Game of Thrones
8.2
Game of Thrones

Série HBO (2011)

Voir la série

Saison 1:


Pas spécialement adepte de la fantasy, je me suis lancé dans l'aventure "Game of thrones" sans un appétit particulier, sans aucun a priori.


Passé le léger trouble à voir un récit dépeindre des personnages très chargés, aussi marqués par atavisme au bien ou au mal, j'ai fini par apprécier le thriller politique auquel ces 10 épisode nous convient. C'est effectivement ces double et triple jeux entre les personnages, les castes, les familles, ces emberlificotes d'ambitions, de traditions, d'enjeux dépassant les hommes qui font la grande farandole, complexe, joyeuse et tragique de ces histoires.


Certes, il n'y a rien de fondamentalement original là-dedans, mais ce qui pourrait s'avérer compliqué est décrit avec une certaine grâce. Surtout ce joli travail d'écriture -ainsi que de mise en scène- n'altère en rien le grand spectacle, bien au contraire! Cette première saison s'avère en effet très mouvementée, mais cela se tient. L'ensemble n'est jamais pris en défaut, cela reste toujours cohérent et le suspense est bel et bien présent de bout en bout.


Notamment, grâce au très rapide attachement que l'on peut ressentir pour les personnages. Certains comédiens sont très bons. Cette distribution britannique et américaine nous a dégoté là quelques spécimen prodigieux.


Celui qui m'épate le plus est sans doute Peter Dinklage, toujours juste et qui dégage un charme systématique. Son aisance, sa précision sont pour beaucoup de ce ravissement.


J'ai été plutôt impressionné par le jeu très ambiguë de Lena Headey. Longtemps j'ai cru à une quelconque comédienne, son personnage semblant très monolithique, mais deux-trois scènes bluffantes montrent qu'elle est plus compliquée et riche, plus difficile à appréhender que son fils par exemple, joué par l'horripilant Jack Gleeson, qui est pour moi beaucoup trop léger, trop archétypal.


J'hésite encore avec Nikolaj Coster-Waldau. Il m'a tout l'air d'être un plagiat du prince charmant de Shrek, mais une scène ou deux laissent supposer que lui aussi cache quelque chose de plus touffu, de plus intéressant.


Souvent lors de cette saison, certains personnages apparaissent schématiques pendant quelques épisodes et sont mis en lumière sur un autre. Heureuses surprises qui valorisent d'autant le travail d'écriture de cette série. Même pour les personnages les plus épais. Par exemple, Jason Momoa, qui joue un gros lourdaud, a une scène importante et il ne la loupe pas. C'est dire si même les petits rôles ont la possibilité de briller sur cette saison.


Mon enthousiasme pour cette série n'est pas débordant, mais j'ai bien aimé. Je ne suis pas encore totalement conquis, car ce qui se dessine parait plus spectaculaire que profond. Je n'affirme rien : c'est un sentiment encore confus. On est ni dans le questionnement de "Mad men" ni dans la pénétration du cynisme de "The wire", séries qui m'ont nettement marqué ces derniers temps.


Pourtant je suis d'ores et déjà curieux de découvrir la suite. J'ai bien envie de voir si certains personnages vont évoluer, si la qualité plastique dans les effets spéciaux ou dans les décors se maintiendra.


http://alligatographe.blogspot.fr/2014/02/le-trone-de-fer-saison-season-1-game-of.html


Saison 2 :


Après une première saison satisfaisante dans l'ensemble mais qui avait nourri chez moi quelques inquiétudes vis à vis de l'extrême manichéisme de certains personnages, j'ai été plutôt rassuré.


Joffrey (Jack Gleeson) demeure encore un écueil à ce propos. Il est à ce point sans surprise et monolithique dans son outrance maléfique ou psychopathologique qu'il est toujours un peu saoulant. Vivement qu'il crève celui-là, parce qu'il fait tâche par rapport à d'autres "méchants", beaucoup plus complexes et qui interrogent bien davantage la notion de bien et de mal. Lui n'est que caricature, le fils indigne, le petit sadique en culotte courte, la tête à claque, le parfait imbécile.


Donc, à part ce zouave, les autres personnages prennent encore de l'épaisseur, une consistance savoureuse qui, si elle ne permet pas à chaque personnage de déclencher de grandes questions philosophiques, a au moins l'avantage d'attiser la curiosité sur leur devenir ou de les rendre en quelque sorte attachants, voire carrément émouvants.


