Game of Thrones
8.2
Game of Thrones

Série HBO (2011)

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Saison 1 (8/10) :


Qui dit « série événement » peut souvent vouloir dire « déception » tant l'attente est grande et en conséquent le résultat un peu en-deçà des espérances. Nul problème de ce genre avec « Game of Thrones », imposant le respect dès les premiers instants et se regardant passionnément jusqu'à la dernière minute, et ce pour de nombreuses raisons. L'important budget savamment exploité dans les décors et costumes bien sûr, mais surtout une histoire captivante de bout en bout, où l'on ne se perd jamais malgré un nombre impressionnant de protagonistes, tous remarquablement dessinés d'ailleurs.


C'est d'ailleurs aussi cela l'une des grandes forces de cette première saison : on a beau savoir qui est du bon et du mauvais côté, les choses sont loin d'être aussi simples, et difficile de savoir à qui l'on peut se fier devant ce festival d'arrivistes et d'ambitieux aux intentions souvent moins nobles les unes que les autres. Pourtant, difficile de ne pas se sentir constamment fasciné, le scénario alternant brillamment enjeux cruciaux et moments de pause particulièrement réussis, à l'instar de nombreuses scènes intégrant le saisissant Tyrion Lannister, remarquablement interprété par Peter Dinklage.


Mais on pourrait à ce titre citer quasiment l'intégralité des personnages, des principaux aux plus secondaires, jamais sacrifiés. Bref, une série qui a tout pour plaire, de sa savante complexité à son univers infiniment riche en passant par des héros et des scènes nous restant longuement en mémoire : indispensable.


Saison 2 (9/10) :


La première saison était superbe : la seconde l'est encore plus. S'il faut quelques instants pour se replonger dans cet univers très sombre et violent, la passion reprend vite le dessus, et c'est évidemment un régal. Car si on retrouve les mêmes immenses qualités que précédemment, c'est encore plus beau, plus riche, plus captivant... Le secret est d'ailleurs là : parvenir à encore élever le niveau de la série sans jamais vouloir en faire trop, notamment à travers des moyens pourtant encore plus grands. Il aurait été pourtant facile de se perdre dans cette impressionnante galerie de personnages, mais tous sont tellement captivants, chacun représentant des enjeux constamment essentiels que l'on voudrait que chaque histoire dure une heure entière.


Ainsi, on perd quelques figures pour en découvrir de nouvelles, toutes aussi fascinantes que les précédentes, quitte à être particulièrement négatives... Et puis ces plans, ces stratégies, ces luttes de pouvoirs complexes voire terrifiantes où le mensonge, la manipulation et la trahison sont les maîtres-mots font froid dans le dos par leur réalisme, représentation impitoyable mais ô combien lucide de la nature humaine. Le tout dans des décors nous vendant du rêve comme peu d'œuvres sont capables de le faire aujourd'hui, sans oublier une impressionnante bataille (la première après 19 épisodes!), moment majeur d'une série qui l'est pourtant déjà à bien des égards... Bref, c'est grand, c'est puissant, c'est majestueux, c'est magistral : c'est le deuxième volet de « Game of Thrones » !


Saison 3 (8/10) :


La deuxième saison avait placé la barre incroyablement haut, et pourtant j'étais presque persuadé que ce troisième volet saurait largement être à la hauteur des attentes. Je ne me suis pas réellement trompé : aussi sombre que luxueuse, aussi violente que passionnante, peuplée de figures charismatiques et intrigantes, « Game of Thrones » continue de nous livrer un univers foisonnant oscillant avec toujours autant d'habileté entre réalisme et héroïc fantasy, le tout avec un soin dans l'écriture et la réalisation dont peu de séries peuvent se targuer.


Seul léger regret : un nombre de personnages devenant vraiment très important, laissant parfois trop de place à certaines sous-intrigues et ralentissant en conséquent les récits plus importants. M'enfin, il y a tellement de talent, de passion et de scènes marquantes qu'on lui en tient peu rigueur, confirmant au passage le statut tout à fait exceptionnel de la série aujourd'hui. Et dire que la quatrième passe pour être encore meilleure...


Saison 4 (8/10) :


C'est vrai, j'ai trouvé le redémarrage comme toujours un peu laborieux. C'est vrai, cette profusion toujours aussi importante de personnages ne prête pas vraiment à la lisibilité. C'est vrai, je trouve que l'évolution du récit reste quand même un peu lente... Toujours est-il que cette quatrième saison reste d'une subtilité et d'une intensité rarement égalée, visuellement splendide et montant en puissance au fil des épisodes pour atteindre un niveau assez vertigineux sur les trois derniers, notre plaisir à suivre ces aventures volontiers épiques restant très grand du début à la fin.


