Downton Abbey
7.6
Downton Abbey

Série ITV (2010)

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Merci Downton Abbey de ne jamais avoir été une série comme les autres et de m'avoir donné autant de rêves et d'espoir depuis six années. Six années que je te suis assidûment, comme mon autre famille, un grand comité en parallèle, six années à partager vos peurs, vos espérances, vos coups de sang, vos prises de bec, vos réparties bien senties, vos déceptions, vos difficultés à vous dire que vous vous aimez. Mince, six années à suivre une série qui, de base, allait pourtant être comme toutes les autres, un drame historique de plus. Que nenni ! Jamais je n'ai ressenti cet amour pour une série de toute ma vie, même avec Lost que j'ai chéri et que je continue de chérir. Il y avait des coups de moins bien. Toi, tu es toujours restée la même, du début à la fin, une série où on se sent bien, où on est en famille, alors que tu partages sous ton toit maîtres et serviteurs. Ta force, c'est de mélanger les thèmes historiques, les personnalités auxquelles on peut s'identifier, de créer un lien réel et durable entre le spectateur et toi, entre les personnages et nous-même. J'ai l'impression de faire partie intégrante de ton domaine, depuis ta première saison. Au générique, j'ai eu envie de te pleurer. C'est bête, tu n'es qu'une fiction, mais je ressens comme un vide, pire encore qu'un livre ou un film qui pourraient changer ma vie. Six ans que je viens de regarder par-dessus mon épaule, et le goût amer et nostalgique de ne plus jamais me tenir en votre compagnie. C'est con, mais c'est ça, une série. Une série, c'est un peu un substitut. Et tant pis si c'est pathétique. Downton Abbey, tu m'as apporté tant de jolies choses, tant de jolis mots, tant de bienveillance, tant de sourires pour tant de caractères différents. Je sors du générique, et me voilà complètement hors sujet par rapport au site et au besoin d'analyse dans les critiques. Je veux juste coucher quelques mots, comme ça, comme un devoir par rapport à ce que tu nous a donné. Parce qu'il y a des œuvres, comme ça, qui dépassent un peu le cadre du divertissement. Et c'est trop rare et trop intense pour laisser passer Downton et sa famille que j'aime. Parce que c'est quoi, une heure, face à un bonheur si grand ? Avant de venir sur ce site, je pensais être le seul à ressentir de telles choses pour des oeuvres, pour de l'art, ou du moins j'en avais peur, et peur d'être jugé. Mais certaines fictions nous bouleversent. Elles nous transportent et nous font voir le monde différemment. Je ne sais pas si Downton Abbey m'a changé, mais je sais qu'elle laissera une marque en moi, un sentiment fort d'appartenance. Et ça, c'est déjà absolument hors du commun.


Merci mon Lord, permets-moi que je t'appelle Robert. Depuis le début, tu es l'un des personnages les plus intéressants. Tu m'as arraché tant de sourire, avec tes prises de consciences, limite en off, notamment avec tes filles ou Cora. Tu as le coeur sur la main, et si tu étais un peu buté par rapport au changement de vie que tu devais opérer, tu as toujours su rebondir et montrer que tu étais un père de famille absolument exceptionnel. Quelle femme ne rêverait pas de t'avoir ?


Merci Cora, tu es une vraie révélation et un vrai rayon de soleil. Toujours le sourire aux lèvres, on pourrait te confier tous les secrets de la Terre. Même lorsque tu fais la moue, tu sembles enclin à nous pardonner. Tu as toujours été bonne avec les domestiques comme avec tes semblables, tu as toujours eu le cœur sur la main, avec l'hôpital ou ton aide durant la guerre. Tu as une classe folle, dans ta façon d'agir, de te déplacer, même lorsque tu manigances des trucs contre ta pauvre belle-maman. Quelle merveilleuse femme tu es.