Tyrion (Peter Dinklage) confirme tout le bien et l'agréable dont il avait fait la démonstration lors de la saison précédente. L'acteur est toujours aussi bon, son personnage intelligent et humain enrichit son capital sympathie avec une grande facilité. Sa relation amoureuse est touchante en même temps qu'elle le met dans une position périlleuse.


Cette saison 2 voit également la mise en "vedette" de Theon (Alfie Allen). D'abord figure même de la grande gueule nigaude, son image l'emprisonne et l'oblige de plus en plus à couper les ponts avec sa famille et ses amis, dans une lente mais sûre descente en enfer. Entre le bien et le mal, le pauvre n'est pas aussi net qu'on aurait pu le craindre. Il fait pitié, dans une posture romantique à souhait, gothique même, plein de souffrance. Sa déchéance est dessinée avec talent. Sa progression étant soigneusement décrite et réaliste, elle n'en a que plus de poids.


J'ai l'impression que cette saison 2 est beaucoup plus éprouvante pour les nerfs du spectateur, une saison très noire, violemment sombre, bien plombée par le côté obscur de la force qui semble étendre son emprise malgré les vaines gesticulations des héros. En dehors de la maison Stark, on a aussi la confirmation que le monde de "Game of Thrones" a quelque chose de shakespeariennement pourri, qu'il est gouverné par des familles complètement frappées. à se demander comment Robert Baratheon a pu acquérir, puis maintenir son autorité sur tous ces royaumes de pétés du bocal. Quoiqu'il en soit, sa disparition crée un méchant trouble dans l'équilibre diplomatique de Westeros et la saison 2 montre bien cet écheveau particulièrement compliqué qui se met en place.


Dommage qu'il y ait ce roi fantoche au sommet! Comment se fait-il qu'une femme aussi rusée que Circei (Lena Headey) ainsi qu'un grand-père Lannister aussi stratège (Charles Dance) n'aient aussi peu de prises, n'aient pas mis de garde-fou entre le jeune roi et son pouvoir? Le personnage fausse un peu la donne en matière d'écriture, il sonne faux avec tout ce qui l'entoure. J'ai vraiment du mal avec ce personnage. Ça se sent, non?


Plus haut, au nord, la balade de Jon Snow (Kit Harington) et ses compères à doudounes devient passionnante. Cette saison prépare sans doute de grands bouleversements pour la prochaine de ce côté du mur.


Le personnage d'Ygrite (Rose Leslie) me plait beaucoup et peut amener bien plus qu'un vent de fraîcheur sur cette partie de l'aventure. Blizzard en perspective?


Avec les targaryens, je suis un poil déçu par l'espèce d'enlisement de la Khaleesi (Emilia Clarke), entre sa meute essoufflée, les ruses magiques et embagousées des gens de Qarth. Je ne suis pas mécontent qu'on en sorte enfin au terme de cette saison. Je n'ai pas le sentiment qu'on ait véritablement avancé de ce côté-là de la mer. La Khaleesi n'a rien perdu de son prestige, mais n'a rien gagné non plus. D'où le sentiment d'enlisement. Sa relation avec Jorah Mormont (Iain Glen) n'a pas grandement évolué, ses dragons n'ont été d'aucun secours, bref, on tourne un peu en rond.


Donc une saison 2 plutôt sombre, éprouvante, toujours addictive et qui se révèle pleine de promesses pour la saison 3.


http://alligatographe.blogspot.fr/2014/04/game-of-thrones-season-2.html




Saison 3:


La surprise est vive. Je notais lors de la saison 2 que la série avait pris des tonalités bien sombres et que les événements devenaient fort éprouvants pour les personnages. Que dire alors de cette troisième saison où l'on ampute, l'on égorge et l'on torture à tour de bras ?


La série est toujours passionnante. Chaque fin d'épisode se termine sur la hâte de voir le suivant, mais certains sont tout de même difficiles à suivre, voire désagréables. Les scènes de torture, le degré de violence gratuite de certains personnages fait passer l'ignominie des Lannister pour de l'angélisme mignonet. Et à un moment, on peut se demander quel est le sens de cette surenchère dans la violence, si cela vaut vraiment la peine d'indisposer autant le spectateur. Quoi qu'il en soit, avec un tel déballage de haine et de perversité malsaine, la série se coupe définitivement à mes yeux du jeune public : on n'est plus dans le spectacle familial, mainstream que des esprits très larges et tolérants pouvaient peut-être trouver aux deux premières saisons (encore qu'il y ait quand même pas mal de sang qui gicle et de nichons qui gigotent à l'air libre). Avec cette saison 3, ce n'est même plus regardable en dessous de 13 ans je le crains. Et encore, je vois large.


