Higurashi: When They Cry - Kai
7.4
Higurashi: When They Cry - Kai

Anime (mangas) (2007)

Initialement pensée pour une seule saison, l’adaptation du Visual Novel Higurashi a connu un succès auprès du public largement suffisant sur la première pour justifier la poursuite de l’adaptation avec la saison des réponses (déjà entamé en partie à la fin de la saison 1 avec les arcs Meakashi-hen et Tsumihoroboshi-hen, en français Prise de Conscience et The Atonement Chapter).


Mais à l’inverse de ces deux arcs : la seconde saison, à l’image du Visual Novel, fait le choix de délaisser l’horreur et le sanguinolent des scènes de meurtres pour enfin lever petit à petit le voile sur les assassinats à répétition. Une décision qui a de quoi rebuter les fans de la première heure sur le papier car cela retire justement cet aspect enquête et puzzle auquel le spectateur comme les personnages (un particulièrement) se trouve confronté.


Toutefois la contrepartie de ce choix se défend sur plusieurs points. A commencer par le traitement de ses personnages, Keiichi et sa bande certes mais aussi les rôles fonctionnels de la première saison qui prennent une autre dimension au fil des deux arcs principaux de cette saison. D’autant que ça n’aurait aucun sens de continuer avec la même démarche après la première saison : on connait aussi bien nos héros que les drames et atrocités qu’ils ont commis ou par lesquels ils sont passés, on s’est attaché à ce groupe d’enfants et maintenant quiconque ayant aimé la première saison prie pour qu’ils s’en sortent et ne répètent pas leurs erreurs passés.


Car on sait consciemment une chose : sur tous les bourreaux qui ont vu le jour dans la première saison, aucun d’entre eux n’est mauvais de nature, loin de là mais les circonstances les ont poussés au pire, même dans les meilleures intentions. Cette seconde saison, en plus de définir le fil rouge qui relue les arcs jusqu’à présent, trouve un point d’ancrage à travers la prêtresse du temple Rika Furude dont le rôle de spectatrice


(et victime, on se remet pas facilement du premier plan la dévoilant éventrée nue au temple)


de la première saison prend enfin un grand sens en la voyant s’impliquer dans ces drames à répétition, cette saison n’oubliant pas de reprendre la cruauté et la dureté des situations intimes qui entraînent les malheurs du village.


Mais cette fois-ci pour en tirer le meilleur du groupe du club de jeu et de leur entourage et lever le voile sur la véritable nature de tout à chacun.


Ainsi : Mion qui était suspectée d’être impliquée dans les meurtres avec sa famille se révèle être la plus saine d’esprit de tous et la plus décidée à défendre son entourage, Satoshi le frère aîné de Satoko n’est pas montré que de façon positif montrant même que le temps qu’il accorde à sa sœur lui pèse énormément, le commissaire Oiishi qui se montrait pleinement investi dans l’enquête ne cherche qu’à venger celui qui l’a formé à la dure, quand à la fameuse malédiction elle est ni plus moins que le résultat d’une maladie locale oubliée de tous à l’exception du groupe de recherche Irie.


Toutefois cette dernière réponse ne sort pas du sac magique à Mary Poppins ou d’une baguette magique de Poudlard et devient pleinement cohérent en mettant en rapport les indices des 6 premiers arcs : tout cela par le biais de l'évolution entamé par chacun d'entre eux, les divers rôles qu'ils ont tenus d'arc en arc, et en tissant enfin une toile émotionnel et rationnel sur le pourquoi de ces descentes en enfers. On troque l'horreur dû à l'isolement ainsi que le questionnement suscité par 26 épisodes pour voir nos personnages sous un meilleur jour et un espoir naître dans ces massacres à répétition.


