Quand j'étais ado, comme pas mal d'ami·e·s de mon collège, j'adorais cette série. Pour beaucoup d'entre nous, la mort de Nick fut un véritable choc. Pour autant, je ne crois pas pouvoir citer le nom d'un personnage de la dernière saison, pour n'avoir pas vraiment été assidu sur celle-ci. Avais-je juste grandi (passé au lycée entretemps) ou était-ce réellement un problème de qualité moindre au fur et à mesure des saisons ?


À l'époque j'avais été fasciné par le regard de Jodie, la débrouillardise de Costa, l'engagement de Rose, la gentillesse de Steve, etc. En revanche j'avais été lassé par la relation entre Drazic et Anita, Anita et Ryan, Anita et Ryan avec leur mère…
Alors cet été j'ai commencé à revisionner cette série, pour me rappeler mes jeunes années, mais au risque de détruire un mythe.


La saison 1 est toujours aussi forte, bien sûr la nostalgie marche à fond et on retrouve avec grand plaisir tous les personnages qu'on aimait à l'époque, et on reverse une larme à la mort de Nick. Mais j'ai surtout redécouvert qu'on s'attache à tous les personnages. Ils sont tous relativement complexe (avec les limites de ce type de série et de l'époque). Et ceux présentés comme emmerdeurs au début, ont des qualités et des faiblesses, comme Southgate ou Rivers.
Je n'ai pas été surpris par les sujets abordés parce que je me souvenais bien de la mort d'Irène, de la grossesse de Rose, des rapports tendus entre enfants d'immigrés et «enfants d'immigrés d'il y a plus longtemps mais on est plus australiens que vous», du poids des traditions dans des familles, des relations pères fils entre Nick et Georges, de la difficulté pour certains à boucler les fins de mois, de la première fois, du rapport à l'autorité, de la difficulté à grandir et la peur de ne pas trouver sa voie, etc…
Non, ce qui m'a surpris, c'est la manière avec laquelle on présente ces sujets et comment on s'adresse au spectateur. Il est considéré comme assez mature pour comprendre. Comprendre qu'il y a rarement des réponses toutes faites et parfaites à ces sujets. Qu'ils sont complexes, qu'ils créent des tensions, et que bien souvent le plus important est de dialoguer pour mieux se comprendre, et trouver des terrains d'entente.


Du coup, m'étant attaché à tous, j'ai voulu revoir comment partait tous les personnages présent au premier épisode, alors j'ai enchaîné sur les saisons 2 et 3, à elle deux c'est autant que la première saison, d'ailleurs y'a pas vraiment de raison de les séparer. Ça reste aussi qualitatif que la première saison et ça fait pas trop redite sur les sujets abordés.
Et puis on enchaîne sur la saison 4 parce Costa, Danielle et Steve sont encore là (enfin pas vraiment pour Steve), et que ceux arrivés depuis sont assez bien écrit aussi. Mais ça commence à se dégrader un peu, avec une nouvelle fois une histoire d'amour prof/étudiant, des personnages qui stagnent (genre Matt qui se cherche toujours comme au début de la saison 2), mais ça reste écrit avec sérieux.
Et puis la saison 4 se termine, Danielle part et on sait que derrière c'est Drazic, Anita, Ryan, Mélanie…


Alors on tente pour voir…


Et là c'est le drame !


Déjà, trop d'épisodes sur les exams, l'été, les résultats. Trop d'épisodes pour trouver des portes de sorties à Matt, Stassy, Bolton, Dyson. Ça patine un peu.
Et puis derrière des personnages beaucoup moins profond. Les l'intransigeant proviseur, Ronnie qui devient donc par opposition (nécessité scénaristique) la prof un peu copine, Katerina qui fait tourner en bourrique Charlie à chaque épisode, Mélanie qui se plain de n'être que Mélanie, Anita qui monte dans les aigus trop souvent, Ryan qui fait le beau gosse de service mais est assez creux.
Et surtout l'ordure Drazic! Là où l'attitude raciste/rebelle de Rivers était vite contrebalancé par son respect envers Southgate et son amourette avec Chaka, pour montrer qu'on a tous des contradictions, qu'on est des êtres complexes ; Drazic lui est méchant, a pour bouc émissaire Charlie, drague un peu toute les filles, sort avec Anita puis la jette sans raison à part celle scénaristique de créer un «amour interdit», se fout de l'autorité et de tout le monde, etc. Le tout, sans jamais vraiment savoir ce qui pourrait expliquer ce comportement, on te laisse sous-entendre sa complexité sans jamais te l'expliquer un petit peu. Un exemple parfait est l'épisode où Drazic pique la chambre de Charlie, sans qu'on ne sache pourquoi il veut s'installer ici et pourquoi il agit comme ça, et où aucun autre colocataire se questionne là dessus… Cet épisode est sidérant de gratuité scénaristique. Ça résume assez bien ce qu'est devenu la série, des personnages bien moins approfondi, trimballé dans des enjeux d'importance moindre, écrit avec facilité.
Ça sera donc tout pour moi, je ne poursuivrai pas sur la sixième saison.


Cette série a donc une vraie qualité sur ses trois premières saisons et reste à mon avis globalement d'actualité par des sujets abordés assez universels, et restera pour moi mythique, même si ensuite elle rentre dans la facilité et un relative médiocrité.

Suvann
9
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le 2 déc. 2019

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Suvann

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