On est d'ailleurs gâté en scènes inoubliables


(la plaidoirie déchirante de Tyrion, Khaleesi enfermant ses dragons, l'affrontement Oberyn Martell - Gregor Clegane et son dénouement, insoutenable, sans oublier celui entre Le Limier et Brienne de Torth, d'une rare bestialité)


et en événements nombreux


(la trahison de Jorah, la victoire de la Garde de Nuit sur les sauvageons et surtout la mort de nombreux personnages clefs (Joffrey (EN-FIN!!), Shae, Tywin Lannister et très probablement Sandor Clegane),


si bien que malgré les réticences de départ, j'ai fini par être subjugué par ce voyage toujours aussi habile pour nous donner inexorablement envie de découvrir le prochain volet... Non, décidément, impossible de décrocher à cet univers unique dans l'Histoire de la télévision : la suite, vite !


Saison 5 (7/10) :


J'ai longuement hésite entre cette note et celle supérieure, et si j'ai choisi celle-ci, c'est en définitive plus pour noter une légère baisse de qualité que pour réellement la « sanctionner ». Parce que bon, « Game of Thrones », ça reste quand même « Game of Thrones » : une série somptueuse visuellement, épique à souhait, avec toujours son lot de scènes marquantes et une violence peut-être encore plus exacerbée ici, des personnages devenus quasiment des « fidèles »... Vraiment, il serait dommage de passer à côté.


Cela écrit, que ce soit certaines sous-intrigues un peu fumeuses ou ne m'ayant tout simplement pas plus intéressé que ça, ou encore le sentiment que l'intrigue n'a en définitive pas énormément avancé vis-à-vis de la saison 4 qui m'ont parfois frustré et ne m'ont pas permis de ressentir autant de plaisir que précédemment. Qu'à cela ne tienne : rien que pour quelques moments


(l'affrontement entre les fidèles de Khaleesi et les Fils de la Harpie, le bannissement de Cersei, les moments intégrant Jonathan Pryce, le sacrifice (in)humain de Myrcella Baratheon, l'après-mariage de Ramsay et Sansa, entre autres),


cette cinquième saison justifie amplement son visionnage et contribue, même plus modestement, au statut de série culte qu'elle « Game of Thrones » depuis maintenant plusieurs années : à bon entendeur...


Saison 6 (7/10) :


Soyons clairs : si je ne mets « que » sept étoiles à cette sixième saison, c'est pour mettre en perspective l'excellence qu'avait pu être « Game of Thrones » à ses débuts : tout simplement une série exceptionnelle, tellement spectaculaire, tellement complexe, tellement intelligente et lucide sur la nature humaine... Une référence absolue. Cela fait maintenant deux saisons (minimum) que c'est moins le cas. Peut-être un léger sentiment de lassitude, un effet de surprise logiquement estompé, mais aussi une volonté des créateurs d'être plus « grand public », en tout cas plus consensuel.


Alors que l'œuvre était capable précédemment d'être parfois d'une cruauté, d'une audace dans ses choix narratifs l'éloignant fortement des canons hollywoodiens, ce volet cède à plusieurs reprises à la facilité


(Jon Snow revenu d'outre-tombe... vraiment?),


épargnant ainsi nombre de personnages vouées à la mort. On a un sentiment de laisser-aller par moments, de ne plus chercher d'astuces ou de plans complexes pour parvenir à ses fins


(l'impressionnante explosion du Temple et la disparition brutale de plusieurs protagonistes importants en est un des meilleurs exemples) :


on va (un peu trop) à l'essentiel et le récit y perd parfois en densité dramatique.


Mais « Game of Thrones » reste « Game of Thrones » : une série superbement réalisée, aux images souvent inoubliables et à l'univers aussi ample que riche, comme en témoigne ce générique et cette musique dont on ne se lassera décidément jamais. Mieux : la disparition de plusieurs héros permet de resserrer l'intrigue et de se concentrer sur les événements les plus importants, avec au passage quelques surprises


(la « résurrection » de Sandor Clegane)


et plusieurs scènes épiques, la plus intense restant évidemment l'affrontement entre


l'armée de Snow et celle de Ramsay Bolton, le destin particulièrement funeste de ce dernier ne pouvant que nous faire hurler de joie.


Le plaisir est là, l'émotion souvent aussi, et si les scénaristes ne sont pas au sommet de leur forme (le fait que cette saison soit la première écrite sans le support des romans de George R.R. Martin aurait-il un rapport direct?), plusieurs moments forts sont au rendez-vous, notamment le récit touchant Arya, nettement plus réussi que dans le précédent volet. L'âge d'or de la série est certainement passé : reste que cette dernière a peu de rivaux en matière de maestria visuel et d'enjeux dramatiques forts : malgré une structure moins subtile, cet antépénultième volet demeure de bonne tenue.