Une fois qu'on a établi cette vérité et qu'on a compris qu'il faut avoir le cœur bien accroché pour regarder cette saison 3, on est heureux de découvrir que des personnages aussi simples et caricaturaux que Jaime Lannister (Nikolaj Coster-Waldau) recelait finalement une part d'humanité, une certaine moralité. Sa relation avec Brienne (Gwendoline Christie) constituent un des axes centraux de toute la saison. Elle donne un peu plus d'épaisseur aux deux saisons précédentes du personnage.


Tyrion (Peter Dinklage) est un peu moins au centre, sauf quand il s'agit de l'affreuse position dans laquelle son père le met vis-à-vis de Sansa (Sophie Turner).


Au nord, Bran (Isaac Hempstead Wright) grandit à vue d’œil et son périple prend là aussi de l'envergure. Belle promesse d'avenir.


Au-delà du mur, la relation entre Jon Snow (Kit Harington) et Ygritte (Rose Leslie) tourne à ce qu'elle laissait présager. Son dénouement intrigue autant qu'il invite à suivre la saison 4.


J'ai bien aimé voir comment la Khaleesi (Emilia Clarke) élabore outre-mer son armada. Vivement qu'elle aille à Westeros ! Je regrette un peu la pâleur d'un nouveau personnage qu'on lui met entre les jupons : Daario Naharis (Ed Skrein). Le comédien à une tête trop banale et un charisme trop lisse, trop fade. On ne voit que trop qu'il n'est là que pour emmerder Jorah Mormont (Iain Glen), susciter sa jalousie en somme. Le procédé est amené avec une évidence un peu lourde. Surtout, il aurait fallu un personnage plus subtil.


D'autres personnages prennent un peu plus d'importance et on en est heureux : Clegane (Rory McCann), pas encore irrécupérable, par exemple ou Davos (Liam Cunningham).


Quant au péril du Nord, l'hiver arrivant, il en est encore au stade de la prémisse, juteuse certes -même la belle sorcière rouge (Carice van Houten) a les jetons-mais prémisse uniquement.


Là aussi, j'ai hâte qu'ils passent le mur et que tout le jeu diplomatique élaboré jusque-là, plombé par ces milles vengeances épaisses, finisse par exploser. Je veux les marcheurs blancs et la Khaleesi et tous les roitelets au milieu.


Vivement que la quatrième saison soit achevée ! Je viens de me faire spoiler la gueule par une capture d'écran détournée sur la page Facebook du Gorafi. Aussitôt likée, aussitôt dé-likée ! Vite ! On se bouche les oreilles et on se crotte les yeux.


http://alligatographe.blogspot.fr/2014/04/game-of-thrones-season-3.html




Saison 4:


Une saison 4 bien pleine, bien faite, dans la continuité de la saison 3. Elle en conclut bien des enjeux, en crée de nouveaux.


Les surprises sont nombreuses, c'est le moins que l'on puisse dire, c'est sans doute la plus étonnante saison. Une saison riche et fort plaisante, comme les précédentes. Pas de perte de vitesse ni de qualité à répertorier.


Sur les caractéristiques essentielles, la violence est toujours bien présente. Cependant moins de torture à déplorer, peut-être un peu plus de gore.


Le côté fantastique (heroic fantasy) se développe un chouïa, notamment dès qu'on va au delà du mur. Peut-être aussi un peu moins de cul, c'est assez rare pour le souligner.


Ce qui impressionne, c'est la vitesse, le rythme de cette saison. J'ai l'impression de n'avoir vu que deux ou trois épisodes, tellement les situations s'enchaînent rapidement. Ça bouge énormément, beaucoup de mouvements que l'on doit, comme je le disais plus haut, au fait que des chapitres y sont bouclés et que de nouvelles aventures se dessinent pour la saison 5. De nouvelles relations se nouent tandis que de plus anciennes se terminent.


