Girls
6.6
Girls

Série HBO (2012)

Girls s02e07 : « Video Games » : 8/10

Attention aux petites âmes fragiles et pudique, vous aurez encore le droit aux fesses d’Hannah pour cette épisode qui tire toutes les ficelles de ce qui fait Girls une série aussi exaspérante qu’hilarante : des daddy issues, du sexe improvisé et maladroit ainsi que des dialogues qui ferait pouffer le plus rageux d’entre nous.

Il est important pour moi de préciser que Girls est une comédie à mes yeux, et que si vous ne riez à aucun épisode, aucun dialogue et à aucune situation, il serait peut-être temps de raccrocher. Pour moi, il y a eu beaucoup de génie cette semaine qui replongeait Hannah dans sa dimension tragi-comique
.
L’histoire entre elle et Frank était magique, plus particulièrement quand elle se met à la place du spectateur qui s’attendait à ce que les deux filles couchent avec les deux garçons. Elle se sent tellement obligé d’obéir à cette logique de « Sexcapade » (fou rire) qu’elle finit par coucher avec un garçon qui ne l’intéresse pas vraiment, juste pour l’amour de la spontanéité forcée. Cette même spontanéité qui pousse à faire des choses absurdes juste parce que « ça fera une bonne histoire à raconter ». Le retour à la réalité dans le dialogue post-coïtale avec le dépucelé est simplement savoureux d’awkwardness, particulièrement quand il s’invente une précédente aventure avec une « Rihanna », mélange absurde d’un manque d’imagination et improvisation foireuse lorsqu’il s’agit de garder la face.

Comme on aurait pu s’y attendre Jessa se tape un père distant et incapable de dialoguer normalement. Jessa se vante toujours de sa spontanéité et de son caractère aventureux, mais lorsqu’elle retrouve ses mêmes traits chez son père, elle désire avant tout une relation franche et normale. Cette confrontation est très bien pensée car cela permettra sans doute à Jessa de comprendre pourquoi elle sabote toutes ses relations et pourquoi elle peut être difficile à gérer dans une histoire d’amour. Elle a exactement le même problème que son père qui met ses principes et son personnage avant l’autre. Elle pourra peut-être comprendre que l’on a parfois besoin d’un peu de normalité pour pouvoir tisser des liens, et qu’il faut savoir taire son narcissisme. Mettre en parallèle la relation du père et la relation face à son mari est un moyen oedipien (lol) de se mettre à la place de ses conquêtes amoureuses. Dans cette mesure, on pourra peut-être assister à une évolution d’un personnage qui finissait par s’embourber dans son égo et dans l’image qu’elle avait d’elle-même.

La scène finale (Hannah téléphone à ses parents pour les remercier d’avoir été présent pour elle, même si ils sont souvent en désaccord) touche exactement là où il faut. C’est ce qui m’avait fait aimer Girls à la base : cette petite réunion au restaurant avec les parents d’Hannah qui lui annonçait qu’il ne l’a supporterait plus financièrement. Elle était démuni face au retrait d’un des seuls avantages qu’elle retirait encore avec la relation avec ses parents, et qu’elle pensait « mériter ». « Do you know how lucky you are ? I could be a drug addict ! » (cette ligne m’avait convaincu que cette série était faite pour moi). Au final, les parents sont fidèles à eux mêmes et interprète cette élan d’honnêteté comme une tentative d’en retirer quelque chose . Preuve qu’ils n’ont toujours pas vraiment cerner la façon de communiquer de leurs filles qui a fait de la diarrhée verbale sa catharsis personnelle.
Meilleures moments : le pipi sur le quai, le repas au lapin (tous les repas au lapin), la sexcapade, le « you don’t even know how to talk to me » de Jessa, la gratitude d’Hannah tuée dans l’œuf, le pipi qui brûle.


Girls s02e06 : "Boys" : 7/10

Après un épisode qui cristallisait à peu près toutes les critiques que l'on peut faire sur Girls (Des first world problèmes de blancs riches, un scénario qui tient sur une feuille A5, 20 minutes de plans sur Hannah toute nue), "Boys" cherche à repartir sur un certain fil rouge, avec plus ou moins de succès.

