Downton Abbey
7.6
Downton Abbey

Série ITV (2010)

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Saison 1 (7/10) :


J'avoue qu'un bon moment, cette série ne me disait trop rien. Les problèmes de riches de l'aristocratie anglaise dans les années 10, mouais... Et durant le premier épisode, cette impression s'est confirmée. C'est propre, soigné et extrêmement agréable à l'œil, mais mon manque d'intérêt pour de nombreux personnages s'est confirmé et ne serait-ce que l'idée de terminer cette première saison ne m'enchantait qu'à moitié. Et puis, lentement mais sûrement, tout ce petit monde a commencé à s'animer devant moi, et j'ai fini par être enchanté, que ce soit par l'infinie délicatesse des dialogues que par le soin apporté à chaque protagoniste, le tout sans le moindre manichéisme, les récits concernant la famille et ceux touchant le personnel de service s'équilibrant harmonieusement, accompagné d'une musique délicieuse et surtout d'un casting absolument impérial, série anglaise oblige... Bref, plus le temps avançait et plus j'étais happé par une histoire que je n'aurais jamais imaginé aussi prenante : une vraie belle surprise.


Saison 2 (8/10) :


Peut-être un cran supérieur à la première saison, ce second volet nous plongeant au cœur de la Première Guerre mondiale s'avère riche en événements tout en développant avec toujours autant de finesse et de psychologie les différents personnages, affinant les traits de caractère de chacun pour les rendre aussi imparfaits et (parfois) contradictoires qu'attachants. C'est que la guerre est inévitablement l'occasion de révéler le courage et les peurs de chacun, le tout avec une délicatesse d'écriture et un sens du classicisme tellement élégant et maîtrisé jusqu'au bout des doigts qu'on est régulièrement touché, voire vraiment ému à plusieurs reprises, à l'image de ce magnifique personnage qu'est Lady Sybil, sans parler d'un casting toujours aussi royal... Non, vraiment, il n'y a rien à jeter dans cette deuxième saison de haute volée, aussi riche historiquement qu'humainement : réussite totale.


Saison 3 (7/10) :


Une note peut-être un peu sévère, mais qui témoigne surtout d'une légère baisse de régime après deux premières saisons de haute volée. Certaines intrigues et sous-intrigues deviennent moins passionnantes, voire franchement poussives pour certaines, et on sent que les créateurs commencent à avoir un peu de mal pour tirer le meilleur d'un récit jusque-là aussi dense que riche.


Ne soyons toutefois pas trop durs : cela reste une merveille d'écriture et on prend toujours un réel plaisir à se mouvoir dans cet univers toujours aussi élégant et raffiné, l'amour qu'a Julian Fellowes pour chacun de ses personnages transpirant à chaque instant, les apparitions de Shirley MacLaine s'avérant particulièrement mémorables, tout comme ses réjouissantes joutes verbales avec Maggie Smith, sans oublier un épisode final exemplaire permettant de conclure la saison en beauté...


Surtout, ce troisième volet marque un tournant (très) important avec la disparition de deux personnages essentiels (et très attachants), je n'en dirais évidemment pas plus. Au final, et malgré un léger sentiment de facilité, « Downton Abbey » n'en reste pas moins addictive et ô combien plaisante : appréciable, forcément.


Saison 4 (6/10) :


Les saisons de « Downton Abbey » se suivent et continuent de baisser d'un petit cran à chaque fois. Les intrigues amoureuses de Lady Mary, les petites histoires par-ci par-là notamment du côté des domestiques... Ce quatrième volet manque quelque peu d'envergure, voire d'ambition concernant ce qu'il a à raconter. Après, loin de moi l'intention de cracher dans la soupe, car même une saison mineure des aventures de la famille Grantham reste très fréquentable.


Propre, soigné, élégant, avec toujours quelques jolis mouvements de caméra et un charme sachant réellement opérer par moment : la « english touch » continue de fonctionner un minimum, le casting toujours royal et l'humour vachard de Maggie Smith faisant évidemment son effet pour notre plus grand plaisir. Notons enfin un épisode final sympathique mais nettement moins inspiré que celui de la troisième saison... « L'âge d'or » de la série semble clairement derrière elle, ce qui n'empêche pas de passer un moment agréable aux côtés de personnages familiers et souvent attachants : après tout, ça n'est pas si mal.


