A ses débuts, impossible d’imaginer ce que « fringe » allait devenir par la suite. Et j’en déduis que vu la note beaucoup se sont arrêtés à leurs premières impressions… Car les deux premières saisons sont majoritairement constitués de stand-alone style affaire de la semaine. Pas nécessairement inintéressant, puisque l’idée derrière est de montrer que le futur est déjà en marche, que certaines technologies qui appartenaient à la science-fiction commencent à être développées dans des laboratoires (comme l’invisibilité). Ainsi l’équipe a recours à des technologies futuristes pour résoudre ses enquêtes, comme se connecter au cerveau d’un suspect pour accéder à ses informations. La plupart des cas reste toutefois impossible.
Les personnages sont développés, ayant tous livrés de forts moments d’émotions. Olivia, l’agent spécial, à l’image de Sydney Bristow de Alias, est un personnage féminin fort, tour à tour déterminée et vulnérable, froide et compatissante. L’autre révélation est Walter Bishop, scientifique de génie mais un peu fou, passant d’une idée à l’autre, parlant d’une nouvelle recette de milk-shake à la framboise en plein milieu d’une autopsie ! Un personnage qui aura donc aussi offert de bons moments d’humour.
La dynamique de l’équipe évolue. Peter et Olivia se rapprochent, tandis que Peter et son père Walter renouent des liens père-fils. Leur relation est sans doute la plus réussie. Peter qui n’avait pas trop sa place au début finit par s’engager pleinement.
Une mythologie est mise en place : expérience avec le cortexiphan pour provoquer l’apparition de pouvoirs spéciaux, Observateurs, monde parallèle…
Mais si une intrigue et une mythologie sont bien présentes dès la deuxième moitié de la première saison, ces épisodes indépendants assez inégaux gâchent un peu le rythme. Surtout ceux de la saison 2, dont certains cas n’ont strictement aucun rapport avec l’intrigue !
Lorsque la véritable origine de Peter est révélée, avec toutes les implications que cela entraîne, la série est véritablement lancée. Le second univers parallèle prend alors une importance capitale.
Dès la saison 3, l’intrigue tient donc le devant de la scène, et avance dans chaque épisode. La saison alterne les deux univers, avec comme thème la guerre entre les deux mondes, avec des deux côtés deux versions d’un même personnage. L’Olivia de l’autre côté (Folivia) est plus ouverte et souriante, tandis que l’autre Walter (Walternate) est froid et implacable. Un challenge parfaitement réussi pour les acteurs, capable de déployer toute une palette de sentiments. D’autant que si ces secondes versions sont présentées au début comme des ennemis, cette vision de la situation va assez vite changée. Si le thème des mondes parallèles n’est pas nouveau, c’est la première fois que le thème est abordé de cette manière. Une histoire originale donc. Nouvelles relations, doutes sur la conduite à tenir, trahisons, rebondissements et révélations sont au programme pour la saison 3. Les scénaristes ont trouvé le bon équilibre entre mythologie et stand-alone, une histoire indépendante pouvant faire avancer l’histoire. Avec des épisodes vraiment exceptionnels, comme celui ou Walter, Peter et Bell pénètrent dans l’esprit d’Olivia, avec des images de dessin animé. Rarement je n’aurais été aussi emballé par une saison.
Par la suite les scénaristes n’ont pas hésité à changer radicalement l’histoire, dans un continuum différent (saison 4), ou le futur (saison 5). Une prise de risque à féliciter, malgré parfois quelques problèmes de rythme (début saison 4 et saison 5).
En début de saison 4, la présentation du nouveau monde sans Peter prend facilement un épisode de trop, et il faut un peu de temps avant que n’apparaisse le nouvel ennemi. Mais une fois la nouvelle dynamique mise en place et la menace apparue, la série retrouve sa qualité.
Une fois n’est pas coutume, malgré ses audiences très basses, la série fut soutenue par la fox (la même chaîne qui a quand même annulé firefly !), qui l’a renouvelé pour une ultime saison 5 pour donner une conclusion digne de la série. Sans être une déception, cette saison présente toutefois quelques défauts. La recherche des éléments du plan pour défaire les Observateurs tient difficilement toute la saison, qui doit être comblée par quelques intrigues secondaires, au développement parfois décevant. Pendant une bonne partie de la saison, l’équipe récolte les éléments du plan sans en savoir plus sur lui, et le combat contre les Observateurs n’avance guère. Enfin quelques incohérences, notamment une certaine facilité à échapper aux ennemis. Ce qui n’empêche pas d’avoir de grands moments intenses comme « fringe » sait bien produire. Heureusement le final rattrape ces défauts, rassemblant tous les éléments de la série dans un ultime adieu : anciens personnages, univers parallèle, et même clins d’œil appréciables aux toutes premières affaires l’équipe. Emotions, suspens et actions sont donc présents pour un final très satisfaisant, un ultime adieu à cette série inventive et audacieuse.
« Fringe » nous aura fait voyager au-delà des limites de la science, ou l’impossible devient possible. Elle nous aura surpris, accroché et ému pendant 5 ans, malgré quelques défauts qu’on lui pardonne aisément. Comme toute longue série suivie depuis le début, ce n’est pas sans émotion que l’on doit lui dire adieu.
