Sans être ma série préférée, Grimm me fait passer d'agréables moments.
Comme beaucoup d'entre vous, j'ai été plus que sceptique après le visionnage du pilote, qui me faisait penser, assez maladroitement, à Charmed, série que j'affectionne tout particulièrement mais que je juge avec le recul des années désormais. Cette comparaison vient principalement de la notion vague de "monstre", renforcée de manière significative par la présence d'un livre, sorte de Livre des Ombres du Grimm, avec une description détaillée de chaque monstre accompagnée d'un joli dessin et d'indications sur comment les abattre. Certains concepts potentiellement intéressants (celui du Grimm, notamment, ou encore celui de monstres ayant inspiré les frères Grimm) sont présentés de manière assez tarabiscoté (oui, ce mot existe) et je dois le dire, assez maladroite. On ne perçoit notamment pas bien le rapport entre les écrivains de conte et la notion de Grimm, sorte de chevalier tueur de monstres. Le lien entre les premiers et les seconds est d'ailleurs, à mon sens, inexistant, et assez risible.
Néanmoins, avec persévérance, j'ai poursuivi le visionnage de la saison 1 (en VO, s'il vous plait), et force est de constater que je l'aime bien, moi, cette série. La structure est intéressante, quoiqu'invariablement la même - un crime, les policiers sur la scène, le joli Grimm qui voit un monstre et qui appelle son pote ex-loup-garou pour savoir ce que c'est, l'enquête, les témoins, l'arrestation etc, ponctué des méchants (français... pourquoi les méchants dans les séries américaines sont-il français ?) qui veulent la peau du Grimm. Élément remarquable de la structure des épisodes qu'il me faut relever : l'extrait de conte en guise d'exergue à chaque épisode. Ah ça, c'est chouette. L'extrait, présenté brutalement avant que tout crime n'ait eu lieu, nous force à mener notre petite enquête, afin d'une part de trouver de quel conte le passage est extrait, et d'autre part - plus difficile ! - de le mettre en lien avec l'épisode.
Je pense que la coexistence du fantastique et du policier confère à la série une partie conséquente de son intérêt, bien qu'il soit assez déplorable de constater que de nos jours, pour qu'une série marche, il faut du policier.
Cette série ne se présente pas aussi vide qu'il n'y paraît. En effet, si chaque épisode possède sa propre intrigue (le crime !), on observe une trame de fond, avec, comme dit plus haut, les méchants français qui en veulent à la peau du Grimm et dont le chef est le... chef du Grimm en question (l'inspecteur Nick Burckhardt), ainsi que les diverses alliances, affinités, ou conflits ancestraux qui lient ou opposent une "race" de monstres à une autre.
Je donne une mention toute spéciale à l'humour présent dans cette série, porté par l'inspecteur Griffin, co-équipier de Nick, mais surtout par Monroe, le loup-garou repenti dont les faiblesses en renforcent le charme. J'assume mon parti pris, mais je dois bien avouer que c'est principalement ce personnage qui m'a fait accrocher à la série. Cet air toujours un peu ronchon d'être dérangé par Nick, et les préoccupations morales qu'il a d'aider un Grimm (qu'il est pourtant censé combattre) lui confèrent un certain charme, renforcé par son apparence d'esthète, qui vit de musique classique et qui joue du violoncelle, un peu marginal et loin de tout.
J'ai vu (plusieurs fois) que certains comparent Grimm et l'autre série évènement du moment, Once Upon a Time, également de manière large sur les contes de fées... Je ne vois pas bien le rapport. Pour la suivre (et l'apprécier !), la seconde retrace les contes de fées et leurs personnages, dans un respect plus ou moins conséquents des récits qu'on connait, tandis que Grimm nous en montre que les monstres, présentés sous forme de "races", de "familles", et non de personnages ou de personnes uniques. L'univers n'est pas le même, le genre n'est pas le même non plus. Elles n'ont pour lien commun que la gratification qu'elles fournissent toutes deux aux spectateurs qui peuvent y trouver le plaisir de se remémorer ou de réapprendre tout sur l'univers des contes de fées et d'en voir sinon une représentation, au moins une interprétation intéressante (même si pour ma part, je préfère Once Upon a Time et ce pour plusieurs raisons que je n'évoquerai pas ici puisqu'elles n'y ont pas leur place).
