Bon, pas besoin de disserter sur plusieurs pages sur les défauts du récit, n'importe qui d'à peu près normal aura au moins repéré une incohérence des personnages, une invraisemblance des situations ou tout simplement la lourdeur incroyable de certains dialogues. Pour ma part, ma mention spéciale va à l'ordinateur portable qui reste allumé sans se mettre en veille pendant une bonne demi-heure pour permettre au héros de faire sa magouille (je n'en dis pas plus). Vous savez, c'est le genre de série où un personnage explique à un autre ce que ce dernier vient de faire pour être sûr que le spectateur, lui, a bien compris.
Non, ce qui me semble important c'est le caractère social que certains semblent lui trouver, même pour dire que c'est maladroit. En gros, il faut séparer la forme du fond : c'est mal dit mais c'est vrai.
Il me semble au contraire que le caractère grossier du thriller ne peut que produire un discours grossier sur le monde social. La mécanique du récit s'attache à enchaîner des événements qui, par leur caractère extraordinaire (voire carrément invraisemblable), ne peuvent rien dire en terme de critique sociale car ils constituent de toute évidence une exception et non la règle. Même quand Ken Loach abuse un peu de la surenchère dramatique, il reste dans le plausible et sa charge contre le système demeure valide. Je pense que les films/séries les plus vicieux en terme de critique sociale sont ceux qui laissent justement passer des choses via l'anodin, le normal. Là qu'est ce qui nous reste comme discours ? Un vague "Ouais en haut c'est magouille et compagnie" qui vient flatter une sorte de méfiance spontanée enfouie dans nos cerveaux reptiliens contre les puissants, qui relève du "bon sens" et qui ne mange pas de pain politiquement.
Sinon ça se regarde, la réalisation est plutôt honnête, surtout pendant l'épisode 3, assez réussi en terme de tension grâce à ça, et aussi au fait qu'on y prend un plaisir coupable à voir des hauts cadres du CAC 40 se faire un peu malmener. Les méchants sont tous habillés en noir, c'est pratique pour nous, et les deux méchants dans la prison semblent venir direct d'un film de Lynch mais pas sûr que ça soit volontaire.
PS : il est temps d'envisager sérieusement une loi qui interdit au méchant de dire au gentil pendant la scène finale : "Tu sais qu'au fond on est pareil toi et moi ?" Ces heures sombres du dialogue n'ont que trop duré. Même les films pour enfants ne méritent plus ça. Alors que font les autorités ? A quoi est occupé le gouvernement en ce moment je me le demande !!