Dorohedoro
7.6
Dorohedoro

Anime (mangas) Tokyo MX (2020)

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En tant que consommateur régulier d’animes, j’estime avoir une certaine sensibilité pour les oeuvres plus intellectuelles, celles cherchant à partager un message ou qui vont au moins au-delà du simple visuel aguicheur. Mais parfois, il apparaît une série, aux prémices grossières et à la violence gratuite, pour laquelle l’attraction est immédiate. C’était le cas jadis pour Hellsing et en 2020 la récompense douteuse revient à Dorohedoro.


Difficile de décrire cet anime autrement que comme un cirque macabre, où magiciens et bêtes de foire se produisent dans une danse d’hémoglobine aussi spectaculaire que burlesque. L’univers de Dorohedoro se compose de deux mondes : celui des sorciers, où vit une société assez prospère mais impitoyable, et celui des humains, un ghetto dévasté dont les habitants sont les proies d’expérimentations magiques. Caïman, l’une de ces victimes transformées en monstre, a perdu la mémoire et se lance dans une quête sanglante, avec l’aide de sa partenaire Nikaido, afin de retrouver sa véritable identité et comprendre l’énigme entourant sa malédiction.


L’histoire proposée est en apparence fort simple mais en réalité, c’est une toile complexe qui va se dessiner durant ces 12 épisodes, une toile complexe et un peu déboussolante. En effet, le scénario ne se fixe pas de direction claire et l’auteure du manga, Hayashida, aime ajouter constamment de nouvelles idées dans son oeuvre et partir dans tous les sens, ce qui se traduit par une succession de sous-intrigues dont on a du mal à comprendre l’intérêt. Cependant, après un début de série un peu confus, Dorohedoro se révèle être un récit au mystère bien pensé et préparé sur la longue durée. Les nombreux éléments du monde des sorciers balancés d’abord sans trop de considération finissent par se connecter entre-eux, ce qui donne une oeuvre de plus en plus prenante au fil des épisodes. Dorohedoro est un labyrinthe chaotique qui nous laisse entrevoir des issues tout en ajoutant de nouvelles couches de mur pour nous maintenir en haleine. La formule n’est pas très élégante je dois dire mais elle nous offre suffisamment de réponses pour maintenir l’intérêt. De plus, l’addition constante de nouvelles idées, extravagantes mais créatives, à son univers finit par lui donner un charme particulier auquel je ne suis pas resté insensible. J’ai donc été plutôt conquis par la narration de Dorohedoro et mon seul gros reproche pour cette saison est l’usage abusif d’interruptions avant des révélations.


Un autre point positif concernant l’écriture est sa touche humoristique. N’ayant rien lu au sujet de l’anime avant de l’entamer, j’ai été surpris par son comique qui exploite astucieusement l’absurdité de nombreuses scènes ainsi que son gore pour donner un humour noir drôle. Sans lui, il est clair que Dorohedoro tomberait dans un cafard et une cruauté difficilement supportable.


La violence est un thème majeur de Dorohedoro. Les monstres et autres coupe-jarrets abondent dans cet univers et malgré la présence de magie, la mangaka aime le viscéral primaire, les moments de chairs tranchées et de têtes découpées. Les protagonistes Caïman et Nikaidou participent pleinement à l’abondance du gore et sont souvent aussi psychopathes que leurs ennemis. Heureusement, la série ne se prend jamais suffisamment au sérieux pour que cela soit un problème. Les antagonistes d’ailleurs, ne le sont que de nom et il tout aussi agréable de suivre leur point de vue que celui des héros principaux.


En tant qu’adaptation, le travail du studio MAPPA m’a semblé bon hormis une vitesse TGV traversant parfois trop rapidement certains chapitres du manga. Le point qui fera le plus parler de lui est l’utilisation de CGI pour les personnages récurrents. Même si la qualité n’est pas exceptionnelle, c’est plutôt bien intégré dans l’ensemble, juste peu criard pour les séquences d’action, et nous sommes loin des productions 3D de début de décennie. Si la 3D n’est pas à lister comme qualité, c’est bien le cas des décors et arrières-plans très réussis. Somme toute, l’anime Dorohedoro fait honneur à l’oeuvre originale.


Nous arrivons à la conclusion et comme bien souvent, je me dois de dispenser ma litanie habituelle concernant les adaptations d’une saison. Oui, Dorohedoro est un anime qui se termine sans aucune nuance de définitif, rendant l’expérience incomplète et même frustrante dans ce cas-ci. Malgré ce facteur aggravant, Dorohedoro a été pour moi la bonne combinaison au bon moment : une série équilibrée entre violence et humour, avec un monde mystérieux qui m’a rapidement happé et m’ordonne maintenant d’attendre patiemment une éventuelle suite.

Skidda
8
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Créée

le 26 déc. 2020

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Skidda

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