En 3 épisodes, cette série documentaire présente ce que tout le monde connaît globalement de nom, sans réellement connaître au fond : un système concentrationnaire tentaculaire, brutal et par nature inéquitable, devenu rapidement un État dans l'État et, à son apogée, une véritable pierre angulaire de l'URSS.


Il s'agit à l'origine d'un instrument politique, mis en place dès 1918 pour réprimer les nombreuses personnes dont le pouvoir soviétique ne veut pas (Ex : opposants politiques, autres courants communistes, prêtres, intellectuels, marchands, puis koulaks, historiens, scientifiques, journalistes, etc.) afin, prétendument, de les rééduquer par du travail forcé, lequel est effectué dans des conditions ignobles, souvent avec pas ou peu d'outils, le tout dans des endroits glacés.


Avec un pouvoir politique politique complètement paranoïaque, d'autant qu'il est entre-temps passé aux mains de Staline, et sur fond de transformation forcée du pays (Ex : collectivisation des terres, industrialisation précipitée, réalisation de grands travaux censés montrer les réussites du socialisme), la formule va vite faire florès, s'organiser, et devenir, également, un instrument économique (Ex : exploitation de bois, de charbon, d'or ; construction de chemins de fer), doté d'une main d'oeuvre abondante et en pratique dénuée du moindre droit.


Dans ce documentaire, les témoignages et les visages s'enchaînent, démontrant à quel point les "goulags" (acronyme de l'administration en charge des camps) ont touché toutes les familles soviétiques, ou à minima auraient pu toutes les toucher. Les "zeks" (prisonniers des goulags) y arrivent en effet de façon massive, généralement sur la base de simples suspicions, au point que le pouvoir politique imposera un temps des quotas de "saboteurs" et "d'ennemis du peuple" à arrêter, région par région, comme s'il se croyait infesté d'adversaires innombrables qu'il fallait exécuter ou emprisonner durablement.


Au final, selon des estimations par nature variables vu le contexte, les goulags concerneront quelque 20 millions de personnes, et feront environ 4 millions de morts (par le froid, la faim, l'épuisement, les exécutions). Ils peuvent notamment être imaginés au travers des extraits suivants, tirés du documentaire :
- À la veille de la Grande Terreur : "si pendant cette opération, on fusille 1 000 personnes de plus que prévu, il n'y a là rien de grave"
- Après l'occupation allemande : "le seul fait d'être resté travailler en territoire occupé vaut arrestation et condamnation, pour trahison de la patrie"
- Dans les camps : "on m'a obligé à creuser à la main ou avec un pieu, par -50° C, et chaque trou devait être profond d'au moins 60 cm" ; "la ration alimentaire était fixée en proportion du travail fourni, ce qui deviendra la base de tout le système concentrationnaire soviétique" ; "les femmes constituaient du bétail sexuel" ; "on faisait comme avec du bois : on empilait les corps. Chaque corps avait une petite planche de bois attachée sur la jambe, sur laquelle était écrite le nom, la date de naissance, l'article de condamnation et la peine"

A-Sweet-Tea
9
Écrit par

Créée

le 25 févr. 2021

Critique lue 116 fois

3 j'aime

1 commentaire

A-Sweet-Tea

Écrit par

Critique lue 116 fois

3
1

Du même critique

Power
A-Sweet-Tea
8

Le pouvoir par la stratégie

Comme on peut tous le constater, le pouvoir, peu important sa forme ou le lieu dans lequel il s'exerce, n'est pas toujours attribué aux plus méritants, loin s'en faut. À la manière d'un Machiavel,...

le 5 oct. 2019

4 j'aime

Goulag : Une histoire soviétique
A-Sweet-Tea
9

Glaçant

En 3 épisodes, cette série documentaire présente ce que tout le monde connaît globalement de nom, sans réellement connaître au fond : un système concentrationnaire tentaculaire, brutal et par nature...

le 25 févr. 2021

3 j'aime

1

Conversations avec Monsieur Poutine
A-Sweet-Tea
2

Encore un peu de thé, Vladimir ?

Arrivé au terme de 4h d'entretiens, j'ai vaguement soupçonné le pouvoir russe d'avoir tué le réalisateur et de l'avoir remplacé par une poupée en plastique, tant celui-ci était transparent. Autant...

le 14 août 2022

3 j'aime