Les rebondissements sont nombreux et tellement spectaculaires. Personnellement, j'en ai loupé un grâce à un lamentable "spoile" que je dois au Gorafi (un nom désormais banni chez moi, z'ont perdu un client). Le spoile, c'est ce qu'il peut arriver de pire sur une série. C'est un crime. Mobile? Snobisme, ego, connerie, il y a le choix. En tout cas, quand on se permet de mettre sur Facebook une capture du cadavre d'un personnage majeur, pour faire un mot, on affiche ouvertement son mépris pour ses lecteurs en même temps qu'une autosatisfaction puante. Impardonnable. J'en suis encore irrité comme vous le voyez et je crois que la rancune est mon plus gros défaut. Bref, le visionnage de cette saison 4 aurait pu être encore plus spectaculaire.


Autre caractéristique primordiale de la série : les grandes scènes, le jeu des comédiens. Sur ce point, je suis un poil moins épaté. Disons qu'elles se voient trop, que la mise en scène appuie un peu le texte (peut-être pas à la hauteur des saisons précédentes, bien qu'encore élevé). Certaines répliques sont fortes, émouvantes ou drôles, mais je suis moins souvent impressionné.


ll y en a une que j'ai adorée, qui me parait parfaite dans l'écrit, comme dans le joué ou dans le rythme, c'est celle où le limier (Rory McCann) cherche l'embrouille dans une auberge auprès d'hommes de mains de la maison Lannister.


Sinon, il y a de grandes scènes : Tyrion et son frère, Tyrion et son acolyte (Jerome Flynn), la colère de Daenerys Targaryen (Emilia Clarke), de nombreuses scènes entre Arya Stark (Maisie Williams) et le limier. Mais on sent bien qu'on nous pointe du doigt ces scènes, c'est trop voyant. Il manque de l'inattendu, du naturel, peut-être un peu plus finesse dans la mise en scène? Autant de problèmes (oh très légèrement ressentis!) qui n'apparaissaient pas si souvent sur les saisons précédentes. N'allez pas croire que je ne les ai pas aimées ces séquences, c'est juste que j'ai branché le chipotomètre. Enfant gâté pourri que je suis! Parce qu'elles sont très bien ces scènes.


Par contre, dans l'action pure, dans l'intensité du combat, sur les champs de bataille ou de simples bastonnades, cette saison est sans doute la plus riche jusqu'à maintenant. Ce qui doit appuyer ce sentiment de mouvement général.


Et il y a même une scène d'anthologie, qui m'a littéralement coupé le souffle. J'étais complètement dans le combat, ahuri par la violence et l'enjeu. Tenez en voilà une surprise, je ne m'attendais pas à cette belle scène! Bon, j'ai beau tourner ça dans ma tête et sur le papier, je ne trouve pas moyen d'en parler sans spoiler, donc à partir de maintenant, je commente sous spoiler. Si vous ne voulez pas vous faire amocher, fin de lecture, si vous avez déjà vu la saison 4, vous pouvez entrer.


\\ DEBUT SPOILER:


Donc il s'agit du combat final entre le limier et Brienne (Gwendoline Christie). Des deux personnages, celui dont on imaginait mal qu'il puisse devenir sympathique est bien celui Rory McCann, seulement, son périple avec Arya (Maisie Williams) le transfigure en un ange gardien mi-ogre, mi samaritain, jonglant difficilement pour le respect qu'il consent à Arya et son cynisme trouble. Son passé, son traumatisme en font un personnage finalement attachant. Aussi la rencontre métallique avec Brienne est un des déchirements auxquels la série nous a maintenant habitué. Ce qu'on comprend vite, c'est que l'affrontement est inévitable. De même que l'issue fatale pour l'un des deux. La tension est à son comble sur ces basses montagnes. On ne sait évidemment pas qui va s'en sortir et la violence des coups est phénoménale. On a mal pour eux. Séquence inoubliable. La meilleure scène d'action de Game of Thrones, pour moi!


Maintenant que j'ai ouvert l'espace spoiler, j'en profite pour préciser deux trois choses. D'abord, il n'aura échapper à personne, depuis la saison précédente surtout, que le personnage joué par Nikolaj Coster-Waldau s'est profondément transformé. De tête à claque cynique et puant, Jaime est devenu sympathique, étrangement humain. Son enlèvement, ses tortures, sa relation avec la mère Start et Brienne l'ont totalement métamorphosé. Aussi peut-il, maintenant qu'il est devenu un paria chez les Lannisters, mieux comprendre le calvaire de son frère Tyrion (Peter Dinklage). Sur la saison 4, cette relation fraternelle prend une dimension impossible à prévoir en saison 1. Et le personnage devient alors le jouet maltraité, déchiré entre son frère et sa femme-sœur. Encore plus émouvant.


