Dark is bright

Fin de chantier pour la plus populaire des séries allemandes de Netflix.

Rappel des faits
Cette troisième saison est la conclusion d’un récit absolument palpitant sur les voyages dans le temps et les mondes parallèles. Plusieurs époques, distantes précisément de 33 années se déroulent devant nos yeux avec des personnages qui peuvent, par l’intermédiaire d’un passage dans une grotte, aller et venir dans différentes périodes de l’histoire.

Dark s’inscrit dans un schéma où, dès le générique, grâce à un jeu d’images en symétrie, on comprend que le temps, mais aussi les mondes parallèles, font partie d’un tout complexe dans une petite ville mystérieuse. Oui, petite ville mystérieuse pour nous Français, mais pas pour les Allemands. Widen, nom imaginaire, est très inspiré de la ville de Winden im Elztal, ville complétement entourée par la forêt noire, un site naturel à l’origine de très nombreuses légendes du folklore allemand mais surtout réputé pour être l’un des plus hantés au monde.

Ajoutons à cette ville, la triquetra, le légendaire symbole de trois cercles emmêlés et qui représente ici trois époques ou trois dimensions. D’ailleurs le chiffre trois est presque partout dans la série, à commencer par le nombre de ses saisons. Et pour parfaire le tout, on plante une grosse centrale nucléaire inquiétante et une grotte assez lugubre qui passe sous la centrale. Et vous avez alors tous les ingrédients pour l’une des histoires les plus angoissantes de la plateforme

L’action débute en 2019, par un meurtre d’enfant défiguré et la disparition d’un autre. Tout comme il y a 33 ans. Rapidement, nous comprenons que l’histoire est aux antipodes de la simplicité. Il faudra aussi passer outre la barrière des noms germaniques, pour arriver à suivre correctement les liens qui se tissent devant nous et l’arbre généalogique multicouche qui se dessine au fur et à mesure que l’on avance dans le récit.

Saison 3
Cette saison 03 nous apporte toutes les réponses aux questions soulevées à la fin de la précédente saison. Mais aussi sur toute l’histoire dans son ensemble, avec une vraie conclusion forte et bien construite. Les personnages de Jonas et Martha vont être au cœur de cette fin et heureusement rien de trop mystique n’est vraiment en jeu. Même s’ils se font tous les deux appeler Adam et Eva et que sur la porte, dans la grotte, sont gravées les inscriptions « Sic Mundus Creatus Est », c’est à dire : « Ainsi le monde fut créé ». Je rappellerai aussi que 33 ans, c’est parait-il l’âge du Christ …

Derrière la caméra
L’interprétation générale de Dark est très convaincante et les mêmes personnages, à trois âges différents, sont aisément reconnaissables. Si la réalisation et les effets numériques ne souffrent d’aucune imperfection, voire même, sont supérieurs à certains films, il n’en est pas de même pour le montage. Je vais encore m’époumoner en disant qu’il y a des longueurs inutiles, mais sincèrement c’est pas très dynamique ! Je note tout de même un travail assez riche sur les couleurs, sur la lumière, mais aussi sur les décors et sur les images symboliques. Mais quel dommage de ne pas donner un peu plus de rythme à un récit de cette qualité …

Et le musique orchestrale ? Elle est très moyenne, on dirait de la musique électronique expérimentale. Oui, elle doit être angoissante, oui, elle doit être lugubre et sombre, c’est dans le titre, merci … mais Wagner, ils ne connaissent pas en Allemagne ? Le classique est vraiment devenu ringard à ce point ? Heureusement que les années 80 apportent leurs lots de musiques populaires. Du coup relativement peu connu pour les français que nous sommes, à l’exception de quelques artistes internationaux, cela apporte tout de même une certaine fraicheur et légèreté dans cette noirceur ambiante. Mais surtout cela nous change de nos stéréotypes américains habituels, et ça fait du bien.

Le créateur et scénariste de la série, Baran bo Odar, sort de l’ombre de son pays avec cette série Netflix, parfaitement hors norme, qu’il a su mener à son terme comme un véritable chef d’orchestre. Cette réussite devrait aussi lui ouvrir de nombreuses portes, à commencer par celles de Netflix elles-mêmes, qui va très certainement lui offrir sur un plateau, toutes les enveloppes budgétaires qu’il demandera. Un homme à suivre …

On zappe ou on matte ?
Si vous ne devez regarder qu’une seule série de science-fiction, vous devez choisir Dark. Il s’agit d’une réussite presque totale, mais aussi d’un succès commercial incroyable. En 2019, lors de la sortie de sa S02, Dark était devenue la série la plus populaire au monde, devançant ainsi la très regardée Tchernobyl. Et cette S03 réalisera très certainement d’autres exploits. Alors suivez mon conseil et foncez regarder les huit épisodes de cette troisième et dernière saison de Dark.