En positif, je trouve que le couple Adam / Ray est a une dynamique tellement évidente, que je me demande pourquoi ils ne se sont pas rencontrés auparavant. Dans la saison 1, il était évident que Ray était un personnage intéressant (même physiquement, il a un visage assez… troublant) mais on sentait que Lena Dunham ne savait pas vraiment quoi en faire. C’est un acteur qui avait déjà fait ses preuves dans Tiny Furniture, mais qui ne perçait pas vraiment l’écran dans la série. Il a en commun cette énergie destructrice et vaine d’Adam, comme un mec qui voudrait absolument être révolté contre quelque chose, mais qui ne sait pas encore quoi. Alors que Ray s’énerve déjà de sa nouvelle relation, Adam a encore l’amertume de sa rupture avec Hannah. Ils ont beaucoup en commun de ce côté puisque leurs donzelles ne sont pas si différentes que ça non plus. Hannah est en recherche émotionnelle constante et vivait une relation très déséquilibré avec Adam qui étaient plus désabusés qu’elle, ils ont essayé ensemble de rendre leur quotidien plus spontané, plus magique. Shoshanna est encore une novice au niveau sentimentale et semble s’appuyer sur l’expérience de Ray, mais elle a encore une vision très idéalisée d’une histoire d’amour alors qu’il a conscience de sa condition de vieux pauvre grincheux (la déclaration sur le quai du métro était une représentation parfaite de ce décalage de perception). Finalement, les deux garçons embarquent tous les deux dans une quête improvisée qui leur permet de faire connaissance, et de cerner un peu plus leurs défauts communs.

Du côté d’Hannah, j’avais adoré son embauche dans un blog à la Vice qui la poussait à penser «Outside the box ». Sans n’avoir jamais lu aucun écrit d’Hannah, on se la représente parfaitement comme une jeune journaliste qui voudrait écrire du Bret Easton Ellis ironique mélangé à un gonzo trash auto-destructeur. Un style d’écriture insupportable qui montrerait bien sa vision juvénile de son art centré sur son compte twitter. Pourtant, l’apparition de ce e-book deal éclair n’est pas entièrement satisfaisante. Premièrement parce qu’il vient de nulle part puisque cela fait bien longtemps que l’on a pas vu Hannah avoir une véritable ambition artistique, deuxièmement parce que l’on sent la volonté de réinjecter un enjeu dans l’évolution du personnage d’Hannah. Maintenant que le colloc’ gay est parti et qu’elle ne veut plus voir Adam ou Marnie, Hannah était le seul personnage qui n’avait plus de but concret. Et puis en plus, j’avais hâte de voir sa descente aux enfers dans le milieu ultra-saturé du journalisme au sein de ce blog médiocre. Elle aurait été mise face à face avec sa propre superficialité. Je suis quand même très content qu’elle soit de nouveau devant sa machine à écrire, et je suis assez curieux de connaître l’histoire de son bouquin.

Pour ce qui est de Marnie, on sentait un certain plaisir à taper sur le personnage le plus antipathique de la saison 1. On prend un plaisir assez vicieux de voir la petite princesse se faire rejeter par les autres, quelque chose qu’elle semble vivre particulièrement mal après s’être fait rejeter du groupe. Lena Dunham a réussi un tour de force : on commence à avoir pitié de Marnie, on voudrait la voir se relever et reprendre un peu sa vie en main, surtout après avoir rencontrer l'artiste connu, un personnage encore plus puant et insupportable qu'elle.

La véritable réussite de l’épisode reste pour moi la scène finale : on comprend la transformation de la relation des deux anciennes meilleures amies qui ne peuvent plus se confier, mais cherche à mutuellement s’impressionner comme des ex-amantes qui voudrait montrer qu’ils ont « gagné » la rupture. Les deux filles ont perdu leurs confidentes, leurs copains, et se retrouvent pour la première fois véritablement seul face à leurs échecs tout en pensant que l’autre s’en sort mieux.

En résumé : moins d’Hannah toute nue et le retour d'Adam. On essaie de reprendre l’histoire là où on l’avait laissé après l’entracte contemplative du dernier épisode. Mais surtout, on essaie de retrouver un lien entre des personnages qui semblaient évoluer dans des directions opposées. C’est ce lien qui met en lumière les traits de personnages qui devenaient difficile à cerner.
cosmoscrame
9
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Créée

le 19 févr. 2013

Modifiée

le 27 févr. 2013

Critique lue 501 fois

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cosmoscrame

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