Gypsy
5.9
Gypsy

Série Netflix (2017)

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L'art subtil du cliffhanger putassier

-Docteur, est-ce qu'il est normal de vouloir passer à travers son écran et violenter le personnage principal ?


Plus sérieusement, il va s'agir ici d'expliquer pourquoi une si faible note et un coup de cœur à la fois. Je ne vais pas sortir ici les habituels citations sur notre pompe sanguine et nos capacités cognitives rationnelles. Juste dire que mon postérieur est à propos de cette série entre deux sièges.


Gypsy est un projet de Naomi Watts (l'actrice principale) produit par Netflix et qui ne comptera qu'une seule saison puisqu'elle a été annulée pour mon plus grand plaisir et mon plus grand regret. Les dédoublements de personnalité sont fournis avec la critique. Et ça tombe bien, c'est à peu de chose près le sujet.


Jean est donc une mère de famille accomplie et une psycho-thérapeute au choix éthiques plutôt discutables, brisant la sacro-sainte règle de tout psychologue qui tient à son boulot respecte avec dévouement: Ne pas s'impliquer personnellement. Sincèrement, si vous n'êtes pas convaincus des bienfaits de cette règle et/ou que vous avez pour opinion que les psys sont des êtres froids au cou assez souple pour ponctuer d'un mouvement chacune de vos phrases, regardez cette série. L'arc narratif principal va tourner autour du fait que Jean cherche à rencontrer l'ex-petite amie d'un de ses patients "co-dépendant" en se faisant passer pour une journaliste, ce qui va irrémédiablement tourner au vinaigre vous vous en doutez.


Je n'ai pas envie de tomber dans le classique "elle fait sa crise de la quarantaine" parce que j'ai pour avis que c'est une pure construction sociale que l'on se contente de suivre comme des herbivores au poil bouclé, mais sincèrement j'ai l'impression que la série essaie de me le marteler sans arrêt. Le problème avec les personnages qui ont une famille dans les séries c'est que deux fois sur trois, on peut être sur que ça foire et de toute manière cela n'apporte bien souvent que peu de possibilité scénaristique. Sans spoiler outre-mesure, la série s'intéresse principalement sur l'identité et la personnalité, ce qui m'a souvent donné l'impression que la famille ici est une contrainte et un prétexte narratif pour ralentir l'action. C'est mignon tout plein d'accord, ce n'est pas complètement inintéressant, d'accord mais mon dieu amenez le drama plus vite.


Le rythme de l'histoire est vraiment étrange. Les six premiers épisodes sont une sorte d'exposition où les informations concrètes sur le passé du personnage sont distillés au compte-goutte alors que les quatre dernier épisode semble avoir opter pour le jet d'eau de Genève. Dans les premières minutes de la série, Jean parle du déterminisme et désolée pour ce qui va suivre mais putain de merde si on est déterminé avec peu de libre-arbitre alors montrez-moi les putains de raison de la coercition de votre personnage de merde. Surtout que mon dieu mais des fois, je n'ai absolument pas compris certaines actions de Jean qui m'ont semblé relever de la sociopathie plus que de la mauvaise écriture. Ce qui me fait dire que je crois que la série essaie de me faire comprendre que cette thérapeute à une double personnalité. Ce qui n'est vraiment pas hyper sympas sur le CV. Voilà petit coup d'gueule au calme. Pfiouuu.... Le positif maintenant.


Malgré tout, je suis restée complètement scotchée sur mon écran jusqu'à 5 heures du matin, terriblement obsédée par la suite. J'ai éprouvé une certaine satisfaction étrange à voir Jean se dépatouiller, révélant chaque fois quelque chose de plus dans sa personnalité et bien souvent, ce ne sont pas des choses reluisantes ce qui est d'autant plus intéressant. Jean se transforme peu à peu en une sorte de anti-héro que je me suis surprise à détester puis aimer puis aimer la détester et détester l'aimer, désirant à chaque fin d'épisode qui m'ont fait "m'accrocher au rebord", savoir la suite comme un plaisir coupable mais irrépressible.


C'est précisément ici que réside mon coup de cœur. J'aime les personnages qui ne sont pas lisses, presque parfaits ou alors avec des cadavres dans le placard parce qu'il faut en avoir. Tous les personnages ici sont bourrés de défauts, voir même certainement d'étranges comportements que je qualifierai "d'en dehors de la norme" (appréciez s'il vous plaît cette manière subtile de se défausser du jugement par les guillemets) et qui paraissent alors implacablement réalistes et nous renvoient à des situations presque universelles. Et j'aime les bons cliffhangers des familles, un art qui peut sembler simple mais dont l'efficacité n'est pas toujours garantie, ce qui en fait d'autant plus un talent. La série ne brille pas par sa réalisation que je trouve assez commune et trop peu aventureuse alors qu'elle en avait clairement le potentiel. C'est le scénar qui fait le café ici.


Et je dirais que cette série, c'est du café. Au début, on ne trouve pas ça très bon et puis on finit par ne plus pouvoir s'en passer.

Thepunkowl
5
Écrit par

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Créée

le 11 nov. 2017

Critique lue 3.6K fois

5 j'aime

Engy Near

Écrit par

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5

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