Si vous êtes à la recherche d'une série qui évoque des sujets sensibles, qui vous fait travailler les méninges et vous stimule l'esprit. Si vous cherchez des scénarios bien ficelés, des intrigues haletantes soutenues par des acteurs géniaux et une bande sonore magique, passez votre chemin.
Elementary se hisse péniblement dans la catégorie du divertissement pur et simple. Les épisodes se suivent à la queue leu leu sans lien réel entre eux si ce n'est un fil rouge ténu, diffus, qui laissera sur leur faim ceux et celles qui souhaiteraient aller au-delà des simples "enquêtes impossibles", où Sherlock prend la place de Pierre Bellemare.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Chaque épisode nous met face à un crime, que ce soit un horrible meurtre, un cambriolage spectaculaire ou un kidnapping. Ensuite, le spectateur est lancé sur une fausse piste : un personnage à l'air patibulaire, un détail sur lequel la camera reste fixée un peu plus longtemps que d'ordinaire, voire une première conclusion erronée des personnages... et à chaque fois, alors que tout semble confirmer les premiers soupçons, Sherlock nous annonce finalement que non non et non, rien à voir, ce n'est pas lui l'assassin, ce n'est pas elle la cambrioleuse, ce n'est pas ça qu'il est venu chercher, ce n'est pas telle ou telle personne qui a été enlevée mais une autre... Enfin, l'enquête est résolue en quelques minutes sans que personne d'autre que Sherlock lui-même ait eu une chance de s'y essayer. Tel détail lui a permis de comprendre que telle personne qu'on voit une demi seconde dans l'épisode était en fait le frère caché de tel autre personnage qui avait envoyé une lettre empoisonnée à je ne sais qui... enfin, quelque chose dans ce goût là. Du coup, l'un des plaisirs de la série policière, à savoir le plaisir d'essayer de résoudre l'enquête avant la fin de l'épisode, disparaît, puisque l'enquête est véritablement "impossible", du moins en dehors du cerveau brillant du principal protagoniste.
Systématiquement, la nouvelle explication est acceptée sans aucune sourcillade par les autres personnages, puis, après l'un ou l'autre trait d'esprit, l'épisode prend fin. Au suivant, on prend les mêmes et on recommence... Nouveau crime, nouvelle pseudo-enquête, nouvelle première conclusion erronée, nouvelle contradiction, nouvelle explication, fin... suivant...
Jonny Lee Miller nous livre un Sherlock Holmes fébrile et piquant, plutôt acceptable et (je vais en énerver certains) moins agaçant que Benedict Cumberbatch dans le bien nommé Sherlock BBC.
Au niveau du docteur Watson par contre, c'est tout le contraire. Lucy Liu offre une performance tiède et sans aucune saveur. Elle semble complètement perdue dans son rôle de "sober companion", et manque sérieusement d'humour au point où c'en devient presque lourd. L'idée d'imaginer le rôle de Watson tenu par une femme est en soi très bonne, osée, intéressante... dommage que la performance soit tellement à côté de la plaque.
La bande sonore quant à elle n'apporte rien de plus qu'une ambiance sonore sur laquelle sont posées les images et les dialogues, sans art, à nouveau, insipide à volonté.
Trois étoiles, une pour chaque saison que je me suis infligé. Car il y a quand même quelques rares éléments qui ne sont pas à jeter. Mais bon, il faut chercher. Si vous êtes à la recherche d'une série policière qui vous tienne en haleine et qui joue avec vous, pensez plutôt à True Detective ou The Killing. Si vous voulez du divertissement, n'importe quelle autre série aura de quoi vous satisfaire. Elementary ne va assez loin ni dans un sens ni dans l'autre.
Pour conclure, il est temps d'arrêter d'essayer d'adapter Conan Doyle au XXIe siècle. Mais vraiment. Stop, quoi.