Série discothèque : Chaque saison une ambiance différente

Hero Corp me rappelle cette bd dans laquelle un type tente de créer un chat. A la fin, il obtient un animal complètement déformé avec un trompe et des pattes sur le dos, mais il le frotte en disant "t'es bizarre mais je t'aime quand même." C'est un peu ce que j'en retire d'Hero Corp : une série qui n'arrête pas de changer au point d'en devenir un OVNI.

Si on s'attendait à ce qu'une série créée par le frère d'Alexandre Astier passe elle aussi d'un ton "badin mais comique" à un ton "presque noir" sur la fin, mais c'est même plus que ça : chaque saison d'Hero Corp est complètement différente sur le fond comme sur la forme, ce qui créé une rupture et créer des enchainements d'incohérences.

Le syndrome de la saison complètement différente :

Sur la forme, c'est hélas compréhensible, étant donné que les contraintes offertes par les diffuseurs et producteurs ont toujours été des batailles pas possibles où Simon Astier à dû faire des concession et renégocier son projet. Du coup, on a deux premières saisons de 15 x 25 mn en 2008 et 2010, puis un hiatus qui a durée des années (j'ai fait partie des gens qui ont pétitionné et fait des actions pour que la série soit remise à l'antenne) puis une saison de 36 x 7mn (2013) une de 19 x 13 mn (2015) et une de 7 x 26 minutes avec un épisode final de 50mn. Non seulement c'est un beau bordel, mais à cela on peut ajouter quatre webséries censées faire le pont entre différentes saison ou de montrer ce que font des personnages qu'on a pas ou peu vus durant la saison. En principe créés pour unifier la série, il s'avère que les voir fout encore plus le bordel, mais j'expliquerais ça après.

Du coup, chaque saison ne se passe jamais dans le même lieu et elles commencent toujours après une ellipse temporelle. C'est compréhensible pour les premières saisons où Simon Astier était obligé de revoir ses plans (la saison 1 se termine à Montreal pour un épisode parce qu'un partenariat avec le québec avait été évoqué avant de revenir soudainement en France la saison d'après) mais ça devient vraiment bizarre dans les dernières saisons qui ont été financées par France 4 et en partie avec l'argent du crowdfunding. (En théorie si tu fait un crowdfunding, c'est justement pour avoir les mains libres, non ?)

Même au niveau image c'est la montagne russe : on passe d'une série de 2008 où les épisodes sont tournées en équipe réduites (les réalisateurs sont aussi les acteurs) et où les effets spéciaux sont limités si ce n'est inexistants, à une série bien mieux filmée avec un vrai travail d'étalonnage et des effets spéciaux niquel. (Je ne sais toujours pas comment le personnage secondaire joué par Davy Mourier en saison 4 a été créé tant ça à l'air d'être un mélange d'image de synthèse et de prothèse. Très bizarre.)

Le problème, c'est que si Simon Astier dit qu'il avait l'histoire complète en tête depuis des années, dans le fond on se retrouve avec un objet où chaque saison est non seulement différente, mais incohérente avec les autres. Alors, ça pourrait être excusable entre les deux premières saisons et les trois dernières où il y a eu un changement de diffuseur, mais c'est un peu bizarre que cela arrive aussi dans les dernières saisons.

Les personnages changent parfois complètement de psychologie de saison en saison, à commencer par le personnage de John, pourtant central : passant du personnage qui est le seul à avoir les pieds sur terre dans les deux premières saison à un personnage complètement névrosé en troisième saison et de personnage un peu largué dans les saisons suivante, il lui faut attendre vraiment la fin de la série pour qu'il reprenne le contrôle de la situation (et encore.) Si c'est voulu par Simon Astier qui voulait raconter la chûte d'un personnage puis sa remontée, ça pose des problèmes scénaristiques.

Parce que du coup, si ça n'est plus John qui a les pieds sur terre, il faut que l'action soit menée par des personnages secondaires :

mais comme ceux-ci sont plus tard éjectés de l'intrigue, ils finissent par avoir une personnalité complètement différente de saison en saison, à la demande du scénario.

Du coup, certaines intrigues qui s'étalent sur plusieurs saisons... ne me mènent à rien.

D'ailleurs la saison 5 reprend avec un reboot assez forcé que je n'ai absolument pas compris :

Bref, plus je repense à la cohérence interne de la série et plus je me gratte le crâne. Et je ne vous raconte pas la pelleté de personnages qui disparaissent comme ça au grès des saisons : certains ont une vague justification comme "ils sont morts" (Valur, Allen (pour le coup, l'acteur est mort c'était un peu forcé) ) tandis que d'autres ont tout simplement disparus de l'équation : Invisiblor, Jean Micheng, Eshana & Eshita etc... D'autant plus bizarre que la série a réussi en saison 5 à faire quelques caméos de personnages qu'on pensait mort (comme Eraste.)

Hero Corp est sans doute une des plus chouette série française :

Mais même en me disant à quel point la série est bancale... elle a sû me faire sourire jusqu'à la fin. S'ils n'en ont pas moins des évolutions parfois complètement différentes et en dent de scie, ils en deviennent franchement attachant (y compris un personnage comme Mique qui était un boulet dans la première saison.)

Et on a le droit à une palette de bons acteurs que ce soit d'anciens acteurs de Kaamelott (Astier oblige) comme Alban Lenoir, Christian Bujeau, Josée Drevon ou Lionnel Astier, d'acteurs comique qu'on a l'habitude de voir par-ci par-là (Sebastien Lalanne, Didier Benureau, Johnatan Cohen,Arnaud Tsamère, et tout un tas de caméos divers et variés) des chanteurs (Oldelaf, Arnaud Joyet et Tété) et tout tout un tas d'acteurs que je ne connaissais pas et qui m'ont bluffés. Notamment chez des rôles qui semblent assez basique au début et prennent de l'épaisseur à la fin, comme Hubert Saint-Macary (Hoodwink) Antoine Cholet (Duco) ou Antoine Gouy, qui porte notamment une part du fun de la saison 5 tant le mec est capable de passer du mec paumé au méchant le plus blasé du monde.

Bon, ok, certains acteurs ne jouent pas tous biens et j'ai toujours eu un peu mal avec le jeu d'Agnes Boury ou de Philippe Noel que je trouvais toujours à contre-temps des autres.

Et autant je me suis dit souvent "putain, mais c'est incohérent" plein de fois la série m'a récompensé de la regarder par des rebondissements bien amenés, une phrase bien senti, une scène plus émouvante ou un retournement comique que j'avais pas vu venir. Et ce, jusqu'au final où certains personnages m'ont grandement fait marrer. Je garderais aussi la catchphrase "PINAAAAGE" comme une de mes préféré des séries françaises.

La série à réussi me troller (Spoiler) :

Je termine par une anecdote personnelle. Lorsque j'ai assisté aux rencontres de fans de Hero Corp, à Rennes, qui voulaient sauver la série, il y avait un mec qui se lançait dans la vidéo, comme moi. Il était même celui qui a photographié le gigantesque PINAGE qu'on a écrit en lettre humaine. Quelques années plus tard il fait une websérie hommage à Hero Corp, puis fait son trou chez Golden Moustache, Suricate ainsi que dans des vidéos de Cyprien. Il s'agit de Julien Josselin.

Je me dit "tiens, un ancien fan d'Hero Corp qui à bossé avec Golden Moustache où l'on retrouve des acteurs d'Hero Corp (Justine Le Pottier, Sebastien Lalanne, Davy Mourier) à mon avis, il est possible qu'il joue dans la saison 5."