Merci Violet, Tante Violet, Lady Violet, tu es de loin la plus drôle de tout Downton. Plus les années passent et plus tu te bonifies. J'adore littéralement tes petites piques, comme tes sursauts de gentillesse lorsque tu sens que la situation s'y prête. Tu as remis Lady Mary dans le droit chemin, tu sais toi aussi garder des secrets et ta relation avec Isobel était à mourir de rire depuis le début. Sans oublier ton fils, que tu as pris pour un serveur car il était paumé avec son costume. Tu m'as fait rire aux larmes, tu m'as ému aux larmes. Tu m'as touché, ma bonne petite vieille, tu es de loin la femme la plus intelligente et la plus profonde de cette série.


Merci Lady Mary, oh ma chère Mary. Carson croyait beaucoup en toi. Anna aussi, et ils ont bien raison. Car derrière la petite peste de la sixième saison se cache une femme, certes pleine de paradoxes et de vilains démons, mais une femme meurtrie et au final très peu sûre d'elle. Depuis Matthew, tu vis constamment dans le doute de ne pas pouvoir parvenir à tes fins, tu vis dans la peur que tes cauchemars se reproduisent. Tu vis ta vie par procuration avec ta soeur, et ça a failli tout te coûter. Au-delà d'être la femme la plus somptueuse de Downton, tu es aussi-celle qui a donné une véritable âme à toute cette drôle d'aventure. Downton Abbey sans toi n'aurait jamais pu exister. Tes airs hautains, je les avais acceptés puis domptés, et j'étais même aux anges de les retrouver chaque semaine, et chaque année. On avait tous envie que tu sois heureuse à la fin, et ce fut le cas. Tu mérites le domaine entier, tant ta force de conviction, ton courage et ta hargne sont des exemples. Quel putain de petit bout de femme, Mary.


Merci Lady Edith, d'être devenue un peu moins casse-bonbons à partir de la quatrième ou la cinquième année - un peu tard, tu l'avoueras. Toujours à te lamenter, à être plus malheureuse que tout le monde, puis, je ne te trouvais aucun charme, il faut bien le dire. Et ça a évolué. On apprend à te connaître, on t'apprivoise petit à petit, comme toi tu t'apprivoises. Tu deviens plus indépendante, plus réfléchie, plus en retrait aussi. Marigold t'a fait passer un cap, tu n'esquives pas les clichés, être mère t'a fait devenir quelqu'un. Ton clash avec Mary il y a quelques jours était absolument mémorable, elle méritait son titre de bitch, sur le coup, rassure-toi. Tu es devenu un de mes personnages préférés, alors que ce n'était pas gagné. Tu es un symbole d'abnégation et de travail sur soi. Ta douleur est beaucoup plus compréhensible quand tu la terres au fond de toi, et que tu es forte. Que du bonheur à toi, Lady Edith.


Merci Thomas, qui a toujours eu cette petite lueur de bienveillance depuis la toute première année. Certes, tu t'es assagi avec le temps, sûrement grâce à la guerre, aussi. Tu étais un vraiment petit con, et personne n'oublie à quel point tu as été dégueulasse, particulièrement avec les Bates. Mais, sincèrement, on a tous le droit à une seconde chance, et tu es sûrement le personnage qui m'a foutu le plus de frissons dans cette dernière année. On avait de l'empathie pour toi. Mieux encore, tous les personnages en avaient, qui l'eut cru ? Thomas Barrow, je suis putain de fier de toi et du chemin parcouru. Moi, je te le dis. Prends ça comme tu veux.