Et visuellement l’amélioration gagne aussi en soin, que ça soit les traits plus fins des personnages comme l’animation des décors et des mouvements en arrière plan, même si il subsiste quelques limites visibles par moment. Chose qui s’explique majoritairement par le changement de réalisateur (unique ce coup-ci là ou ça changeait constamment entre les épisodes durant la première saison). Dommage en revanche que la mise en image se face plus frontal avec la mise en scène des morts, voire parfois hasardeuse à quelques occasions


(en témoigne les arcs Awakening Misfortune et Massacre : le corps de Rika n’étant pas montré dans le premier à l’inverse de ceux des sœurs Sonozaki et Keiichi après le génocide avec un gros plan facial sur leur expression grotesque, et dans le second nous montrant Keiichi mourir sans que l’on voit sa blessure et les images ne nous dévoilant jamais les images des autres enfants abattus les uns après les autres).


Et quitte à poursuivre la partie moins réjouissante, j’aurais deux gros reproches à formuler : la première concerne l’arc crée spécialement pour l’animé afin de corriger les rares défauts de continuité entre les arcs qui s’imbrique moins bien que les autres. Cela se sent tant par la naïveté du ton plus présent que dans d’autres que par le choix de faire agir Satoko en solitaire tardivement et voir le reste du groupe être terriblement transparent, d’autant que les corrections supposés être apportés sont superficiel puisqu’on le réapprendra dans l’avant dernier arc de cette saison.


Et le dernier souci que j’ai concerne le personnage de Miyo Takano et son rôle de grand antagoniste et manipulateur derrière les meurtres d’Hinamizawa : en soit elle n’a pas un objectif inintéressant, celle de poursuivre les travaux de son père adoptif autour du syndrome d’Hinamizawa dans le but de les rendre valide en sa mémoire quitte à commettre le génocide du village. Sauf que son introduction gâche toute empathie ou compréhension qu’on peut développer pour elle dans le dernier arc.


Takano a toujours été relégué au rôle de personnage fonctionnel avant la saison 2 et lorsqu’on la voit sous son vrai jour elle n’a aucun passif émotionnel pour qu’on éprouve de la sympathie pour elle (contrairement à Shion qui, aussi monstrueux soient ses actes dans l’arc ou elle tient le rôle principal, avaient une introduction plus que suffisante pour que l’effroi ressenti par le spectateur à son égard lors de sa folie psychotique dû au syndrome d’Hinamizawa fonctionne) et la voir abattre sans sourciller Keiichi, Mion, Shion, Rena, Rika et Satoko ainsi que provoquer le génocide du village en fait irrémédiablement une effroyable connasse que j’ai envie de voir mourir noyé sous une couche de ciment dans une décharge public (ça se sent que je la hais ?). Du coup difficile de vraiment lui accorder autant de crédit qu’on le souhaiterait en dépit de son passé sombre !


Mais ceci étant dit, il reste un point qui, il me semble, n’a pas été tant que ça soulevé sur la conclusion de l’animé.


Si nous avons enfin une fin heureuse pour nos héros dans le dernier monde, la série laisse toujours un arrière goût amer et dérangeant quant à la conclusion des précédents se déroulant dans les mondes parallèles : combien de fois Rika a-t-elle dû trouver la mort en restant impuissante ? Rena ne s’est probablement jamais remis du drame d’Hinamizawa dans le monde ou elle est l’un des uniques (voire l’unique) survivante. Qu’est-il finalement advenu de Satoko après le drame d'Hinamizawa dans le troisième arc de la première saison ? Et du village dans le monde ou Shion vire de bord à 180° étant donné que Rika a été retrouvée non pas par l’organisation Irie mais par les forces de l’ordre ? Peut être n’est-ce pas volontaire car certains ne se poseront pas la question en voyant Keiichi et leur entourage enfin vivre la fête de Watanagashi sans éclaboussure de sang et drame à l’horizon mais ce gros passif est très représentatif de l’atmosphère désespérant qui caractérise cette série et de cette lutte désespéré pour rester en vie.


Passé tout cela, cette seconde saison n’a rien à envier à la première et change de ton en offrant des résolutions satisfaisantes autour des mystères des meurtres du village et avec toujours autant d’attachement envers nos héros qui en bavent à bien des reprises et pour qui on ressent pleinement l’envie de voir réussir les miracles qu’ils tentent d’apporter aux problèmes qui les poursuivent.

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5
1

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