6,25/10
Avec Désenchantée, Matt Groening propose quelque chose d’étonnamment premier degré dans le second degré. Alors qu’on pouvait en attendre la finesse et la causticité qui en auraient fait l’héritière spirituelle la plus contemporaine des Simpson et de Futurama, comme une réponse de leur génial créateur au succès de Rick and Morty et au regain récent d'intérêt pour les séries d'animation résolument pas pour les enfants (Bojack Horseman, Archer, voire Big Mouth, F is for Family, Paradise Police*...), on se retrouve finalement face à quelque chose de de singulièrement plan-plan (dans les personnages, les scénarios, le second degré, la mise en scène), à l’humour presque désuet, puisqu’à l’époque des couches et des surcouches d’humour, de satire et d’auto-parodie, Désenchantée se contente essentiellement de détourner les codes de l’heroic fantasy, avec un ton presque bien-pensant quand on est habitués (et de la part de Groening lui-même) à tellement pire.
Bien sûr, l’écart entre les attentes et la réalité n’est pas une faute que l’on peut imputer à la série, mais au seul spectateur qui en attendait à tort autre chose. Désenchantée m’apparaît alors comme une très correcte introduction à la « série d’animation pour « adultes » » pour les générations que la jeunesse aurait empêché de se familiariser avec les South Park, Simpson, Rick and Morty et autres Futurama, ou qui n’oseraient pas encore franchir le pas de séries aux saisons interminables et/ou à la vulgarité connue et/ou dont le degré de référentialité/d’autoréférentialité pourrait sembler insurmontable. À ceux-là, Désenchantée offrira la quantité désirée d’intrigues innocemment mauvais enfant, et d’humour noir tout à fait charmant.