Saison 5 (6/10) :


Je pourrais quasiment faire un copier-coller de ma critique concernant la saison 4 tant cette dernière m'a pratiquement fait la même impression. À savoir que si "Downton Abbey" demeure une série agréable, peuplée de personnages que l'on a appris à aimer, bien menée, bien photographiée, (très) bien jouée, il faut reconnaître que les intrigues n'ont clairement plus la saveur des débuts, certaines paraissant totalement anecdotiques voire uniquement dans une logique de "remplissage". Ce mal est d'ailleurs un peu généralisé, aucune histoire ne parvenant réellement à susciter la passion ici.


Reste qu'une fois encore, Julian Fellowes est suffisamment habile et élégant pour que cet avant-dernier volet garde un réel charme, le soin porté à l'écriture et à la manière dont est développée le récit évitant joliment l'ennui, d'autant qu'il n'est vraiment pas interdit d'être réjoui à plusieurs reprises par quelques scènes aux petits oignons... Bref, cela se termine doucement, mais n'empêche pas de prendre un minimum de plaisir pendant près de neuf heures : je regarderai (évidemment) la conclusion de cette série ayant su créer un engouement comme peu y étaient parvenues avant elle.


Saison 6 (6/10) :


Cela faisait un moment que « Downton Abbey » n'était plus à la hauteur de ces deux, éventuellement trois première saisons, et c'est malheureusement en toute logique que ce dernier volet n'échappe pas à cette impression. Intrigue globale moins intéressante, sous-intrigues moins intéressantes, personnages que l'on connaît par cœur évoluant peu donc également moins intéressants, surtout qu'on se passerait vraiment bien de certains (Denker, pitié!!). Mais bon, cela reste « Downton Abbey », avec ce qu'il faut d'élégance, d'esprit et d'intelligence pour que la sauce continue à prendre un minimum, à l'image d'une écriture oscillant souvent entre malice et émotions.


C'est qu'on les connaît par cœur, tous ces protagonistes brillamment interprétés, et même s'ils nous captivent moins, on y reste un minimum attaché. De plus, cette ouverture sur le « nouveau monde », cette lucidité, voire cette « fatalité » que doivent avoir chacun a quelque chose de presque touchant, avec en prime l'une des scènes les plus marquantes de toute la saga


(presque sans conséquences toutefois) : l'attaque « sanglante » et franchement inattendue du Comte en plein repas officiel.


Il était toutefois temps que ça s'arrête, surtout lorsqu'on découvre


ce dénouement débordant d'optimisme béat voulant manifestement offrir aux spectateurs un « happy end » (très) appuyé.


Toutes les bonnes choses ont une fin, surtout lorsqu'elles ont perdu de leur saveur il y déjà quelques temps.


Critique globale (7/10) :


Deux saisons excellemment notées, les quatre suivantes plus ou moins très correctement : il faut bien respecter une logique, et ce même si la troisième avait vraiment frôlé l'excellence. « Downton Abbey » est et restera une série que j'apprécie, ses qualités étant nombreuses du début à la fin : l'élégance, la subtilité, l'esprit, le talent de Julian Fellowes à l'écriture y étant également pour beaucoup. On peut ne pas être (du tout) en phase avec ce milieu (qui peut encore l'être, d'ailleurs??), cette belle reconstitution, ce défilé de costumes, ces personnages ayant tous un rôle important à jouer, ce regard vif et habile mettant en parallèle sans les opposer aristocrates et domestiques...


La saga aura réussi à s'imposer dans l'imaginaire collectif pour de nombreuses raisons, et ça n'est certainement pas les prestations presque toutes remarquables des différents comédiens qui viendront me contredire. Cela écrit, après deux volets de haute tenue (le second se déroulant durant la Première Guerre mondiale est notamment une grande réussite), la suite ne retrouve jamais l'éclat de ces débuts en fanfare, notre implication baissant même assez nettement à partir de la quatrième saison, tant on a l'impression que l'essentiel a été dit, fait. Fellowes ne parviendra plus à l'excellence de départ, intrigues et sous-intrigues apparaissant très souvent plus limitées dans leur intérêt, notamment dans l'avant-dernier volet.


Pour ces raisons, je suis forcément un peu mitigé. D'un côté cette série m'a procuré du plaisir (plus ou moins) jusqu'au bout, tous ses protagonistes sont vraiment de belle facture, il y a pleins de moments forts, les enjeux ne manquent pas, mais je ne peux m'empêcher de constater que la « splendeur » de « Downton Abbey » n'aura, dans le meilleur des cas, duré que la moitié du temps. Reste (quand même!) une entreprise que l'on aura suivi sans mal jusqu'au bout et qui demeurera comme l'une des œuvres télévisées phares des 2010's.

Créée

le 5 mai 2018

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2 j'aime

Caine78

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