Freedom
6.9
Freedom

OAV (2006)

Freedom est vendu comme une creation d'Otomo l'auteur d'Akira, mais moi je ne suis pas fan du film (rushe, histoire pas claire, enfants-vieux detestables dans ce qu'ils disent et rien qu'a voir, ambiance post-apocalyptique plate, heros qui sont des petits connards qui friment en bande sur des sortes de motos et qu'on te fait passer a la fin pour des bisounours, la transformation lourdingue du monstre, tres peu pour moi!) et j'attends de voir si le manga est mieux. Otomo n'aurait participe qu'au charadesign et on reconnait les bouilles de ses personnages en effet. Tout est fait ensuite pour rappeler la patte d'Otomo avec les decors, le grain des dessins, les cases du generique d'intro, etc., avec bien sur les courses, avec les couleurs.
Et face a cela, il est tentant de crier a l'imposture. Otomo n'a fait que le charadesign et a donne son nom, mais rien n'est de lui, et, heresie supreme, cette serie est une commande pour vendre des nouilles japonaises, des ramen, dont pour des raisons qui m'echappent completement les japonais pensent que c'est la meilleure bouffe du monde et en font l'equivalent des frites pour les belges. Et on voit a quantite de reprises dans la serie des boites de nouilles instantanees. Les gens dans la serie ne mangent que ça, surtout pour voyager de la Lune a la Terre. Pauvres humains, en etre reduit a manger des ramens tous les jours, pire des nouilles instantanees, quelle horreur ! Cette serie a un cote thriller finalement. Perso, j'aime bien des ramen ou des nouilles instantanees de temps en temps, mais j'en fais janais un repas a soi seul, mes papilles gustatives ont besoin de choses de plus haut niveau.
Bref !
Revenons a cette serie. En fait, la serie m'a plu. L'animation en une sorte de 3D je ne suis pas specialiste n'est pas top, mais elle ne gene pas le visionnaire, meme si parfois des mouvements du cou, etc, on tique un petit peu. L'animation faciale profite bien du charadesigne etabli par Otomo. Le debut du premier OAV on en a une illustration etonnamment exageree : on a des pilotes sous leurs casques ou dans leurs habitacles j'ai oublie, et ils se regardent en se jaugeant, defiant, en se narguant et en se faisant des grimaces. On voit les tetes dans une compression forte a l'image avec des angles de vue improbables. Le heros regarde avec l'oeil fort tire en arriere. L'autre il ecrase sa figure contre une vitre, tend le cou, et on voit la plastique grimaciere du visage et le roulement des yeux. J'ai trouve ces premieres images tres chouettes a regarder dans leur exageration meme. Tout au long de la serie, on a souvent les heros qui se mettent a froncer les sourcils, a fixer un point du regard avec determination ou leurs visages se contractent de rage, d'envie de pleurer. On sent qu'il y a une composition qui tirent le visage vers l'interieur, creant cette dynamique d'expression faciale, et a l'inverse pour un visage plus statique qui reste souvent eclaire par la joie comme celui de la terrienne on a plutot le sentiment d'une projection des lignes tirant vers l'exterieur du visage. Je ne sais pas trop l'expliquer, mais il y a donc un charadesign avec des ovales de visages et un placement notamment de syeux qui favorise l'idee que des lignes invisibles diregent le dessin, soit vers l'intereur pour une contraction, soit vers l'exterieur pour une decontraction.
Pour les decors, on a souvent le plaisir de decors lunaires, de visions de la Terre et de la Lune. Un truc qu'on ne sait trop classer en qualite ou en defaut, c'est lors de la course-poursuite sur la Lune, ou juste avant. Les heros sont alles trop loin, ils doivent rentrer pour ne manquer ni d'air ni du carburant. On a des images fixes des crateres de la Lune avec le bruit du vehicule lunaire qui fonce en affrontant les asperites du sol, puis on a un plan fixe des crateres avec un petit point dessus, l'image bouge autour du dessin fixe puis on a un plan qui grossit et on se rapproche du point qui devient le vehicule. Et enfin quand nous sommes au niveau du vehicule, au lieu d'une image centree sur lui, on se decale brusquement et on a une vision du sol ou le vehicule passe sur le cote.
A l'interieur du monde lunaire, on a un lieu de vie bizarre, d'enornes entrepots avec des petits commerces de tole, etc., des maisons empilees a l'allure de bidonvilles, si j'ai bien compris, mais dans un episode on a un plan ou nous sommes sur une allee, et sur le cote droit on a un empilement metallique qui fait rectangles ranges, et on a une bonne integration d'elements en rose, un rose pas trop tape a l'oeil, mais un rose bien harmonisee aux couleurs chaudes de l'ensemble et on a donc un bon mix entre le dessin d'un monde delabre fait de pieces recuperees a la casse et un monde un peu coquet.