A saison mouvementée, personnage bouleversé. Celui d'Arya dessine une jeune femme, trop vite malmenée par l'existence. Passée de l'enfance à l'âge adulte sur les routes de Westeros, la pauvre est comme insensibilisée. Elle a appris elle aussi le cynisme par la violence. La fin de saison ne laisse guère de doute sur cette froideur, sans pitié de la jeune guerrière. Dommage qu'elle n'ait pas accédé à la demande de Brienne.


Quand on se penche sur le destin de sa sœur Sansa (Sophie Turner), on se demande bien ce qui peut bien la maintenir en vie. Sa relation pour le moins ambiguë avec Baelish (Aidan Gillen) ne cesse d'interroger l'avenir. Très intéressant pour l'avenir.


////FIN SPOILER


Voilà, le plus dur en fin de saison, c'est de se dire qu'il faut attendre une année avant de voir la saison 5. Cette saison 4 est une des plus faciles à suivre, toute en dynamique, tout en conclusions et en nouveaux points d'interrogation. Merci. Tout cela est bien juteux.


http://alligatographe.blogspot.com/2014/07/game-of-thrones-season-4-trone-fer_24.html




Saison 5:


Pour la première fois pendant le visionnage de cette série, je me suis interrogé sur le bien fondé du récit. Je me suis demandé si les scénaristes n'étaient pas en train de se fourvoyer, d'aller trop loin, si l'écriture n'était pas un peu trop simpliste.


Au cours des quatre premières saisons, j'ai eu l'impression qu'au contraire, ils retombaient toujours astucieusement sur leurs pattes quand l'histoire prenait des tournures trop extravagantes ou compliquées. Cette fois, plusieurs évolutions de personnages m'ont paru lassantes. Et à la fin de la saison, je n'ai pas le sentiment qu'on a vraiment avancé par rapport à la saison 4.


Difficile d'entrer dans le détail sans spoiler.


SPOILER


D'abord, le personnage de Sansa (Sophie Turner) continue son chemin de croix. C'est une vraie lassitude que de voir ce personnage sadien par excellence, cette Justine, se faire trimballer de psychopathe en pervers. Après Joffrey, là voilà dans les serres de Ramsay (Iwan Rheon). L'acteur accentue toujours sa folie avec le même sourire. Il est toujours sur le même ton. Fatiguant. Emmerdant à force d'être irréel. Écrit à la truelle, son personnage fait suer. Ayé, je baille! C'est la même ritournelle, cette histoire nous a déjà été racontée avec Joffrey. La redite est navrante. Oui, je m'ennuie devant Game of thrones!


Un personnage intéressant, Stannis Baratheon (Stephen Dillane), dépasse les bornes aussi. Encore une fois, on a du mal à croire en ce personnage, qu'il soit capable de tuer sa propre fille pour gagner une simple bataille. Alors qu'il l'aime manifestement, nan, pas assez crédible, boum, je sors de l'histoire en plein visionnage, je n'y crois plus, trop incohérent, ça n'a plus de sens. J'aimais jusque-là son ambiguïté, on ne savait trop sur quel pied danser avec lui. Il était assez noir, mais son amour pour sa fille en faisait un héros complexe et tiraillé par de réelles questions existentielles, pour le coup très crédibles, et à la fin, cette véracité vole en éclats.


Déçu par la relative absence de Brienne (Gwendoline Christie) dont on peut se demander si elle ne passe ses quelques apparitions à attendre la saison 6.


Désappointé par l'embourbement politique dans lequel s'enferme Daenerys (Emilia Clarke), mais dont le sens originel m'échappe au fond. Me demandez pas pourquoi il faudrait croire qu'un peuple s'évertue autant à retrouver l'esclavage. J'espérais qu'on viendrait vite à bout de cette histoire bancale de fils de la harpie.


Le cas Jon Snow (Kit Harington) m'a paru longuet à se clore. Tout ça pour ça! Je ne regretterai pas le personnage un peu trop flageolet à mon goût. Mais à ce compte-là, ils auraient mieux fait de le liquider plus tôt.


