Erased
7.9
Erased

Anime (mangas) Fuji TV (2016)

A chaque fois que je critique un anime, je dis toujours que je ne suis pas du tout un fan de ces derniers. Pour deux raisons trés simples : la première, c'est qu'en mettant des superlatifs à tout bout de champ dans mes critiques, malgré ma frilosité à l'égard de l'animation japonaise, j’espère ainsi convaincre quiconque me lit que mes mots ne sont jamais usurpés.
La seconde, c'est parce que, étant fan de Shinkai ou de chefs d'oeuvre comme Shigatsu Wa kimi no Uso ou Shinsekai Yori, je sais ce que la japanimation est capable de faire. Niveau poésie, niveau histoire, niveau musiques, niveau émotions, il n'y a rien à faire, les japonais sont les meilleurs, et de trés loin. Et c'est justement parce qu'ils sont capables de faire tant de choses merveilleuses, que je déteste voir des animes qui ne proposent que du combat, des situations et personnages ridicules ou excentriques, ou des boobs et du fan-service à chaque coin de rue. Parce qu'à chaque fois, c'est un énorme potentiel gâché.


Ces derniers mois, j'ai eu la chance de découvrir des animes exceptionnels, qui sont devenus mes 3 animes préférés : Shinsekai Yori, Shigatsu Wa Kimi No Uso, et celui dont je vais parler maintenant, le magnifique Erased.


Satoru est un mangaka qui n'arrive pas à percer, et qui travaille comme livreur dans une pizzeria pour gagner sa vie. Assez misanthrope, sans être timide du tout, il possède un don extraordinaire : à la manière de Max dans Life is Strange, il peut remonter le temps de quelques minutes, avant qu'un drame ne se produise ( d'ailleurs, la symbolique du papillon bleu, très présente dans LiS, on la retrouve ici ). Un jour, il découvre chez lui sa mère assassinée, et est vite soupçonné du meurtre. Sachant que ce meurtre est en rapport avec une séries d'assassinats l'ayant touché de prés étant enfant, il parvient à remonter le temps, cette fois-ci, de plusieurs années. Il se retrouve ainsi enfant, avec son esprit d'adulte, et va tenter d'altérer totalement sa chronologie, pour sauver sa mère, mais aussi ces trois filles qu'il n'avait déjà pas pu sauver avant.


Si l'on peut penser à des influences comme l'Effet Papillon, le propos est en revanche tout autre ici. On suit un adulte, pris dans un corps d'enfant, qui va devoir user des moyens limités que lui offre sa condition pour sauver des vies et devenir le héros qu'il avait toujours rêvé d'être. On suit donc cette histoire à la façon d'un thriller à la mise en scène parfaite, mêlant également un brin de genre policier, pour nous tenir en haleine et ne jamais nous lâcher.
Au delà de cette histoire, l'évolution de Satoru est également intéressante. Changer le passé et les évènements aura pour effet de le faire lui aussi changer, de lui faire voir les choses différemment.


En effet, Satoru était déjà un petit garçon assez peu sociable, qui n'osait pas tellement faire de vagues. Mais parce qu'il va tenter, par tous les moyens, de sauver des vies, et parce qu'il est tout de même adulte sur de nombreux points, son courage, sa sincérité et sa volonté vont impacter son univers et la vie des gens autour de lui. Il se fera donc de vrais amis, des amis sincères, qui vont l'aider jusqu'à la toute fin. Mais on est pas dans Naruto ici, et on ne nous fera pas de morale niaise sur l'amitié. Tout est montré avec une subtilité relative mais parfaite. Au final, ce qui se présentait comme un thriller fantastique sur le voyage dans le temps se révèle également parcours initiatique et humain. On assiste à un jeune homme qui ne va pas se contenter de sauver sa mère, ou de sauver des gens, mais qui, de par son dévouement, va devenir un véritable héros, dans ses actions comme dans ses sentiments. Brillant


Le héros est très intéressant à suivre, il est intelligent mais extrêmement touchant et sincère dans chacun de ses actes. Les personnages secondaires sont exceptionnels, Kayo est un personnage finalement assez complexe, tout comme Kenya, un adjuvant à la limite de la perfection dans sa construction. Un méchant trés intéressant également. De ce côté là encore, l'anime fait fort.
L'OST également est de toute beauté, avec un ending et un opening réussis.


