme alors que Gabin est parti, le linge que les époux sont obligés de donner en gage dans le film de De Sica, l'épingle à cheveux dans le film de Ray pour nous faire comprendre que le mariage est réussi et la montre pour voyage à Tokyo afin de nous montrer la tristesse du père et de la sœur face au départ de la belle-fille Noriko. J'ajouterai à ces brillants exemples la session #24 de Cowboy Bebop intitulée Hard Luck Woman, le rôle de l'objet évocateur étant ici tenu par les œufs durs, préparés pour cinq et que les deux personnages restés seuls engouffrent avidement, sans répit, car c'est la seule façon qu'ils conçoivent pour montrer leur tristesse.

Le plus intéressant, le plus beau de cette série, c'est justement ce qui n'est pas montré.


Sur 26 sessions, bien sûr, il y en a qui sont anecdotiques, d'autres déjantées, complètement loufoques, voir inutiles, mais il y en a aussi qui touchent à la beauté, et rien que pour cela, cette série vaut la peine qu'on s'attarde sur son cas.

La série n'échappe pas au cliché, mais la plupart du temps, c'est volontaire, chaque épisode est une somme de référence à des styles, des musiques, des films. La série est en effet bourrée de références et de clin d'œil à nombre de choses, au point que Tarantino n'en aurait pas renié la paternité, bien qu'il soit dépourvue de la finesse possédée par les géniteurs de cette œuvre. On trouve des épisodes portant des noms tels que Sympathy for the Devil (hommage aux Rolling Stones), Jupiter Jazz (hommage au paradis des jazzmen), Pierrot le Fou (hommage à Godard) etc.

Les références musicales sont légion, et, point très important qu'il ne faut surtout pas négliger : Cowboy Bebop ne serait rien sans sa musique, majoritairement composée de morceaux de jazz, elle est absolument magnifique et est l'un des éléments fondamentaux de la réussite de cette série.

Une série, qui, bien qu'elle aille sur ses quinze ans, tient toujours la route. Je pense que je suis influencé favorablement par le fait que cette série a complètement marqué mon adolescence et que mon regard critique d'adulte a peut-être été légèrement plus conciliant que si je découvrais la série pour la première fois, mais une chose est sûre, dès que son souvenir aura commencé à s'estomper dans ma mémoire, je m'y replongerai avec délice.
MisterPH
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le 14 sept. 2012

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MisterPH

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