Generation Kill nous plonge au sein du bataillon de reconnaissance américain déployé en Irak en 2003. A la manière d'un documentaire, nous suivons le quotidien de ces marines volontaires, engagés dans un conflit qu'ils vont avoir de plus en plus de mal à cerner. Ici, pas de musique "blockbuster" pro-américain et de tragédie larmoyante. Nous progressons avec eux pendant 8h jusqu'à la chute de Saddam Hussein à travers une réalisation très soignée et avec un réalisme total.
L'appellation série dramatique plutôt que série de guerre est pertinente tant les créateurs ont fait le pari sur la psychologie des personnages et l'absurdité des situations plutôt que sur l'hémoglobine. J'ai trouvé les personnages plutôt attachants même si la série aurait gagné à plus les développer.
J'ai particulièrement apprécié le propos de la série que j'ai retrouvé nulle part ailleurs à savoir la description du bourbier irakien. Dès le départ, on sent que cette guerre n'a ni queue ni tête (des faux plans, de fausses allégations, etc). Les marines doivent obéir à un état-major complètement incompétent, idiot et dangereux, et doivent faire face de surcroît à un manque de communication inquiétant.
En se mettant à la place du reporter, on assiste à la détresse des marines, submergés par les amalgames et les mensonges que leur font bouffer leur gouvernement depuis des années. Les bavures se multiplient mais leurs supérieurs assurent qu'ils font ça pour "libérer" le pays.
L'épilogue traduit la mascarade qu'était cette guerre: des civils tués pour rien, un pays détruit, des "envahisseurs" incapables de réorganiser un État, laissant les habitants dans le chaos.
Il en ressort une oeuvre très travaillée, qui aurait pu miser un peu plus sur les émotions comme Band of Brothers, mais qui reste très instructive et agréable à regarder.