Autant les produits Netflix se succèdent aussi banalement que poussent les ongles d'orteils et ce dans mon indifférence totale, autant celui-ci a attiré ma curiosité malsaine comme les mouches avec les chaines d'infos en continu. Imaginez donc : si le contenu de cette série a réussi à indigner même les spectateurs lambda de Netflix, alors j'étais sûr qu'on tenait là du très lourd, qu'on avait pas affaire là à n'importe quelle merde, qu'un bout d'histoire était en train de s'écrire et qu'il serait criminel de passer à côté. Me voilà donc embarqué dans un bon vieux hatewatch complètement maso avec pour circonstance atténuante la fait de le faire sur mes heures de travail.
Et le résultat en valait la peine : j'ai absolument adoré. J'ai vraiment pris un plaisir fou à me coltiner ce truc tant il coche vraiment toutes les cases. C'est une synthèse quoi, pas une seconde de répit.
Déjà le premier truc réjouissant, c'est que l'image est absolument dégueulasse. Tout est filtré, toutes les couleurs sont outrées, tout ça pour maintenir éveillé le zombie potentiel devant son écran. Une story Instagram à côté c'est du Tarkovski. Mais ce qui est encore plus génial, c'est que c'est INCROYABLEMENT générique, genre à un niveau où ça devient presque extraordinaire, ça devient une expérience visuelle inouïe : fermez les yeux, et la musique des dialogues est tellement familière que vous saurez exactement ce qui se passe à l'écran; à l'inverse bouchez-vous les oreilles et vous saurez exactement ce que disent les personnages tellement c'est filmé de manière convenue. C'est même plus un truc qui se regarde, c'est juste un truc qui se met, les mecs font même plus des séries, il font du "contenu" (comme ils disent). C'est tellement fort qu'on soupçonne une forme de génie derrière tout ça.
Mais le fond de l'histoire et les dialogues viennent rapidement dissiper ce soupçon. C'est sans conteste ma partie préférée. Y a pas une connerie qu'on pourrait imaginer qui n'est pas dite et ça arrive même à nous surprendre avec des trucs encore plus cons qu'on aurait pu imaginer. C'est du Hitchcock de la phrase conne. Passons sur le fait que la série est au réalisme et à la vraisemblance ce que Daech est à la Gay Pride (ça été plutôt drôlement documenté par Internet comme vous le savez), qu'on a déjà vu des tapis de bain plus complexes que ces personnages; le plus amusant dans tout ça c'est que ça montre les français comme arrogants et méprisants mais au fond prêts à aimer ces bons vieux ricains pour peu qu'ils apprennent à se connaître, mais leur donne paradoxalement encore plus de raisons de les mépriser vu la façon très stupide et superficielle qu'ils ont de montrer leur amour de Paris. Un Paris idyllique où on ne voit donc logiquement aucun prolo, aucun arabe, aucun gitan et où le sommet du génie français c'est la Fashionweek. Où y a des intellos snobs qui se moquent des touristes qui vont voir le lac des Cygnes parce que eux, ils vont voir ... le Boléro !! (Haha). Où il fait tout le temps beau sauf quand vous rompez avec votre petit ami ... Bref, y a que des pépites comme ça, on ne s'ennuie absolument jamais.
J'ai eu une petite pensée pour les gens qui se détruisent l'âme à se taper ces flux d'images et de sons sans intérêt, mais bon quitte à vous niquer définitivement le cerveau, n'hésitez pas à prévenir une nouvelle fois si y a un autre truc de ce niveau qui sort.