False Flag par limma

Mise à jour saison 3.

Opérations False Flag (Kfulim) ou plus clairement méthode manipulatrice pour détourner l'attention du vrai coupable.

La première saison voyait l'enlèvement du ministre iranien de la défense à Moscou, perpétré par cinq individus israéliens, les Russes trouvant ainsi un groupe de coupable idéal. Complot, usurpation d'identité et crise géopolitique, pour une enquête des services israéliens en prise avec la sécurité de l'Etat. Partant d'un fait réel, l'assassinat d'un dirigeant du Hamas en 2010, dans un hôtel de Dubaï, la méthode d'espionnage, révélé au grand jour, avait fait l'actualité. Sans aller dans la retranscription véridique des faits ou dans le portrait pointu du service de renseignement du Mossad, aux méthodes expéditives, on en profite pour changer d'ambiance, plus sobre et froide que le tout venant. Une occasion de vérifier la qualité de leur série.

On se souvient d'Hatufim, réussite incontestée et sans défaut sur ses deux saisons. Par sa gestion des temporalités et des lieux et une absence de grande séquences d'action pour rendre compte du traumatisme des prisonniers de guerre de retour au pays et de la fracture sociale qui en découle. Si l'action n'est pas au menu de False Flag non plus, les intrigues n'ont pour seule légitimité que d'introduire un certain nombre de personnages qui semblent coupables, à chacune des trois saisons, pour marquer l'atteinte psychologique qu'aura l'accusation sur leurs vies quotidiennes.

Une mise en scène aux cadrages serrés sur ses personnages rendait l'ambiance pesante et immersive en première saison. Série à petit budget, les scènes accessoires étaient évitées. Les deux saisons suivantes, n'auront pas le même impact.

Marie Feldman affirme ses bons choix de production, sauf que sur la durée, tout comme Fauda, False Flag se délite lentement. Si la première nous permettait de découvrir une série policière inédite, les coupures de rythme avec des interludes plus joyeux, n'empêchaient pas le sentiment de paranoïa. La fluidité et un rythme toujours soutenu et le peu de rebondissements, apportaient tout l'intérêt d'une mise en œuvre originale, principalement axée sur l'évolution du groupe et les dommages collatéraux. Sans en atteindre l'excellence d'Hatufim, l'absence de réponse quant à leur véritable implication jouait du suspense et rien n'était éventé dès les premiers épisodes. Les enjeux de la politique internationale et la revisite des codes d'espionnage faisaient tout son attrait, portés par des acteurs inspirés. La parfaite Magie Azarzar, Ishaï Golan (Hatufim) et Mickey Léon (Hostages), tout en flottements pour se conjuguer au flou ambiant.

La seconde partait déjà dans une baisse de rythme, de tension et d'intrigue bien moins attrayante, reprenant l'idée du complot et plus nettement à destination d'un public occidental. Avec le Liban en ligne de mire, responsable présumé d'un attentat sur un pipeline entre la Turquie et Israël ce seront encore une fois des citoyens lambda israéliens qui seront accusés d'en être les exécutants pour rester légèrement sur la ligne géopolitique. Si la mise en œuvre est identique et reprend le même schéma narratif, ou comment des personnages - pas totalement innocents cette fois-ci - vont voir leur vie chamboulée par leur implication dans un fait dramatique, il manquait déjà tout ce que la première saison proposait de tension, de suspense, de personnages en phase et de réflexion sur le harcèlement policier. Les personnages seront peu creusés -et on peut le dire, si on est ravi de retrouver M.Leon, notre enquêteur, toujours si peu commode, morose et renfermé, mais si efficace, on regrette l'absence de M.Azarzar. (John Ridley avait eu cette excellente idée pour sa série American Crime de reprendre tous ces acteurs au fil des saisons). Dommage.

La troisième enfonce le clou, plus rien ne subsiste de l'idée de base, presque tous seront coupables et les enquêteurs trouvent leur réponse avec une facilité déconcertante, ce que l'on voyait déjà poindre dans la première saison.

Avec l'assassinat d'un dirigeant d'entreprise, ce sont les réseaux sociaux et leurs détournements à des vues de contrôles sur les individus, pour parler de ses dangers et de l'actualité. Un focus sur l'agriculture, et les difficiles conditions des paysans, et la corruption avérée d'un ministre d'Etat qui fait tâche. Seul point risqué de l'exercice. Un ensemble de sujets sans vraie réflexion pour un scénario bancal, des longueurs, un suspense raté et des scènes d'actions mises à l'honneur contrairement aux deux saison précédentes, mal filmées. Une absence totale de tension et de rythme où même certains dialogues et situations ne suivent pas le fil de la narration.

Les personnages impliqués et présumés coupables, n'ont plus grand chose à nous raconter. On y remarquera une légère tentative de se dédouaner d'un racisme prégnant, incluant l'amalgame entre DAESH et tous les arabes pour mieux s'en détourner ensuite. On pense alors à Fauda et a ses fautes de goûts timidement corriger au fil des saisons. On ne peut que saluer l'idée.

Finalement, on retrouve ce qui fait aujourd'hui le mode sériel et son chemin balisé (politique et police corrompues, mafieux Russe avec l'accent , psychopathe blondinet, enfant en danger, adultère, homosexualité posés là) sans en vérifier la signature du pays d'origine et tout ce qui faisait le sel de la découverte.