En analyse
7.3
En analyse

Série HBO (2008)

Voir la série

Je louchais sur "In Treatment" depuis un certain moment, mais j'avais peur du traitement. Peur que ça tombe dans le grotesque, le théâtral, que tout l'aspect psychothérapeutique sombre dans les clichés. Ou qu'au contraire on s'aperçoive que ça n'a rien de cinématographique en soi, qu'il faille nécessairement tricher. La série ne m'a pas vraiment apporté de réponse.

Saison 1 : 5/10

Le concept de la série est bien pensé dans le sens où un épisode = 1 session. Les auteurs n'ont donc pas mélangé sottement toutes les intrigues pour créer une sorte de méga climax. C'est d'autant plus pratique que, si vous n'aimez pas une des intrigues, vous pouvez très facilement la zapper.

Ma première grosse déception est arrivée à l'épisode 5 ; je peux comprendre que le thérapeute a lui aussi des convictions et une vie, qu'il peut être intéressant de les explorer par rapport à ce qu'il voit en tant que psychologue, mais ici ça m'a semble un peu trop axé sur son propre mal être. Quel besoin de toujours tout nuancer? Ne pouvait-on pas juste garder le docteur comme un simple réceptacle pour le spectateur ? Assister à ses problèmes, c'est soudainement créer une distance avec ce personnage. J'ai donc eu l'impression que les auteurs voulaient en faire un peu trop.

Impression qui se confirme au travers des patients. C'est bien simple, au bout de 20 épisodes je me suis dit qu'un psy ne pourrait pas supporter son métier s'il avait réellement coup sur coup autant de mal avec ses patients (des menaces, des avances, des affrontements physiqques, ...) ; c'est bien de vouloir rendre ses lettres de noblesse à un métier rarement gratifié, mais il ne faut pas non plus tomber dans le travers opposé qui serait de faire du psy un martyr. D'ailleurs les derniers épisodes passent mieux. Ils passent mieux aprce que ça redevient simple. Un des personnages est parti, l'histoire avec Sophie est plus terre à terre, les résolutions du couple semblent naturelles.

Dernier point qui agace, c'est justement de mêler les problèmes personnels du psy avec ses patients. Il est évident qu'une neutralité parfaite est impossible, qu'il y aura toujours un résidu de conviction au travers des paroles d'un psy, mais ici c'est trop exagéré. Ce qui agace. Parce qu'un psy qui a autant de problème de transfert, ça devient grave... Il est certain que d'un point de vue narratif, c'est le genre de situation qui plait davantage, mais personnellement je considère ces artifices gratuits et vains. Une bonne histoire n'a pas besoin d'un traitement aussi bercé dans le mélo.

Il reste tout de même de bones choses. N'oublions pas que chaque épisode ou presque se déroule en huis clos, que la narration est principalement portée par des dialogues. Certains passages tombent à l'eau, c'est vrai, mais d'autres fonctionnent assez bien. Sans doute qu'avec moins de sessions et moins de personnages, les auteurs auraient pu développer un récit intimiste à l'image de la thérapie et l'on aurait moins tourné en rond (certaines conclusions d'épisodes se répètent). Faire la part entre ce qui est réaliste et ce qui est cinématographique est une tâche bien difficile, c'est certain.

On pourra aussi saluer les fins de thérapie pas toujours aussi convenues qu'on aurait pu craindre. Disons que j'ai bien accroché sur les 4 premiers épisodes, puis s'ensuivent une trentaine d'épisodes qui varient de moyen + à moyen - (je rappelle que j'ai préféré ne pas regarder les épisodes "Paul et Gina", sauf pour la conclusion finale) pour terminer sur des épisodes plutôt sobres et efficaces.

La mise en scène fonctionne plutôt bien aussi. Malgré l'étroitesse du terrain de jeu, on ne s'ennuie jamais, on ne se lasse pas de cette pièce. Au début certains réalisateurs jouent bien avec des élemnts du décors pour faire bouger les personnages, mais plus tard certains personnages ne bougeront simplement pas d'un pouce de leur canapé. Et ça c'est fort. L'interprétation aussi est plutôt convainquante. Je suis juste légèrement déçu de l'interprétation de Dianne West (pour ce que j'ai pu en voir) qui en fait parfois un peu trop avec ses yeux. Gabriel Byrne est quant à lui excellent et prouve qu'il est un acteur bien sous employé pour notre plus grand dam.

Bref, "In treatment' est une série qui manque de sobriété ; les auteurs, qui avaient peut-être peur d'ennuyer le spectateur, en font parfois un peu trop et le récit perd en crédibilité. Il n'empêche que l'oeuvre possède quelques bons moments forts et que dans l'ensemble ce n'est pas trop pénible à regarder (hormis le fait qu'il y a trop de personnages et donc trop d'épisodes).
Fatpooper
5
Écrit par

Créée

le 15 juil. 2013

Critique lue 2.3K fois

8 j'aime

1 commentaire

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 2.3K fois

8
1

D'autres avis sur En analyse

En analyse
Hameçon
9

Critique de En analyse par Hameçon

Remake d'une série israélienne, In Treatment est un petit bijou. Chaque épisode, d'une vingtaine de minutes chacun est focalisé sur un patient en thérapie. C'est un vrai régal. On suit les dialogues...

le 4 déc. 2010

18 j'aime

1

En analyse
Valmy
3

The american way of therapy

Psychanalyse à l'américaine : il ne reste rien ou presque de la découverte freudienne. La psychologie des personnages est plutôt bien écrite et crédible mais le petit Paul Weston n'y entend pas grand...

le 19 nov. 2011

11 j'aime

22

En analyse
franche
10

Mazel tov !*

Un passionnant huis clos dans le bureau complètement désuet du psychothérapeute Paul Weston. La série est construite dans un ordre chronologique. Durant la première saison, à 9h tous les lundi, Paul...

le 8 avr. 2011

10 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

101 j'aime

55