Six. Pour l'instant.
C'est une critique évolutive, je vais faire progresser - ou pas - la note au fur et à mesure, en livrant mes impressions sur les épisodes vus. Ca faisait longtemps que je voulais tenter le truc, je vais profiter de Gotham pour le faire, non mais.
"Gotham", donc. Grosse attente de la part de la série : un Batman sans Batman, pourquoi pas, après tout, mais encore faut-il parvenir à capter l'essence de la cité du Caped Crusader pour parvenir à faire quelque chose qui ne tourne pas rapidement au cop porn comme on a tendance à le voir assez souvent à la télévision. Le genre de show placé sur des rails où cela va aller pénardement dans le sens d'une enquête à moindre frais. Merci mais non merci, donc. Néanmoins, ce n'est guère impossible, puisque le comics "Gotham Central" a réussi à créer une série d'enquête où des policiers oeuvrent dans l'ombre du Batman, alors pourquoi pas ? Néanmoins, la crainte est grande... Je n'ai pas regardé Arrow, j'avoue. L'arrivée des superhéros à la télé m'a un peu surpris, même si, fut un temps, j'avais été un inconditionnel de Smallville, je n'avais pu finir la série tant j'avais trouvé que cela partait un peu trop en live. Donc les Arrow, The Flash et consort, bof. Là, l'attrait vient du fait que, d'une part, c'est le "batverse" et Batman, on commence à le savoir, est mon superhéros préféré. Sombre, en proie au doute, la légitimité constamment interrogé, c'est l'essence des thèmes que j'aime dans le superhéroïsme. Ici pourtant, point de présence du Batman et ce n'est peut-être pas plus mal. L'apparition du Caped Crusader aurait été trop contaminé par sa présence très marquée au cinéma ces dernières années et aurait souffert de la comparaison. Non, au moins, dans ce contexte, point à souffrir de passerelle inutile, on va suivre un commissaire Gordon-pas-encore-commissaire. Dans ses jeunes années, alors que les parents de Bruce viennent d'être assassinés. Bon, autant dire, les préquelles par myriade, ça commence à me les rogner sérieusement, d'autant qu'ici, la période abordée est un peu à cheval sur plusieurs storylines. Entre le Year One de Miller et Gotham Central cité plus haut, il y a de quoi piocher dans les comics. Bon, évidemment, ce ne sera pas fait et je ne me prive pas d'éprouver un peu d'agacement à ce sujet, mais bon, ce n'est pas tout à fait grave, dans le sens où la série veut se démarquer de ce qui s'est fait.
Episode 1 :
Un bien joli Gotham, avec des prises de vue d'une grande mégapole américaine saupoudrée de bâtiments ajoutés numériquement pour tenter de faire la passerelle entre la cité de Burton et la vision de Nolan, bonne idée. Par contre, pour le reste, c'est étrange. Le pilote, normalement, doit poser les bases de la ligne éditoriale de la série. Ici, on obtient quelque chose d'assez bâtard. On redouble de clins d'oeil au Batverse, plus ou moins bien sentis (le Pingouin est chouette, l'apparition rapide de Poison Ivy moins), tout en restant volontairement très ancré dans le "normal". Du coup, cela donne une enquête comme dans n'importe quel drama de flics, avec des niveaux de corruption, de la ripou attitude et des flics super intègres. Ajoutons à ça la présence de Madame Will Smith dans un personnage à la fois inutile et surjoué et ça n'augure rien de bon. D'autant qu'en sus de la base de ces intrigues pas forcément intéressantes, on voit s'amener quelques plots qui sentent un peu du cul. Par exemple, Barbara Gordon, personnage jamais réellement abordé jusqu'à présent, devient soudainement une sorte de riche héritière au passé lesbien (?). Alors, effectivement, elle n'a jamais été abordée auparavant, mais de là à tenter un truc à la fois glamour-bizarre et fanservice au possible, est-ce que cela valait le coup ? Non parce que, pour le citer à nouveau, le comics Gotham Central se dotait de personnages féminins classes et cohérents, avec même un sujet sur l'homosexualité qui sentait un poil moins le délire de scénaristes que la dénonciation de l'homophobie rampante dans les services de police. Alors ? Au final... c'est "Gotham Unité Spéciale", en gros, une série que Dick Wolf n'aurait certainement pas renié.
Episode 2 :
Nouvelle histoire, donc, avec toujours la future Catwoman en témoin d'à peu près tout ce que Gotham compte de sordide. Ca devient un gimmick. L'intrigue a au moins ça d'essayer de représenter l'étrange dans la mégapole de Batman, en offrant une histoire un peu plus glauque et un peu moins fade que la précédente (c'était quand même l'enquête avortée sur le meurtre des parents de Bruce, quoi !). A côté de l'intrigue policière, les sous-intrigues se mettent lentement en place : le Pingouin d'un côté qui fait son apprentissage initiatique de la vie - on se demande bien pourquoi - et, de l'autre, Madame Smith qui continue de surjouer sa marraine de la mafia et laisse entendre qu'on va avoir droit à une guerre des gangs sous peu. Mais une guerre des gangs surjoués, donc. Je suis vraiment pour trouver une parité dans les rôles homme-femme, mais vraiment, Madame Smith semble vouloir nous prouver, à chaque épisode, combien elle ne maîtrise pas du tout le rôle - et combien ce dernier a été écrit avec le cul. C'est un peu chiant, mais dans ce domaine, elle n'est pas seule : Bruce et Alfred sont assez wtf. Je n'ai rien contre la réécriture, mais là. Entre Alfred qui a perdu son flegme anglais pour un accent rugueux et un côté très terre à terre et un Bruce qui devient une sorte d'émo goth, rien n'est fait pour créer, ni l'empathie, ni l'intérêt pour le duo. On roule plutôt sur les poncifs de l'ado à problème, à qui Gordon vient donner deux trois conseils sur la vie - sur la demande d'Alfred écossais - avant de repartir sauver la veuve et l'orphelin. On est assez loin de l'idée que je me faisais de Bruce à cet âge, genre, gamin mutique devenant de plus en plus violent. Bon, à part ça, j'aime bien la Catwoman en devenir et l'enquête est un poil plus intéressante. On verra quand même la suite.