Saison 7 (8/10) :


Ah, « Game Of Thrones »... Est-il vraiment utile de présenter ce monument de la télévision, ayant pris fin récemment avec une conclusion n'ayant pas satisfait tout le monde (euphémisme) ? En attendant, c'est de la septième saison dont il est question ici et en ce qui me concerne, la réussite est quasi-totale. Que ce soit ce sens du « romanesque épique » toujours aussi impressionnant, ce visuel incroyable ou la puissance des enjeux, très centrés sur la stratégie, notamment militaire, à adopter, difficile de résister au souffle nous emportant régulièrement, parvenant sans doute encore plus que dans le précédent volet à trouver l'équilibre entre spectacle total et réflexion souvent passionnante sur le pouvoir, la complexité des relations humaines (amis ou ennemis), incarnées notamment par le « jeu » des alliances pour espérer triompher.


Le tout à coup de scènes inoubliables : je pense évidemment à l'impressionnante


attaque initiée par Daenerys Targaryen et surtout la mort de son dragon, particulièrement intense, le presque aussi impressionnant affrontement face aux Marcheurs (pas de blague politique, aussi tentante soit-elle, merci) sur la glace ou la conclusion et la destruction en un quasi-claquement de doigts du fameux mur...


Certes, il y a beaucoup de personnages, et sur la fin, on n'échappe pas à quelques grosses facilités


(Jon Snow sauvé de nulle part par son oncle qui traînait dans le coin, la découverte de ses origines de futur héritier)


m'empêchant d'être encore plus extatique, mais l'essentiel est ailleurs : « Game Of Thrones » confirme une fois de plus son statut de mythe télévisuel, dont le seul réel regret sera sans doute de ne pas avoir découvert ces dizaines d'heures dans les salles obscures... Et en attendant de vous donner mon humble avis sur le dénouement, profitons pleinement de cette nouvelle magnifique réussite : winter is arrived ? Qu'importe, le royaume de Westeros reste toujours aussi grandiose.


Saison 8 (7/10) :


Ça y est, c'est fini. Débutée lors de mes années étudiantes, c'est en 2021 que l'aventure « Game of Thrones » (oui, deux ans après tout le monde, je sais) se termine pour votre serviteur, et nul doute qu'il y avait me concernant autant d'excitation que d'inquiétude. Évidemment, terminer un tel monument de la télévision n'est pas anodin, et j'étais quand même bien impatient de savoir comment cette longue quête du pouvoir allait se conclure. Par ailleurs, les échos n'étaient globalement pas bons, laissant craindre une conclusion pas vraiment à la hauteur du mythe. Et c'est vrai que cette huitième saison n'est pas la meilleure. Loin de là.


Cela écrit, j'y ai quand même trouvé certains réels motifs de satisfaction. D'abord, qu'est-ce que c'est beau. Je sais que c'est une caractéristique évidente de la série, mais pour moi qui ne m'y étais plus replongé depuis ans, c'est assez impressionnant, qui plus est en Blu-Ray sur une belle télé. De plus, s'ils ne sont pas les mieux écrits ni les plus intenses dans leur dramaturgie, les épisodes trois et cinq n'en sont pas moins des spectacles impressionnants, dignes (voire très supérieurs) des plus grandes productions hollywoodiennes, l'incroyable qualité des effets spéciaux, les combats, la logique de destruction massive, le feu : tout y est pour rendre pour rendre ces moments inoubliables, et tant pis si, notamment dans le premier cité, il y a finalement


« peu » (comprenez les personnages importants) de perte pour les gentils.


Non, vraiment, c'est absolument dantesque, de très grands moments de cin... télévision.


Malheureusement, le reste est moins glorieux. Les deux premiers épisodes, s'ils ont leurs bons moments et peuvent se justifier dans une logique de mise en place, sont assez bavards et auraient pu être condensées en un sans trop de soucis. On sent qu'en dehors des affrontements purs et durs, le récit est beaucoup moins intense et qu'hormis l'enjeu suprême, le reste est devenu beaucoup plus anecdotique, quelques touches d'humour mal contrôlés ou l'étonnante capacité de certains à se déplacer aisément d'un endroit à l'autre laissant dubitatif.


Et il y a donc cette fin. Certes, elle manque de panache, de grandeur. Mais bon, je ne la trouve pas si incohérente et encore moins honteuse, évitant les solutions de facilité trop évidentes auxquelles tout le monde s'attendait (moi le premier), offrant même quelques rebondissements assez inattendus, parfois avec une évidente mélancolie. Rien de triomphal, mais rien d'indigne non plus. Un dénouement correct où, comme dirait Tyrion : « personne n'est vraiment content, j'imagine que c'est donc un bon compromis ».


En tout cas, cette fois, c'est vraiment fini. La fin d'une époque, d'une ère, presque ! Il va falloir que je m'habitue. En attendant, même avec ce dénouement en demi-teinte, même avec ses quelques loupés, (merci à) David Benioff et D. B. Weiss pour toutes ces émotions, cette intensité, cette richesse, pour avoir créé un véritable mythe télévisuel, assurément le plus grand (et de loin) du XXIème siècle : bravo et surtout, merci.

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le 2 sept. 2021

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Caine78

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