Hatufim, prisonniers de guerre par Christine Deschamps

J'avais très envie de voir la série qui a donné lieu à Homeland, sa reprise américaine, que j'avais adorée. Plongée dans le quotidien des familles de deux otages libérés par les Palestiniens après 17 ans de captivité. A côté d'eux, Brody a fait un petit séjour touristique. Après des retrouvailles intenses mais malhabiles avec leurs proches, et alors que le 3ème otage revient dans une boîte, Nimrod et Ouri tentent de reprendre petit à petit le fil de leur vie. Le 1er a deux ados qu'il a à peine connus et une femme courage exemplaire mais casse-pieds. Le 2ème n'a plus de femme, puisqu'elle a épousé son frère quelques années après sa disparition. Tout pour être heureux. Et puis la vie a beaucoup changé en 17 ans. Ils n'ont jamais connu Internet, les téléphones n'ont plus la même tête, les gens non plus. Sans compter que le Mossad procède à une évaluation psychologique approfondie qui prend des allures de nouvelle captivité et pourrait se prolonger, car le psy est persuadé que les deux compères cachent quelque chose... La principale différence entre l'originale israélien et sa cousine étasunienne, c'est le rythme. Pas de rebondissements, de drames, de soubresauts, d'éclats ni de révélation invraisemblable, mais un ruban narratif qui se déroule tranquillement, sans secousses majeures, et tisse petit à petit un tableau délicat, en rien spectaculaire. Ça désarçonne un peu. Mais on se laisse prendre au jeu insidieux des soupçons et des doutes. Et, finalement, ça donne envie de voir la suite, malgré les reconstitutions éprouvantes des sévices subis durant la captivité des deux trois hommes.