Downton Abbey
7.6
Downton Abbey

Série ITV (2010)

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Je dois dire que je suis assez déçu de cette série. J'y retrouve ce que je déteste habituellement dans ce format. Heureusement, il reste des qualités indéniables.


SAISON 1 : 5/10
SAISON 2 : 6/10
Spécial Noël 2011 : 6/10
SAISON 3 : 6/10
Spécial Noël 2012 : 4/10


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SAISON 1 : Loft Story (5/10)


La mise en scène est assez soignée. De jolis plans bien classiques, un découpage qui fonctionne bien, rythmé comme il faut, des acteurs au top, une reconstitution minutieuse et en plus il n'y a que 7 épisodes pour cette première saison, un bonheur pour moi qui déteste quand c'est trop long.


Hélas c'est la narration qui m'a fortement déplu. Les intrigues sont trop mélodramatiques, on exagère des situations peu intéressantes comme s'il s'agissait de l'évènement du siècle (en soi c'est comme ça qu'il faut faire) mais avec la terrible déception que cela n'a pratiquement aucune conséquence. Tous ces petits complots ne donnent pas vraiment l'impression d'un changement radical, d'où l'impression de superficialité. Une impression renforcée par le fait que les conflits ne sont jamais que des ragots. De simples ragots. À chaque épisode le méchant valet et la servante vont fomenter un sale coup ou dire du mal d'un autre personnage. Sauf que les sales coups sont bien minimes (accuser un collègue de vol ou d'être ivrogne), que c'est sans conséquence (ça rate toujours) et qu'en plus la principale victime, M. Bates, ne fait rien pour arranger les choses (limite s'il ne tend pas l'autre joue).


Tout cela m'a rappelé des émissions de télé réalité telles que "Secret Story" ou "Loft Story" ; ces émissions nous montrent principalement des gens riches s'affairer à des choses d'une inutilité consternante et à se critiquer l'un l'autre à longueur de journée, n'hésitant pas à se faire des sales coups pour gagner ; c'est le bas du spectacle télévisuel. "Downton Abbey" m'a semblé être un ersatz qui assume plus franchement sa trame fictive (je ne pense pas que les aventures de "Loft Story" soient réelles, mais plutôt scénarisées) ; évidemment il y a plus d'effort pour amener un show rythmé, la mise en scène est nettement plus soignée et les acteurs sont incomparables, mais au final, il ne s'agit jamais que de voir des gens faire leur potin.


Quant à la psychologie, c'est comme souvent dans une série, un approfondissement larmoyant. On apprend que l'un fut un ivrogne et voleur, qu'une autre devient aveugle... Tout un drame pour rendre le personnage attachant par son background et non par les faits. Les faits il n'y en a d'ailleurs pratiquement pas puisqu'à la fin de la journée/de l'épisode on a l'impression que tout est resté pareil, et chaque nouvelle journée/nouvel épisode n'est qu'un recommencement de ce qui a été présenté précédemment. D'ailleurs, autre déception, l'on constate que les petits problèmes au niveau des servants n'ont pas de réelle conséquence chez les maîtres. Évidemment, le scénario indique que c'est parce qu'ils sont bons. Moi je dis que c'est un peu facile. La preuve en est que le lord est constamment dérangé par un des serviteurs pour se plaindre d'un autre... ce qui ne fait pas très sérieux.


Enfin, j'ajouterai le ridicule de la scène de bain du dernier épisode. Un moment finalement assez embarrassant au niveau de la dramaturgie ; comment prendre cette scène au sérieux ?


Comme j'ai les trois saisons, je vais tout de même regarder le reste, mais ce n'est pas de gaieté de cœur.


Bref, "Downton Abbey" ne vole pas très haut, ne propose pas d'enjeux très croustillant, et s'il n'y avait pas une réalisation soignée, je serais tenté de dire qu'il ne s'agit là que d'un "Loft Story" en costume d'époque.


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SAISON 2 : Party Down (6/10)


J'ai bien failli arrondir ma note globale à 6/10 vu que la saison 2 est meilleure que la 1, mais les deux derniers épisodes m'ont un peu moins emballé.


Ce qu'il y a de bon dans cette nouvelle saison, c'est qu'il se passe enfin quelque chose, du moins on en a l'impression et ce grâce à l'incursion de la grande guerre dans la trame. Cela permet d'ajouter un peu d'évènementiel autre que les potins habituels. Il y a toujours ces relations absurdes entre maîtres anormalement gentils et serviteurs tout aussi sympas à l'exception de l'un ou de l'autre. Quand un personnage devient méchant, c'est pour une bonne raison. Tout est trop lisse à mon goût. D'où, une fois de plus, l'horreur de la guerre pour contraster efficacement et donner un peu plus de corps à l'histoire. Cette guerre, toujours, permet même de métaphoriser les conflits superficiels au sein de Downton Abbey. C'est dire si cela marque. Et puis ça permet d'enfin faire bouger les choses (un mariage bref, mais qui a au moins le mérite d'offrir du spectacle).


