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j'ai longtemps repoussé le visionnage de cette série. Je ne sais pas pourquoi puisqu'à priori j'aime bien Mike White. C'est juste que j'ai tellement l'habitude d'être déçu par les séries, que je ne me suis pas précipité sur celle-ci. Et bien ce fut une belle surprise puisque j'ai passé un bon moment.

Saison 1 : 8/10
Saison 2 : 7/10

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Saison 1 : The Office (8/10)

Je ne savais rien de la série. Le sujet m'a paru intéressant dès les premières minutes du premier épisode. Le duo de créateurs parle de l'hypocrisie avec pour personnage central le meilleur cas d'hypocrisie possible : une sorte de hippie illuminée qui s'extasie pour un rien et qui se cache son désirde retrouver son ancienne vie de consommatrice. L'intelligence de Mike White c'est de prendre du recul avec ce personnage et d'ainsi nous la présenter comme une antihéroïne.

Autre thème abordé, il s'agit bien sûr du fonctionnement économique des USA avec tout ce que cela comporte de critique. C'est pas bête, y a de bonnes idées, du déjà-vu, oui, mais traîté à la manière de Mike White, ce qui rend le projet unique, même s'il n'y a rien de neuf dans le discours.

Enfin, ça parle de l'individualité que tout bon démocrate revandiquera, avec ce que cela comporte de déviance. Car que voit-on au final ? Des personnages qui ont acquis leur indépendance au prix d'une énorme solitude. Les personnages de cette série sont en effet des orphelins de l'amour, que ce soit les winners ou les losers, personne n'est véritablement heureux dans cet univers. Et personne ne sera là pour les aider.

Il faut savoir qu'à l'écriture, Mike White a refusé les sessions d'atelier comme c'est courant dans le milieu ; ainsi, le créateur a dû pondre seul avec sa co-créatrice le scénario de chaque épisode seul. Cela signifie que Mike doit opérer tous les choix, il est totalement libre, mais en même temps il ne peut rien laisser de côté en se disant que quelqu'un d'autre truovera une solution. Le bougre réussit le pari de mettre sur pied un univers cohérent mais aussi de l'ouvrir. L'écriture de groupe signifie souvent une écriture codée, avec des éléments qui doivent obligatoirement revenir. par exemple "The Office" se déroule princnipalement dans un bureau, "Friends" dans des appartements, etc. "Enlightened" offre un panel varié de lieu, e tparfois même, Mike décide de se focaliser sur un seul de ses personnages (voire l'audacieux épisode sur la mère). Cette écriture est donc raffraîchissemen et empêche un certain enfermement.

Cependant, Mike n'évite pas quelques erreurs. Ainsi, sur les premiers épisodes, la conclusion s'avère un peu trop la même et l'on se demande si les personnages vont évoluer ou pas. Par la suite, els épisodes montrent cette évolution tant attendue. Autre bémol, si les premiers épisodes marquent bien la distance entre le créateur/spectateur et l'antihéroïne, les derniers prennent un peu trop son point de vue, ce qui peut rendre certaines scènes un peu trop miévreuses, voire incohérentes par rapport à ce qui a été montré précédemment.

Le ton est assez sympathique. A la fois humoristique avec une sorte de "The Office" à la sauce indie, et dramatique avec quelques scènes franchement déprimantes, la série fait mouche. Mike montre qu'avec des personnages à la base loufoques, il peut toucher profondément.

La comparaison avec "The Office" est intéressante dans le sens où on peut parfois trouver quelques notes d'humour similaires ; mais la différence entre les deux show tient dans le fait que dans "The Office", il n'y a qu'un personnage normal (Jim) le reste étant bizarre alors qu'ici, il n'y a que l'héroïne qui se comporte bizarrement, et les autres winners ou losers, se montrent tout à fait normaux.

