De l'importance du 1er épisode

Quoi Ray ?! Une critique après seulement un seul épisode ? C'était pas toi qui crachait justement sur les personnes qui font ça habituellement ?
Bien sûr que si lecteur et je le fais toujours sache-le ! Ce que je veux proposer ici n'est pas une critique complète et encore moins révélatrice de l'animé dans son ensemble. Mon but n'est ni de récolter des "j'aime" ni de faire un maximum de vues sur cette critique, je n'en ai que faire. Non ici je veux analyser pourquoi je trouve que l'épisode 1 de God Eater est un échec total et en quoi il est important pour une série de réussir son 1er épisode. C'est quelque chose, et non pas une critique, que je voulais faire depuis longtemps et donc je le fais. JUST DO IT !
Donc tout ce que vous voyez ici n'aura de rapport qu'avec l'épisode 1 et pas l'ensemble de l'animé. Pareillement la note présente n'est en aucun cas révélatrice de mon appréciation de l'animé dans sa totalité je vous prie de ne pas y faire attention.

Donc revenons tout d'abord sur ce que je considère comme un bon 1er épisode. Pour ce faire je vais vous citer 2 exemples et argumenter avant de passer à God Eater.

1er exemple : Spice and Wolf. S&W nous offre une vision globale de l'animé dès le 1er épisode. On y voit le côté marchand du héros, on ne se contente pas de le citer, on en apprend un peu sur le monde et sur les conflits religieux, on comprend que le héros n'a aucune attache et on pose les bases d'une relation entre les deux protagonistes. Choix assez étonnant, on verra tout de suite l'opening, qui reste à mes yeux un des meilleurs de la japanim en général, qui aide à poser une ambiance sereine et calme. L'épisode 1 nous met finalement face à l'univers mais avant tout à la relation des deux personnages. Car c'est là qu'est le cœur de l'histoire et des discussions et une histoire d'amour qui évoluera à travers un business fleurissant. Si vous n'avez pas aimé le 1er épisode, vous n'aimerez pas la suite, c'est impossible étant donné qu'elle ressemble trait pour trait à ce qui est montré, les intentions sont claires et définies dès le début.

2ème exemple : Mahou Shoujo Madoka Magica. Ici aussi beaucoup de choses sont présentées mais c'est surtout l'ambivalence qui est mise en avant. Après un début volontairement incompréhensible mais marquant l'animé nous renvoie sur un slice of life moe tout bête pour mieux violemment nous tarter la gueule à la fin de l'épisode en montrant un monde glauque et en décalage total avec ce qui était montré avant. Cela a pour but de faire comprendre au spectateur qu'il y a définitivement un problème dans ce monde, le début et la fin étant complètement opposés avec ce qui se trouve au milieu. Ce sont des bases sérieuses qui nous préparent mieux à la suite qui n'en demeurera pas une grosse surprise, mais on peut pas dire qu'on n'avait pas été prévenu.

Ce sont bien sûr deux exemples parmi tant d'autres mais je les trouve intéressants car différents. Les deux arrivent déjà à construire un socle assez solide pour nous plonger dans un univers. D'autres animés choisissent de le faire en 2 voire 3 épisodes, ce qui n'est pas une mauvaise chose non plus car ça permet au spectateur d'appréhender le monde si ce dernier a besoin d'être mis en place d'une manière particulière. C'est le cas de Shingeki no Kyojin par exemple où les motivations du héros et le monde qui l'entoure sont logiques assez vites.
Mais pour God Eater on essaie de tout développer dans un 1er épisode et malheureusement ça se casse les dents.

Ufotable est en vogue depuis maintenant quelques années, après avoir accouché des Kara no Kyoukai, que j'adore, et des dernières adaptations du Visual Novel et Light Novel « Fate », que j'aime beaucoup, le studio se décide d’adapter la série de jeu-vidéo God Eater. Il y a déjà ici une grosse différence, les Fate sont des Visual Novel, il suffit de lire un texte et faire quelques choix là où God Eater est un jeu qui propose un gameplay action/rpg. Et cela doit être pris en compte dans l’idée d’une adaptation, les deux œuvres ne pouvant pas être retranscrites de la même façon à l’écran et ça je crois qu’Ufotable l’a compris. Ils ont donc adapté la même structure narrative… Non en fait je crois qu’ils n’ont pas compris.