Le côté mélodramatique est toujours présent, avec des intrigues amoureuses assez pénibles (le couple avec Bates est franchement agaçant de redondance), mais d'autres personnages arrivent avec leurs conflits internes plus intéressants. Par exemple, que dire de ce cousin que personne ne reconnaît. J'ai trouvé cette histoire bien plus touchante que tout le reste...


Côté mise en scène, c'est toujours aussi léché et bien interprété. Il n'y a rien à redire là dessus. Ça fait même plaisir de voir que des gens sont encore capable de réaliser quelque chose aussi posément pour la télévision, que tout le monde ne cherche pas systématiquement à amener des effets de style.


Je dois dire que je suis content du succès de cette série, même si je ne participe pas moi-même à cet engouement. La raison est que Downton Abbey est construit sur des dialogues principalement, que l'action et les conflits y sont rare. J'ai beau trouver le traitement pauvre (la première saison fait vraiment penser à du Loft Story), c'est tout de même encourageant de constater que le public ne cède pas uniquement pour des séries à artifices comme "Lost", "Persons unknown" et Cie.


Bref, Downton Abbey souffre toujours de la superficialité de son propos là où ça aurait pu être plus profond que de simples amourettes ou autres complots fomentés pour cause de jalousie, mais la saison 2 permet tout de même d'atteindre un instant de gravité grâce au parallèle dressé avec la guerre. Comme quoi il est toujours bon de persévérer en regardant une série jusqu'au bout.


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SPÉCIAL NOËL 2011 : Love Actually (6/10)


Je situe la qualité de cet épisode quelque part entre la première et la deuxième saison. Sans jamais être génial, le niveau des enjeux est un peu plus relevé, assez du moins pour passer un moment pas trop désagréable. Je garde tout de même mes réserves par rapport à cet épisode spécial : je trouve que c'est un peu mou, que les personnages ne sont pas très intéressants, que tout cela n'a pas tellement d'intérêt alors que l'univers ne manque pas d'intérêt à la base. Disons que je trouve le tout un peu trop superficiel et trop mélodramatique pour véritablement marquer.


La mise en scène est toujours aussi classique, ce qui est plutôt appréciable pour moi qui supporte difficilement les effets de style avec une caméra survoltée. Les acteurs sont toujours bons, mais leurs personnages n'évoluent pas vraiment et on se lasse un peu de tout ça. En même temps, chercher à faire évoluer tout le monde serait une très mauvaise idée dramaturgique, disons alors qu'il faudrait approfondir les personnages ou bien les réinventer en les plaçant dans des situations inédites (c'était un peu le cas de ce personnage exécrable bombardé sergent aux commandes du château dans la saison 2, mais cela n'a été que pauvrement exploité).


Bref, un petit divertissement mou mais pas dénué d'intérêt.


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SAISON 3 : Les feux de l'amour (6/10)


Allez, je me décide à arrondir ma note à 6/10 parce que cette 3ème saison m'a satisfait sur la longueur. Pourtant c'était pas gagné. Les auteurs reviennent avec des petits complots minables dont l'issue ne change jamais (retour à la normale) ce qui donne une impression que tout cela est vain... Toujours comme dans les télé réalités. Des personnages partent, d'autres arrivent, on recommence. Puis il y a ces 3 derniers épisodes qui m'ont semblé plus intéressants : enfin il se passe quelque chose, enfin des objectifs intéressants. L'histoire du pauvre Thomas m'a semblé touchante, le reste par contre c'est toujours chiant. Surtout que les auteurs s'amusent à faire non pas des triangle amoureux mais plutôt des pentagones... Super ! La fin m'a tout de même déçu puisque ça finit trop gentiment, presque comme si de rien n'était. On a donc là presque un retour à la normale facile...


Je ne trouve pas cet univers cohérent. Je ne parle pas de la reconstitution, des petites anecdotes sociologiques, mais plutôt la façon dont les personnages se côtoient, se supportent, se font des coups bas sans trop broncher. Même l'épisode en prison est mou parce que ça consiste juste à être mesquin... Le pire c'est de voir que les serviteurs viennent s'épancher auprès du compte qui prend plaisir à aider ses servants... Je ne sais pas mais j'ai du mal à m'imaginer qu'un maître puisse tolérer que des serviteurs se chamaillent tout en servant les plats...