Merci le couple Bates, pour tout l'amour et la guimauverie. Même mes réalisateurs drama préférés n'avaient pas osé foutre autant de mièvrerie dans leurs histoires, et pourtant ça marche du feu de dieu. Le running gag de la prison était un peu lourd à force, mais je n'ai jamais cessé de vous aimer. Il y a dans vos visages et dans votre façon de vous regarder, quelque chose de vrai, que je n'arrive même pas à retrouver dans le réel avec les couples autour de moi. Un des plus beaux couples que j'ai pu voir à l'écran, et ce n'est pas rien. C'était une évidence. Dans tout ce que vous avez traversé, le moindre petit rayon de soleil en était aussi un pour nous. Je vous souhaite le meilleur. A toi Anna, pour avoir toujours tenté de protéger et Mr Bates, et ta Lady Mary, et à toi mon grand gaillard, pour être resté droit, fier et protecteur envers ta petite femme qui a vécu pas mal de mésaventures. Des frissons.


Merci Carson, et Mrs Hughes, Elsie, on retiendra, pour ta bonté, pour tes petits dialogues avec Mrs Patmore que je trouvais absolument adorables, pour ton regard inquiet, pour traîner un mari aussi bougon. Je me rappellerai toujours ce moment sur la plage, lorsque "c'est arrivé". Nous étions tous soulagés, et vous les premiers. Tu as toujours été la première à avoir de la compassion pour Mr Barrow ou pour toutes les injustices rencontrées. Quant à toi Carson, on pourra dire ce que l'on voudra sur ta difficulté à surmonter ton époque et les changements que cela implique, mais tu es toujours resté fidèle à ta famille, à tes principes. Tu aurais pu te dérider un peu plus tôt, et ne pas prendre ta femme pour une bonniche, mais qu'est-ce que tu es charismatique, mon bon vieux Carson.


Je ne peux pas remercier tout le monde, ça prendrait bien trop de temps. Alors bon vent, mes amis Sybil (quelle force, la plus incroyable des trois sœurs la plus en avance sur son temps, tu aurais été le cœur de tout), et Matthew, tellement en décalage avec vos familles, tellement importants et partis trop tôt. Mais vous avez permis à Lady Mary et à Tom de vous libérer. Tom, que de chemin parcouru depuis ton poste de chauffeur. Tu t’es acclimaté parfaitement, j'ai particulièrement adoré ta relation avec Lady Mary et tes premiers vrais sourires échangés avec le Comte. Merci à toi Daisy, pour me faire péter un cable depuis quelques semaines, tu es devenue tellement chiante, une vraie adolescente en fusion. Mais ce serait oublier tout ce qu'on a vécu ensemble. Une vraie pile électrique, avec la soif d'apprendre et de se surpasser. Merci à notre cuisinière Patmore, qui n'acceptait pas l'aide de Daisy au départ, mais qui est devenue avec le temps mon personnage préféré chez les domestiques. Toujours à avoir le bon mot, tout le monde venait te consulter, tu avais LA parole réconfortante, la petite blague ou le petit sourire moqueur. Quel putain de plaisir, et quel putain de chef cuisinier. Merci à Baxter, Molesley, pour avoir redonné un second souffle à notre famille d'en bas, à Lady Crawley bien sûr, et ses disputes incessantes et épiques avec Violet, tu étais une femme de principes et surtout, une femme avec un coeur immense. Lady Rose, quelle chipie.


Pour conclure, Merci à vous tous d'avoir fait ce petit bout de chemin ensemble. Ce fut très chouette, ce ne fut quasiment que du bonheur à l'état pur, et vous me manquerez tous beaucoup. En espérant qu'un jour, un producteur bien intentionné puisse avoir la bonne et pertinente idée de vous faire renaître, dans dix, vingt ans, histoire de ne pas avoir à vous dire au revoir pour de bon. Peut-être que c'est mieux comme ça. Les lendemains de noël ne seront plus vraiment pareils. Bonne route, ma seconde famille.


J'aurai toujours une petite pensée pour vous. Vous, qui n'existez même pas. C'est fou, l'emprise que peut avoir une série merveilleuse sur un individu. Quelque part, ça m'effraie, ce que ça révèle de moi-même. Au revoir, Downton Abbey et du fond du cœur, merci.

EvyNadler

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