L'histoire est trés bonne, et même si on devine vite l'identité du tueur, tout du moins pour moi, on s'en fiche, parce que la construction de l'intrigue, elle, est source de nombreux rebondissements.


L'émotion, elle, est au rendez-vous dés le dernier quart, et c'est clairement de l'ordre du génie.


Je ne m'attendais clairement pas à ce que Satoru finisse dans le coma et passe 15 ans dans le brouillard. Mais ce moment où, aprés ce coma, aprés avoir tellement enduré et sauvé tant de personnes, Kayo vient lui rendre visite, un bébé dans les bras, m'a littéralement ému aux larmes. Des larmes qui montent quand j'y repense, d'ailleurs. Parce que la mise en scène, à ce moment là, est parfaite. Erased a la brillante idée de nous montrer que ce ne sont pas seulement les vies sauvées qu'il a rendu meilleures. Il a actionné les rouages d'une machinerie bien plus grande, qui au final, a été bénéfique à un degré bien plus large que ce qu'il pensait toucher du doigt au départ. Le bébé de Kayo n'est pas le seul exemple. Kenya et Hirumi auraient-ils été respectivement avocats et médecins si la force de volonté et d'aider les autres de Satoru ne les avait pas touchée ? Rien n'est moins sur. L'effet papillon montré sous un tout nouvel angle : un battement d'aile a entrainé tout une séries de conséquences certes, mais là ou 90% des œuvres traitant de ce sujet nous montre des conséquences souvent désastreuses, ici, on fait le choix de nous montrer que cette tornade d'évènements peut aussi être fondamentalement bonne et joyeuse. Un peu de gaiété, ça ne fait pas de mal. Erased est clairement là pour nous montrer que chaque action positive peut avoir des répercussions merveilleuses, mais nous le montre de manière élégante et sobre. Et nous montre aussi la construction d'un héros ordinaire, comme si c'était à la portée de tout le monde. Un message mainte fois entendu, mais qui, ici, résonne juste. Quand je vous disais qu'une fois délesté des excentricités, du fan-service et du ridicule de la japanimation classique, un anime pouvait faire des miracles, je ne mentais pas.


La fin également est d'une justesse à couper le souffle.


Parce qu'Erased se paie en plus le luxe d'insérer un soupçon de romantisme dans sa dernière scène. Satoru retrouve Airi, dans une scène somptueuse et simple, laissant présager une histoire d'amour entre ces deux personnages, qui n'avaient pas eu le temps de se connaître avant que notre héros n'altère sa chronologie. Satoru a rendu tellement de vie meilleure que c'est comme si le temps lui-même voulait lui rendre un ultime service, preuve en est, avec le retour du papillon bleu qui s'efface sur la silhouette lointaine d'Airi. Une fin qui fait écho à LiS, et qui m'a donné une surdose de frissons, rien que pour ça.


Aprés Shigatsu Wa Kimi No Uso et Shinsekai Yori, je suis gâté en ces derniers mois. Depuis plusieurs années, je me demandais si j'arriverai un jour à trouver des animes à la hauteur d'un génie comme Makoto Shinkai. Et oui, ça existe, il faut juste savoir les trouver. Erased est une bombe émotionnelle, intelligente et profonde, bien que certaines scènes, j'ai oublié de le préciser, sont a déconseiller aux plus jeunes, et sont limites choquantes par ce qu'elles suggèrent, l'anime abordant des thèmes trés durs.
Mais si cela ne vous effraie pas, laissez vous emporter par cette merveille de l'animation japonaise. C'est grandiose, magique, exceptionnel. Tous les superlatifs sont bons, mais je pense que ma critique est suffisamment évocatrice. Erased est un chef d'oeuvre. Merci, au revoir messieurs dames.

Kousei
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 5 des animes, pour ceux qui n'aiment pas les animes

Créée

le 28 mars 2016

Critique lue 1.2K fois

4 j'aime

Kousei

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