Ce qui est bizarre, c'est que c'est certainement quelque chose qui peut arriver en vrai. Mais là, nous sommes dans une fiction. Il y a un minimum de règles à suivre. Prenons en exemple cette histoire : une femme décharge des paquets de sa voiture. Son enfant joue par terre et va se glisser sous la voiture. La mère s'aperçoit que les freins sont mal serrés et que le bébé risque de mourir. Grâce à un rush d'adrénaline, elle parvient à soulever la voiture et à dégager le gosse. C'est un évènement réel auquel on n'a pas trop d'autre choix que d'y croire. Adapter cette histoire à la télé serait téméraire. Ce rush d'adrénaline serait perçu comme un deus ex machina peu crédible. C'est comme ça. La réalité ne peut être balancée telle quelle en narration, elle doit passer par les filtres de la fiction. La cohérence ne dépend plus de la loi de la physique mais simplement des lois instaurées dans l'univers du film. Pour que le coup de l'adrénaline fonctionne, il faut faire comprendre que c'est possible avant ce climax. Que c'est quelque chose qui est courant. Hulk par exemple ! Il a subit une mutation génétique qui le rend surpuissant en colère.


Côté mise en scène, c'est toujours classique, posé. C'est beau en un sens. Et les acteurs sont toujours très bons. Les méchants sont bien méchants, ils ont la tête à claque qui va avec ; les nanas sont pour la plupart mignonnes, sauf les méchantes (si ça c'est pas du manichéisme haha).


Non vraiment, pour moi, le problème de la série c'est que rien ne se passe, les troubles sont superficiels et à la fin de la journée tout rentre toujours dans l'ordre comme dans 'La petite maison dans la prairie".


Bref, Downton Abbey est loin d 'être une série qui me plaît mais on ne s'ennuie pas grâce à une bonne dose d'humour et à ces quelques derniers épisodes satisfaisants.


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SPÉCIAL NOËL 2012 : Une histoire sans fin (4/10)


Je me dois de revenir en arrière. Je n'aime pas Downton Abbey mais j'ai toujours pensé qu'il y avait de la qualité à revendre. Puis les derniers épisodes de la saison 3 m'ont plu malgré une conclusion facile, rendant vain les précédents conflits.


Le problème de cette série c'est qu'il ne se passe rien, que les obstacles sont proches du zéro. Les personnages éprouvent bien des difficultés au jour le jour, que ce soit la noblesse face à leurs comptes, ou bien les serviteurs et leur rivalité, mais au bout du compte, en fin de journée, quand tout est fini, ce n'est plus si grave. Ce sont les aléas de la vie.


Thomas est le personnage qui m'exacerbait le plus dans la saison 1 avec ses petites combines minables : un méchant ? Plutôt un clown ! Et finalement, dès la saison 2, le personnage a fini par se montrer un peu plus intéressant. Non pas dans ces moments où il est méchant, mais plutôt ceux où il vit simplement sa quête de reconnaissance. Un personnage meurtri. Je ne suis pas en train de prôner l'anti-manichéisme. Je trouve même que la mode de vouloir toujours se refuser au manichéisme est d'une bêtise affligeante conduisant le plus souvent les personnages à des déviances aussi prévisibles que le manichéisme. L'intérêt de Thomas ne vient donc pas du fait qu'il se révèle gentil alors qu'il est méchant, mais plutôt du fait qu'il semble lui réellement connaître des obstacles compliqués à résoudre. La saison 3 affirme cette tendance en fin de saison. Cet épisode de Noël aussi. Il est pour moi le seul intérêt de cet épisode spécial.


Car pour le reste, il ne se passe rien, une fois de plus. Les personnages complotent comme ils peuvent ou sont tout simplement heureux. Le couple de M. et Mme Bates est certainement l'un des plus ennuyant de l'histoire de la télévision. On se demande même pourquoi ils sont toujours dans cette série.


Le plus révoltant est certainement la manière dont les scénaristes installent le drama : en sacrifiant des personnages. Il est certain qu'à chaque fois qu'un personnage meurt, l'audience monte. Mais c'est tellement facile. Ainsi, l'épisode de Noël offre une surprise de ce genre pour conclure. C'est d'autant plus ridicule qu'on sait que cela n'affectera la famille que pendant un ou deux épisodes de la saison suivante et puis on l'oubliera, comme on a oublié tous les autres personnages auparavant. Cela fascine en fait. Comment peut-on pondre des situations impossibles et puis faire comme si de rien n'était. Ainsi, Thomas était en mauvais terme avec cet homme qu'il aime, on les retrouve ici copain copine en fin d'épisode... Ce n'est pas crédible. Il n'y a pas de logique à part celle de faire sensation.


Bref, si la mise en scène est toujours aussi soignée, le scénario m'a déçu une fois de trop. Ce retour à la normale, cette façon de créer du drama juste en tuant un personnage, cet abandon des vrais conflits ont eu raison de ma patience, et ma conclusion finale est que la série n'est pas si bonne (d'où mon retour à une note négative). Je ne poursuivrai pas la saison 4 à venir. Libre, j'espère (re)découvrir d'autres séries, bonnes ou mauvaises.

Fatpooper
5
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le 28 juil. 2013

Modifiée

le 17 août 2013

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Fatpooper

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