Downton Abbey est un vrai régal.
Je me suis fait happé par cette série ! Cette saga qui s'étale de 1912 à 1926 illustre un virage de l'histoire britannique.
La transition d'un monde vers un autre. Il ne s'agit pas d'une série historique car les lieux et personnages sont fictifs (à quelques exception près, comme l'apparition de Lord Chamberlain), ni d'une uchronie car l'histoire s'insère dans la réalité de l'époque, et ça, c'est bien.
On voit, au fil du temps, évoluer la mode féminine, les véhicules automobiles, les nouveautés technologiques (épisode croustillant sur l'arrivée du 'wireless'...), les mentalités aussi, même si la gentille famille Grantham a régulièrement des sursauts conservateurs qui s'apparentent plus à des combats d'arrière garde qu'autre chose.
Un grand nombre de sujets d'époque sont couverts, mais de manière concise; l'homosexualité (dont on sait à quel point elle fût problématique en Grande Bretagne), la promotion sociale, la maternité hors mariage, et plein d'autres.
Les décors sont somptueux, les costumes également, la photo est souvent sublime et la mise en scène avec la minutie des entrées et sorties relève parfois de l'horlogerie.
La distribution est formidable, avec une mention toute particulière pour Maggie Smith dont le personnage est d'une finesse magnifique et dont l'humour à l'acide sulfurique m'a fait éclater de rire plus d'une fois. Les personnages, bien qu'assez marqués, sont tous sans exception plus complexes qu'ils n'y paraissent.
Comme souvent, il est absolument indispensable de voir cette série en Version Originale. Il s'agit du meilleur cours d'anglais qui puisse exister. La langue est somptueuse, les expressions jouissives, et les sorties corrosives de la comtesse, un pur régal. Il m'a semblé toutefois qu'il y avait quelques anachronismes, mais bon...
Mais assez pour les éloges.
Il y a aussi dans cette série des biais et défauts qui font qu'il est heureux que la série ne compte que six saisons.
La typologie marquée de certains personnages finit par lasser.
Que, par exemple, dire de Thomas, dont on comprend qu'il est tourmenté, qui oscille en permanence entre la perfidie la plus abjecte et le repentir douloureux, une fois, deux fois, trois fois... on finit par se lasser.
L'équilibrage des pouvoirs entre les 'upstairs' et 'downstairs' évolue de telle sorte qu'il finit par devenir de moins en moins crédible.
Il semblerait, à partir de la saison 5, qu'une des préoccupations principale du comte et de sa petite famille est le bien être de son petit personnel. Lady Mary, qui doit gérer le domaine et qui, bien que complexe, n'est pas un modèle d'altruisme, qui se déplace à plusieurs reprises à Londres, parfois en urgence absolue, pour éviter à Anna une fausse couche... sérieux ???
Il n'y a pas de vrais méchants parmi les protagonistes de cette série, tous un moment ou un autre ont leur démon qui surgit, mais très vite, explication est donnée et tou rentre dans l'ordre, il y en a pourtant quelques uns mais ils sont relégués au second plan, ou disparaissent assez vite.
La saison six m'a toutefois conduit à prendre quelques distances avec ce petit monde. Le monde impitoyable des Grantham et consorts devient un peu bisounours, c'est tout juste si on ne bascule pas dans du Disney ancienne formule. Embrassons nous Folleville, chacun trouve sa chacune, alleluya... Si ce n'est pas du happy-ending (pas celui des salons de massages de Bangkok....), je n'y connais rien. C'est meugnon, mais un peu nunuche.
Malgré ces réserves, Downton Abbey est pour moi, une des meilleures séries qu'il m'ait été donné de voir. En volià une au moins qui n'aura pas été formattée par Netflix. Enfin, en Europe, car aux Etats Unis, la série a été montée différemment, polie et formatée comme un documentaire historique avec présentation didactique au début de chaque épisode, pour que le red-neck moyen puisse s'y retrouver...
A voir, sans doute, mais de grâce... en VO !