Parfois au cours de cette saison 5, on a l'impression que les scénaristes naviguent à vue, ne sachant pas où ils vont et prennent des virages non prévus, improvisent leur trajectoire, qu'ils se répètent, s'enlisent comme les personnages et l'ennui n'est jamais très loin de ces parcours trop flous, tergiversants.


On peut aussi légitimement penser que les marcheurs blancs mettent un temps fou, alors qu'ils sont d'évidence surpuissants, à venir chatouiller Westeros. Qu'est-ce qu'ils peuvent bien foutre depuis 4 saisons ?


Finalement, il ne me reste plus que de rares éléments de satisfaction et de promesses pour l'avenir. En espérant qu'ils ne s'endorment pas non plus sur la saison 6.


Le devenir d'Arya Stark (Maisie Williams) peut constituer une gentille carotte. Son parcours initiatique de ninja vénitienne est encore alléchant.


Concernant Cersei (Lena Headey) et sa bêtise politique d'armer des fanatiques religieux (rappelant notre actualité brûlante), je serais maintenant plus mesuré que durant le visionnage pendant lequel j'étais sidéré et déçu par ce manque flagrant de jugeote stratégique. En fait cette boîte de Pandore ouvre des perspectives intéressantes, pas seulement sur le plan politique. C'est en somme une nouvelle donne. D'autre part, la créature de Frankenstein qu'on nous présente subrepticement en fin de saison est séduisante bien entendu pour la narration. Enfin, espérons !


Si Daenerys résout rapidement ses problèmes domestiques avec ses dragons et ses sujets récalcitrants (en séduisant, encore!, les caballeros je présume?) pour aller défaire une bonne fois pour toute les fils de la harpie, si les marcheurs blancs se décident enfin à aller faire bronzette au soleil du sud, alors les saisons futures seront à nouveau aussi trépidantes que les précédentes.


FIN SPOILER


J'espère que cette quatrième saison sera la dernière à vasouiller dans le coaltar. Cette relative absence d'évolution, de véritable avancée par rapport à la saison précédente m'a surpris autant que peiné. J'ai un peu peur que les scénaristes aient perdu le fil de l'histoire. Il va me falloir un an pour en avoir le cœur net. Il ne me reste plus qu'à espérer m'être monté le bourrichon pour rien.


En attendant, je veux souligner que j'ai tout de même été encore tenu par le fil de l'histoire et la curiosité vis à vis de certains personnages auxquels j'ai eu le temps de m'attacher. Bien entendu je ne voudrais pas passer pour un blasé non plus, ce serait mensonge.


Et puis, le traitement graphique est toujours aussi bien fait. Les décors sont même peut-être encore plus impressionnants. Les palais al-alhambresques, les architectures méridionales, orientalistes, ou nettement vénitiennes, entre Antiquité et Moyen-Age sont tout simplement sublimes!


http://alligatographe.blogspot.fr/2015/07/game-of-thrones-season-saison-5.html


Critique Saison 6:


La saison 5 avait été plutôt éprouvante et je craignais que cela perdure. En fait, elle est beaucoup plus allégeante. Fut un temps où les multiples croisements de routes pouvaient presque empeser le récit.


Au contraire ici, cette saison 6 rend la lecture beaucoup plus agréable, plus simple. Elle élague avec générosité. Les méchants prennent cher cette année, sans doute pour mieux installer les ultimes enjeux des deux dernières saisons. En effet, il va s’agir de grands affrontements décisifs, a priori si j’ai bien tout compris. Aussi fallait-il, effectivement, démêler quelques sacs de noeuds.


Comme d’hab, difficile d'être trop spécifique sous peine de spoiler le bec. J’essaie tout de même ? J’ai l’impression qu’on se rapproche d’une confrontation finale au cours de laquelle à peu près tous les personnages devront choisir leur camp. Et par conséquent, cette saison 6 les prépare à faire ce choix, s’ils ne font pas d’ores et déjà.


Pour Jaime Lannister (Nikolaj Coster-Waldau), cela s’annonce particulièrement compliqué. Sa position est pour le moins inconfortable depuis belle lurette, partagé entre son honneur et sa passion amoureuse, on le sait, mais cette fin de saison rend la situation intenable. Il l’a très bien compris : un fossé s’est creusé, qu’il aura bien du mal à combler une nouvelle fois. Cela rend son personnage encore plus attachant.


