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Quel dommage… Je reste curieux quant aux adaptations et séries fantasy, aussi avais-je placé quelques espoirs en cette série, mais je n’ai juste pas accroché.


Au départ, j’étais prêt à accepter cette série en dépit de ses défauts. Elle avait les moyens, les ambitions, un générique immersif et un concept intriguant. Hélas je pense qu’elle a échoué à mes yeux pour deux raisons fondamentales : un gros problème de rythme et la mauvaise utilisation de beaucoup de clichés de la « Fantasy Young Adult » (qui n’est évidemment pas médiocre fondamentalement).


Quand j’aborde ce « problème de rythme », j’entends par là que la série dilue beaucoup trop son intrigue. On a tendance à critiquer à l’excès la lenteur de certaines séries car elles choisissent d’étendre des intrigues sur un certain nombre d’épisodes, mais ici ça m’a vraiment paru le cas. Dix épisodes, c’était juste trop pour ce qu’il y avait à raconter. L’exemple type est le temps élevé que mettent Nimue et Merlin avant de se rencontrer (pour un twist dont l’impact m’a échappé mais j’en parlerai après).


Autant de « détours » auraient pu permettre à l’histoire d’approfondir sa mythologie. Après tout, pourquoi pas ? Au-delà du manichéisme du conflit entre les Faë et les Paladins Rouges, elle choisit de présenter une faction viking « déchirée » de l’intérieur entre les « dissidents » pirates mené par une capitaine appelée « La Lame Rouge » (un des meilleurs persos de cette série) et le « Roi des Glaces ». Sauf que les tentatives d’explorer le lore sont victimes de cette cadence hasardeuse, et en conséquence je me suis surtout ennuyé à suivre des personnages secondaires totalement inintéressants.


En fait, la plupart d’entre se limitent à des stéréotypes agaçants, pleinement inscrits dans cette tendance « YA ». En voici une petite liste pour ne pas adopter un format original :



  • Pym est la meilleure amie de Nimue. D’abord elle incarne le rôle de sa « copine lourde », avant de se retrouver au gré des épisodes au sein des pirates viking et aux bras du beau Dof dont elle tombe amoureuse. Son inutilité est encore plus renforcée dans les derniers épisodes.


  • Écureuil est l’enfant qui fouine son nez partout. Je n’ai rien contre les personnages d’enfants dans les séries, même si dans les vieux dessins animés ils étaient souvent intégrés de force dans les histoires pour l’identification des spectateurs. Mais ici à quoi sert-il à part prouver que « les enfants aussi peuvent être courageux » ?


  • Iris incarne le trope de « la jeune fille sociopathe » et donc d’antagoniste secondaire que nous sommes censés « adorer détester ». J’ai aussi un problème avec ce personnage mais je le détaillerai dans la partie spoiler.


  • Gauvain est le beau chevalier dont le rôle consistera à être fort et brave tout comme à créer un inutile triangle amoureux.


  • « Le Moine » est un autre stéréotype du beau ténébreux dont le souci sera révélé en spoiler.


  • Uther Pendragon est un gamin immature ainsi qu’un fils à maman (laquelle est une Cersei Eco +)


  • Père Carden est méchant parce que… il fallait un méchant ?



Qui reste-t-il au milieu de ce casting archétypal, mettant en exergue la tendance de cette série à s’attarder sur des romances niaises ? Le seul personnage auquel j’ai véritablement accroché est Igraine/Morgana car elle possède un véritable arc narratif, des dilemmes et on ressent vite de l’empathie pour elle. C’aurait pu être aussi le cas pour Arthur (qui n’est ici pas le fils de Uther), mais au-delà de son inévitable « backstory » tragique, il tombe aussi dans le stéréotype du « beau jeune homme fort et musclé » réduit à son rôle de love-interest.


C’était surtout pour Nimue et Merlin que cette série m’intéressait. Si Katherine Langford et Gustaf Skarsgard se débrouillent plutôt bien dans leur interprétation, ils peinent aussi à convaincre. Je concède que Nimue ne pouvait être forte dès le début de la série, mais il existe peu de séquence où elle excelle par son courage ou sa badassitude, souvent réduite à être assistée par autrui. Il lui manque aussi une once de charisme pour être vraiment la meneuse de ses siens. Quant à Merlin, l’idée d’une figure déchue et alcoolique était intéressante sur le papier, mais on ne sait jamais trop où l’intrigue souhaite en venir.


À présent, pour détailler mon ressenti, je vais m’attarder sur des éléments clés de l’intrigue :


Je commence par le personnage d’Iris, puisqu’elle constitue un nid à incohérences à elle toute seule. Étant donné sa propension à se vanter d’être une enfoirée, rien d’étonnant à ce qu’elle brûle son monastère. Par contre… Pourquoi absolument personne ne souligne l’étrangeté de sa présence. Personne ne se demande pourquoi elle est l’unique rescapée ? Nimue et Morgana ne se demandent jamais pourquoi elle est là, surtout comme elles se méfiaient d’elle ? Et bien sûr, elle se limitera à sa présence au fond, avec le running gag de son échec à assassiner Nimue jusqu’à l’inévitable scène finale.


Quant au « Moine », il est révélé qu’il est en réalité un « démon » que Carden utilisait, et s’appelle en réalité Lancelot. Encore un personnage dont l’origine a donc été changée, et il nous gratifie en sus d’un retournement en veste au dernier moment : il ne fallait pas que le beau ténébreux reste un méchant, voyons !


Toute la partie où Arthur ramène l’épée à son oncle pour « faire sa fierté » de son oncle se méprend à une perte de temps qui a empêché Nimue et Merlin de se rencontrer. Et puisqu’on parle de leur rencontre… Une adaptation libre ne me dérange pas, mais était-ce si pertinent de faire de Nimue la fille de Merlin ? Leur connexion semble forcée, de même que leur « parallèle ». Cursed tombe d’ailleurs dans la même analogie douteuse que la saison 8 de Game of Thrones, où Tyrion affirmait qu’il était « inévitable » que Daenerys finisse par tuer des innocents puisqu’elle tuait des meurtriers et des esclavagistes… Logique ? Pas du tout.


Comme autre intrigue de remplissage, je n’ai pas compris l’utilité de révéler que Uther était illégitime, sauf pour faire tuer sa mère, car par la suite son « secret » n’a plus aucun intérêt.


Et puisque je pars à l’envers, l’introduction en mode « Vous voulez savoir comment je suis arrivé là ? » est un procédé narratif principalement exploité dans les comédies et dont la pertinence est douteuse… C’était un indicateur de la qualité de la série.


Cursed n’excelle guère non plus dans sa thématique, puisqu’on ne trouve rien de folichon. Nous avons les places des prophéties et les valeurs de courage, très peu exploitées… Reste la thématique de la confrontation entre les « petites cultures » écrasées par les « grandes puissances ».


Une déception, hélas. Pas totalement mauvais mais surtout ennuyeux et mal rythmé, avec des personnages dont le traitement est pour la plupart superficiel… Je plaçais davantage d’attente en cette série.

Saidor
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le 23 juil. 2020

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Saidor

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