Tout d’abord le défaut qui m’a littéralement défoncé la pupille c’est le character-design. Je sais pas si de l’huile a coulé sur tous les croquis de base menant les animateurs, sous drogue, à accoucher de tels visuels mais je peux l’affirmer tout de suite, ça ne colle pas… sauf si l’huile est séchée au fond de la casserole cette put.
Le côté trop plat du chara ne rend pas du tout honneur au monde dans lequel se trouve le protagoniste. En effet même si les plans sur le monde ici présenté sont magnifiques, leur côté lisse ne fait en aucun cas mature, j’ai beaucoup plus l’impression que je vais avoir le droit à une scène de sexe qu’aura animé le studio Pink Pineapple qu’autre chose.
Un monde qui me semble similaire serait donc celui de Shingeki No Kyojin mais les traits des visages, qui étaient poussés à l’extrême, donnaient une véritable identité aux personnages. On avait des plis sur leur figure, on n’hésitait pas à les distordre pour mieux faire passer une émotion. Ici ce n’est pas le cas, c’est plat et surtout certains traits semblent spécifiques à certains personnages, comme la commandante SM visiblement fort fière de ses seins siliconés.

Donc ça à mes yeux c’est une grosse erreur mais pas la pire. L’épisode 1 n’arrive pas du tout à mettre sur pied un monde cohérent. Plutôt que de finir sur un cliffhanger où le héros était en danger, les équipes ont préféré terminer la 1ère attaque sur cet épisode, rushant ainsi la découverte du monde. Cela nous fait donc une conclusion en fin d'épisode et le spectateur devrait comprendre quelque chose mais... On en sait quoi de ce monde ? Y’a des ados, voire adultes - nah je déconne - , qui se battent contre des monstres avec de grosses épées qui leur sont rendues dispos grâce à un bracelet qui doit être tout sauf pratique pour la masturbation. Oh et la ville est retranchée sur elle-même et encerclée par des murs. Donc au lieu de prendre deux épisodes pour nous faire comprendre le fonctionnement on se retrouve avec 21 minutes bien trop rapides et finalement extrêmement vides. Car le but d’un premier épisode c’est de poser des bases et de donner envie de voir la suite. Avec une telle fin d’épisode on se doute de la suite et surtout on n’a pas peur pour le héros qui arrive déjà à s’en sortir alors qu’une semaine de répit aurait pu donner le temps à n’importe quel spectateur de se rendre compte des faiblesses de ce héros. Mais bon 13 épisodes oblige on va vite et on survole.

L’autre souci, c’est la narration alternant entre le héros, pendant 20 minutes, et le scientifique, pendant 1 minute. Dans les 1ères minutes, en plus de rien comprendre, on voit le héros qui se fait mettre un bracelet et juste après ça on saute aux pensées du médecin et à ce qu’il chercherait à faire… Le problème c’est qu’on n’en a strictement rien à foutre. On ne connait pas le héros, pas le monde, on ne connait aucune règle et on se prend un bukkake de non-sens dans la tronche, précoce à la con. J'ai vraiment l'impression d'être devant un livre auquel il manque des explications en bas de page.
L'autre problème c’est que ces points de vue aseptisent tout cet épisode puisqu’on suit le héros. Avant de voir une scène de drame, on voit le héros sursauter et être choqué, on a même le droit à un flash-back rapide pour nous montrer… rien mais on va dire que ça justifie le fait qu’il ouvre ses yeux façon Orange Mécanique. Du coup cette scène vers la fin qui aurait pu être réellement « choquante », relativisons, ne l’est en rien puisque l’animé nous demande de nous projeter à travers les yeux d’un protagoniste qu’on ne connait pas et dont on ne connait pas le passé. Comme si la scène d’introduction de Max Payne arrivait après plusieurs heures de jeu, l'empathie pour le personnage serait tout autre. Du coup au lieu d’avoir un personnage torturé on a juste un archétype d’héros lambda qui ne supporte pas de voir des morts… Génial.

Et enfin dernier tue-l’amour, c’est la musique. Les choix musicaux doivent en principe appuyer un propos et ici le but c’est vraiment d’iconiser le héros, tout le temps, et à la fin le voir se battre sur une musique pop nous fait encore plus le voir comme un vrai héros, pas un simple personnage principal fragile non, un vrai héros qui ne craint rien. Et du coup au lieu d’avoir une musique dramatico-épique on se retrouve avec de la j-pop dégueue. Pourtant c’est là qu’est tout le génie du « réveil » de Simon dans Gurren Lagann, mettre une vraie musique glorieuse et grandiloquente pour l’iconiser une fois qu’on l’a vu faible et à bout, on le met ainsi en avant, on le fait briller, mais pas avant.

Donc voilà à mes yeux ce 1er épisode est un gros échec et j’ai qu’une envie c’est de ne pas regarder la suite. Je me vois encore plus déçu que c’était un animé que j’attendais et je voulais qu’Ufotable me fasse l’amour aux yeux encore une fois mais la beauté plastique ne suffit pas messieurs-dames… Sinon KyoAni serait un excellent studio d’animation à l’heure actuelle (voilà ça c'est gratuit).