La mise en scène est elle aussi axée indie, avec des plans bien léchés, un découpage parfois audacieux (toujours l'épisode avec la maman), des beaux ralentis. Cöté acteurs c'est nickel. On pourrait regretter d'ailleurs que les seconds rôles n'aient pas plus d'importance (surtout les figurants du bureau). Mais j'étais surtout content de retrouver ce bon vieux Luke Wilson qui est trop rare dans la comédie depuis quelques temps. D'ailleurs j'espère qu'il retournera dans un Wes Anderson bientôt ou dans une comédie de la Frat Pack. L'acteur a retrouvé sa belle gueule, lui qui avait un peu gonflé ces derniers temps, ça fait du bien.

Bref, Cette première saison de "Enlightened" m'a surpris. L'écriture est de qualité tout au long des épisodes, même si Mike n'évite pas quelques fausses notes. Ce fut un très agréable divertissement.

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Saison 2 : The end of the world (7/10)

Il m'est difficile de me positionner sur cette saison 2. Elle est mieux mais elle est moins bonne aussi.

Elle est moins bonne parce que Mike White se monte un peu plus fleur bleue et qu'il trahit un peu ses personnages. On sentait bien à la fin de la saison 1 qu'il s'était pris d'empathie pour son héroïne et qu'il prenait part à son combat d'illuminée. C'est encore plus le cas ici. Si l'hypocrisie est toujours d emise, il la dénonce de moins en moins (encore que la situation de son personnage atteint un moment d'anxiété ultime), il suffit de voir le happy ending final de son personnage.

Mais en même temps, il est des moments de grâce qu'on n'échangerait pour rien au monde. Mike White aime ses personnages et il aime les confronter les uns aux autres. Et de là naissent de très belles scènes qui sonnent justes. De même il parvient à tirer pleinement parti de sa thématique et délivre quelques situations vraiment tendues.

Côté rythme, il y a toujours ce côté anti-studio ; c'est-à-dire qu'il écrit ses histoires comme il veut et propose de consacrer des épisodes à des personnages secondaires ; de la sorte il évite de s'enfermer dans une routine qui aurait vite fait d'assomer le spectateur.

L'humour fait toujours mouche, il y a des moments qui sont tout simplement hilarants, que ce soit en mode running gag ou pas. En même temps ce ton prend de moins en moins d'espace, laissant ainsi le drame se faufiler entre les différents fils d'intrigue. On ne sombre jamais dans le misérabilisme ni le mélodrame, mais Mike décide, puisque ses personnages sont cassés, torturés, de montrer qu'il ne s'agit pas juste d'en rire, que l'humour est là pour désamorcer le côté tragique de la situation, mais que le plus important est de leur offrir une voie pour s'en sortir.

La mise en scène est toujours soignée, malheureusement IMDb ne recense aucun des réaliasteurs et j'avoue zapper le générique. J'ai tout de même vu apparaître le nom de Todd Haynes, unami d eHBO, durant cette seconde saison. La mise en scène est toujours aussi belle et la BO est assez prenante.

Bref, cette saison 2 est une réussite. Les personnages anciens et nouveau captivent, la thématique est toujours aussi forte, mais la fin est moins jusqu'auboutiste qu'on ne l'aurait espéré.


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CONCLUSION GéNéRALE :

Je pense qu'on peut dire que Mike White est représentatif du genre indie. On retrouve dans sa série une approche esthétique soignée typique du genre, mais aussi une BO rock alternatif indie. Sa série est une réussite globalement, mais l'on peut faire quelques reproches, notamment celui qu'il se laisse corrompre par ses bons sentiments ce qui provoque une fin un peu trop gentille. "Enlightened" est une série qui joue sur le double sens, l'hypocrisie des gens de façon intelligente. Heureusement, malgré le happy ending, on sent que l'auteur ne prend pas de réel parti, comme s'il savait que l'hypocrisie est un mal nécessaire. Très bonne série en tous cas.
Fatpooper
8
Écrit par

Créée

le 6 sept. 2013

Modifiée

le 14 sept. 2013

Critique lue 1.5K fois

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Fatpooper

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