L'évolution de Cersei (Lena Headey) est, elle aussi, prévisible, tant ses actes inconsidérés sont toujours payés de retour par le prix fort. Son costume noir à la Dark Vador vient l’illustrer de façon on ne peut plus claire. Quoiqu'il en soit, cela est très prometteur.


En fait, la plupart des personnages ont un parcours plein de promesses pour l’avenir. Le lien entre Daenerys (Emilia Clarke) et Tyrion (Peter Dinklage) se resserre, sans doute de manière trop prématurée pour être émotionnellement assez fort, alors que celui avec Jorah Mormont (Iain Glen) est tellement évident.


J’ai vraiment apprécié la façon dont Sansa (Sophie Turner) a pris de la couenne. Son visage s’est durci. La comédienne joue de mieux en mieux.


De même, Melisandre (Carice van Houten) est plus fascinante depuis qu’elle subit les affres du trouble métaphysique. Le doute bouleverse les fondements de sa foi. Son personnage devient plus profond que la simple aguicheuse et perverse prêtresse rouge qu’elle a longtemps été.


Et pour finir (si d’aventure il ne me vient pas d’autres idées à développer au dernier moment), j’ai aimé voir Daenerys (Emilia Clarke) elle aussi mûrir, endosser son rôle de reine conquérante avec plus d'assurance et de sérénité, malgré les avanies qui continuent de ralentir sa marche vers Westeros.


Concernant Bran (Isaac Hempstead Wright) (tu vois bien qu’il n’y a pas de “pour finir” qui vaille), le Luke Skywalker de la série, avec en guest-star Max von Sydow en guise d’Obiwan Kenobi, ses pérégrinations dans le passé nous permettent d’en apprendre de belles sur les héros du Nord. Astucieusement servies, ces révélations nous sont livrées avec parcimonie mais pimentent la saison de cette saveur cancanesque qui pourrait par la suite provoquer quelques révolutions de palais.


Je suis un peu plus perplexe devant la grande bataille de cette saison. Elle ne court que sur un épisode mais son traitement fracassant est marquant. Son déroulement est un peu simpliste à mon goût au départ, trop exagéré en son développement et “déjà vu” dans sa conclusion pour pouvoir espérer nous satisfaire pleinement. Certes, sa facture formelle est acceptable dans l’ensemble. Encore que… à un certain moment, il devient difficile de lire cette bataille, tant le montage hyper saccadé et les gros plans découpent trop l’action. Mais l’image grise, enfumée et poisseuse rend bien l’aspect boueux de l’événement. Il n’en demeure pas moins vrai que j’ai tout de même un petit sentiment de frustration, vite banni par les conséquences satisfaisantes de la bataille.


En somme, cette sixième saison fait plaisir à voir surtout parce qu’elle met un terme à plusieurs points importants de la série, afin de libérer le champ pour des conclusions qui ne manqueront pas de s’imposer sur les deux dernières saisons.


Captures et trombi

Alligator
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top 10 Séries

Créée

le 27 févr. 2014

Modifiée

le 24 juil. 2014

Critique lue 1.1K fois

23 j'aime

8 commentaires

Alligator

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

23
8

D'autres avis sur Game of Thrones

Game of Thrones
MatthieuS
10

And now my watch is not going to end

Game of Thrones n’est pas une série banale. Bien qu’elle n’ait pas le plus gros budget de l’histoire des séries télévisées, ni même les meilleurs salaires pour ses acteurs, elle est considérée à...

le 3 juin 2017

166 j'aime

122

Game of Thrones
Kevan
5

Dans le livre un héros, à la télé un hareng...

Mettons nous d'accord : Game of Thrones part avec des avantages non négligeables. Un sujet en or, une intrigue aux petits oignons, certains acteurs qui n'ont plus rien à prouver, le soutien d'HBO, la...

le 28 févr. 2014

158 j'aime

36

Game of Thrones
Anyo
8

(R)évolution télévisuelle

HBO a régné sur le petit écran pendant une bonne dizaine d'années avec des séries comme "Oz", "Les Sopranos", "Six Feet Under", "The Wire", "Deadwood" et j'en passe. Avec l'arrêt des "Sopranos" et...

Par

le 6 juin 2012

143 j'aime

24

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

53 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime