Un shônen qui n'a pas su quand s'arrêter.

Lorsqu’on cite l’un des mangas Shonen les plus lus ou suivi durant les années 2000 et jusqu’à maintenant, on pense principalement à One Piece d’Oda Eiichiro, Naruto, Bleach de Tite Kubo et bien sur la série de BD fantastique action/aventure Fairy Tail crée par Hiro Mashima. Pour les non initiés, sachez qu’avant de nous livrer cette œuvre, qui me fait encore déprimer maintenant chaque fois que j’y repense, avait eu un succès plutôt bon avec la série de BD Rave avant de dessiner ce que je ne peux qualifier que de pire exemple de manga à rallonge dans le genre des BD destinés au jeune public masculin, BD que j’ai découvert grâce à la série d’animation qui a aidé à enfoncer le clou ultime et que j’ai suivi un très long moment, suffisamment pour pouvoir en parler ici en restant calme depuis mon dernier visionnage.

Pourtant, pendant une longue période j’ai été un grand adepte du manga et même de la série. J’étais un défenseur d’un couple fictif, j’aimais revoir certains arcs narratif comme la bataille contre les Phantom Lords ou de la tour du paradis, j’adorais (et adore toujours) la musique, j’arrivais à apprécier les personnages à quelques notables exception. Et malheureusement avec le temps, plus ça allait, plus je commençais à trouver qu’il y avait plein de truc qui n’allaient pas, tant avec le manga que l’animé.

La première et principale erreur de Mashima et de cette série, c’est d’avoir débuté sans avoir crée un réel fil conducteur, sans qu’il n’ait programmé une fin au moment ou il a entamé son œuvre, l’auteur l’a lui-même avoué et c’est la principale raison pour laquelle des séries à rallonge finissent souvent par se casser la gueule. Une fois passés les premiers arcs narratifs présentant et créant un background plus que correcte pour groupe de héros plutôt sympathique en premier abord et un style visuel correct en début de série, Fairy Tail va s’étirer en rajoutant à chaque fois plus de nouveaux personnages, plus de sous-intrigue et en délaissant d’autres protagonistes qui deviennent très générique (l'unité Raijin, les guildes voisines comme Blue Pegasus, Lamia Scale, Quatro Cerberos et j'en passe). Et surtout en ressortant la même formule qui devient un cliché terriblement risible, même pour un animé shonen : le pouvoir de l’amitié ou de l’amour chaque fois qu’on est dans la situation la plus désespéré possible qui sert de Deux ex Machina à deux centimes depuis un moment.

Les problèmes d’animation des animés à rallonge, ça date pas d’hier avec la production à foison d’animé au Japon, One Piece et Naruto sont aussi passé par là et Fairy Tail fait pas exception. Une fois qu’on arrive à l’arc du tournoi magique de jeux au royaume de Fiore, les couleurs finissent par devenir fade, les expressions faciales déformés ou même simplifié à l’extrême par l’équipe pour respecter le délai d’épisode à diffuser par semaine.

Pire encore, les combats sont mou et d’un ridicule tant c’est édulcoré à l’extrême et tant ça casse toute intensité dramatique lors des combats. Quand on voit une main traverser le corps d’un homme de main de la guilde clandestine d’Eisen Wald puis perdre connaissance sans la moindre effusion de sang,

impossible de prendre la scène au sérieux. Idem quand Gadjeel se fait entailler façon viande de boucher contre les mages de la guilde Grimoire Heart, les enjeux sont inexistants en permanence à cause de cette édulcoration et de la formule répétée en boucle d’arc en arc sans être capable de vraiment tuer un personnage (sauf rares exceptions dans la première moitié du manga) ou de créer de la tragédie.

Quand il faut animer un combat, ça se remue pas plus le cul que ça, en revanche pour animer les formes de Lucy avec ses vêtements en lambeaux sur l’île de Tenrô ou ses tenues de plus en plus révélatrice de saison en saison, les personnages féminins en tenue sexy à foison durant un concours de mannequinat improvisé durant un combat au tournoi magique qui est inutilement rallongé par rapport à la BD (pour en faire un des passages les plus dégradants de la série), ou encore Mirajane dont la poitrine semble avoir subi une opération chirurgicale avant son combat contre Azuma, ça passe sans problème. Les japonais sont plus libérés et relâchées que nous sur pas mal de choses mais non, juste non y'a quand même des limites.

L’autre truc sympa avec les animés à rallonge (ou plutôt énervant), c’est quand un animé décide de faire des hors-séries (appelé les Filler) pour remplir une série qui avance trop vite pour laisser le temps au manga d’avancer. Beaucoup se sont moqué de ceux de Naruto et de leur nombres excentrique, et si Fairy Tail ne bat pas ce record, il réussit à être incohérent avec le manga au bout d’un moment en faisant revenir une guilde clandestine quand il ne le faut pas et en ressuscitant deux antagonistes qui étaient (et sont) mort dans le manga. Si les tout premiers réussissaient à divertir et à faire rire, ça n’a pas évolué dans le bon sens non plus.

Pour mettre un clou final à la galerie de protagonistes, étant donné que le drame finit par être inexistant, on finit par se désintéresser de tout ce beau monde tant on a du mal à voir une réelle évolution chez les mages de Fairy Tail : quel intérêt de suivre un chasseur de dragon dont la quête pour retrouver son père n’avance pas d’un pouce et dont on doit attendre l’intervention de celui-ci pour que celle-ci prenne fin (le tout avec une mascotte qui se fane autant que son héros en carton pâte) ? Quel intérêt y’a-t-il à suivre deux personnages féminins que le jeune public suivra plus pour leur plastique exagéré plutôt que ce qu’elles sont (sachant que l’une est inutile, l’autre devient un cliché de femme forte) ? Et surtout pourquoi est-ce qu’on continue à suivre des arcs dont le déroulement devient constamment le même sans qu’on ressente la moindre évolution tant psychologique qu’au combat ? (Hunter x Hunter était mille fois meilleur de ce côté-là).

Qu’est-ce qui reste du coup ? Eh ben pas grand-chose pour sauver les pots cassés, ce qui ne l’a pas empêché d’être une des BD les plus achetés pendant plusieurs sorties, notamment chez nous et d’avoir une communauté de fanatique, parmi eux les fans du couple fictif Lucy/Natsu (une dévergondée refoulée et une tête à claque impulsif, comme c'est beau...) dans un manga qui s'est terminé 15 fois trop tard et dont l'arc final face à Zeleph (qui devrait être adapté dans la suite à la première série animée Fairy Tail) semble confirmer tout les problèmes de ce manga.

Sans parler du fait qu’Hiro Mashima finit par piquer sans vergogne ce qui a fait le succès de One Piece (ou se repomper sur lui-même pour le design de ses deux héros carrément copier sur Haru et Elie de Rave) : Gildarts, mage le plus fort de la guilde Fairy Tail et quasi seconde figure paternelle de Natsu, a un design pompé sur celui de Shanks le roux dans One Piece ou encore Juvia joue les amourettes de la même manière de la reine des Amazone Boa Hancock (j'aimais déjà pas plus que ça Boa, alors imaginez ce que ça donne avec une copie).

En prenant un peu de recul, il y a bien deux choses pour lesquels je suis prêt à accorder de bon point à cet animé (si je ne parle pas des dessins de la BD… un gros gâchis de talent) : la première est la musique de Yasuharu Takanashi qui est absolument génial, le mixage entre l’instrumentation celtique et rock donne un rendu sonore des plus savoureux qui soient et mériteraient de se trouver dans un bien meilleur animé ou série que ça. Puis le personnage de Wendy Marvel, la dernière des principaux protagonistes auxquels j’étais encore attaché avant de couper les ponts avec la série et le manga.

Le manga s’est terminé très récemment mais même en sachant cela, désolé pour ceux qui auraient aimé jusqu’au bout, même en tant que pro manga je ne suis pas assez stupide et borné pour me relancer dans ce truc… faut pas déconner non plus. En espérant qu’on ne revivra pas la même catastrophe avec My Hero Academia !