Passons a l'intrigue. L'histoire est sympathique et le format des cinq premiers OAV il n'y a rien a redire question rythme. Le heros participe a des courses avec un engin rafistole, il montre ce qu'il est, mais il perd et on decouvre quelque chose de suspect. Il est puni pour son accident, puni pour avoir trafique son moteur de maniere illegale. On pourrait trouver normal qu'il soit puni, mais cela a ete anticipe par un avertisseur pour rejoindre les dortoirs. On sent que les libertes ne sont pas tres etendues dans ce monde. On peut le comprendre a cause de la securite necessaire pour vivre sur la Lune, mais on sent que ce n'est pas limpide pour autant. Pour cela, c'est autrement mieux qu'Akira. C'est beaucoup mieux pense et scenarise. Puni, le heros est envoye aux travaux benevoles et la il decouvre une photo d'une fille pour laquelle il a le coup de foudre immediat. Au dos de la photo, il apprend que la Terre va bien et il y une invitation a se revoir. On a la encore du bon scenario, de la bonne mise en scene, car l'idee de la rencontre Terre-Lune se double d'un amour entre un homme et une femme, et ici Terre et Lune sont habitees mais les humains sur chaque astre l'ignorent.
En effet, et ceci est encore un point fort de la serie, nous suivons la vie d'humains qui sont sur la Lune et qui revent de la Terre. L'inversion est superbe en soi, mais ce n'est meme pas cela qui est traite, c'est l'idee que la Terre est toujours habitee et que du coup l'humanite est separee en deux, avec une caracterisation ou la Terre represente des gens plus libres et la Lune un peuple savant mais sous controle strict et severe. La Terre a une atmosphere, la Lune est un fromage sous cloche qu'un systeme disciplinaire veut empecher de schlinguer.
C'est a ce moment-la que le scenario commence a envoyer les incoherences dans la figure. Par exemple, le heros tente une nouvelle sortie, il va retomber sur des photos de la jeune fille comme par hasard, mais surtout je n'ai pas compris comment pour voir la Terre au dans le ciel il faut aller jusqu'a passer le rebord d'un cratere. Il passe un rebord de cratere et paf il voit la Terre haut dans le ciel, pas a l'horizon comme un point, mais haute dans le ciel. Pire, il a du se rendre sur la face de la Lune a partir de laquelle on voit la Terre, alors que le peuple est confine dans la partie dite cachee de la Lune. Mais bon passons. Le heros s'en sort sans arret, la securite travaille a deux a l'heure, n'a aucune anticipation, ne connait meme pas toute la base, se retrouve face a un seul homme Alan qui suffit a les rouler dans la farine, etc., etc. J'en oublie en chemin, mais le scenario ne s'embarrasse pas de vraisemblance. Bref, le pouvoir lunaire n'ignore pas que la Terre est toujours habitable et que les humains reprennent le pas petit a petit, mais ils veulent tenir cela secret dans l'interet de l'equilibre de leur monde lunaire, ou le moindre dereglement peut entrainer une catastrophe, sauf que cette police est inhumaine et finalement machiavelique.
Le heros parvient a partir sur la Terre avec un compagnon. Sur la Terre, il rencontre, heu comment dire ?, il rencontre les sixties. Il y a un sosie de Jimi Hendrix, c'est le delire complet. Il traverse la Route 66, mais nous sommes au vingt-troisieme siecle, tout est a l'abandon, les humains utilisent de vieilles infrastructures qu'ils ne savent plus creer pour l'instant, ni entretenir. Le heros a geolocalise l'emplacement d'ou la fille a pris des photos, il la retrouve en Floride. Et on decouvre le rite des envois de fusee vers la Lune.
Le recit raconte des choses simples, mais c'est sympa, cela coule de source. Tout va bien. En revanche, les deux derniers OAV, meme si le tout dernier fait 40 minutes contre 20 minutes pour les autres, j'ai trouve cela tres court pour nous raconter le retour sur la Lune. Apres avoir fabrique une fusee avec une fougue d'amateurs digne de Troposphere 5, le heros revient sur la Lune avec son amie entre le sixieme et le septieme OAV. Au debut du septieme, ils sont arretes et la fille nous fait dans la prison un cours d'optimisme qui depasse de tres loin l'horizon de mon pauvre entendement, mais elle a raison puisqu'ils s'echappent cafe-creme, se font reprendre certes, mais s'en ressortent cafe-creme. Il faut dire que le dernier episode est un peu grand-guignolesque et a un concentre d'action un peu convenu.
Le dernier OAV a son propre sujet, la relation entre Takeru et Kazuma. Ce n'est pas nul, mais ce n'est pas si top que cela non plus.
Les dernieres secondes, on a une fin comique a l'americaine genre Retour vers le futur. Le heros arrive dans une fusee enflammee qui explose au sol, mais il a saute en parachute, je vous passe les details du comment c'est possible, c'est a notre imaginaire de faire le travail. Et la facon Doc parlant a Marty de ses enfants, il leur dit qu'ils doivent faire leurs bagages pour rejoindre Alan qui a relance le programme Terraformars et s'y rend.
Bref, la fin desamorce a l'evidence tout le serieux de l'histoire, mais dans sa simplicite celle-ci avait de bons elements, il y avait une excellente structuration des rapports entre la Terre et la Lune, avec de bons developpements pour justifier la difference entre une Terre ou les gens sont aimants et libres et une Lune controlee par une autorite securitaire qui finissait par s'aliener en devenant injustement repressive et atrocement insensible.

davidson
5
Écrit par

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le 8 janv. 2020

Critique lue 311 fois

davidson

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