Saisons 1 et 2
THE WEST WING nous avait décrypté durant huit saisons le fonctionnement des institutions américaines avec une minutie assez remarquable. Aucun personnage n’avait de priorité sur les autres, car la notion de groupe était le moteur.
Ici, le cynisme s’invite, et la noirceur. L’histoire est centrée sur un couple (les Underwood) dont le credo semble être « la fin justifie les moyens ». Véritables stratèges machiavéliques, ils usent de tous les coups pour accéder au sommet. On a un florilège des dégueulasseries les plus énormes (chantages au sexe, à la vie privée, compromissions, utilisation sans scrupule des mécaniques d’état et des faiblesses des autres), et sans aucune limite (le meurtre et l’anéantissement ne sont pas des obstacles).
Plus que scruter le fonctionnement du système, la série démonte les artifices qui disparaissent une fois les portes fermées. Kevin Spacey est assez glaçant en requin qui se débat dans un océan qui semble trop étriqué pour lui. Mais la plus remarquable présence est celle de Robin Wright qui campe une salope intégrale dont on ne sait jamais quelle sera la prochaine saleté qu’elle utilisera pour parvenir à ses fins. Elle n’hésite pas à jouer de son viol pour cela, ou va même jusqu’à branler un mec sur son lit de mort pour lui montrer jusqu’où va son pouvoir.
La politique n’en sort pas forcément reluisante, mais cela est passionnant. Et ce d’autant plus qu’Underwood nous rend complices du truc en brisant fréquemment le quatrième mur pour nous faire part de son ressenti et nous donner le fond réel de sa pensée, qui donne une autre dimension à ses actes.
Un coup de génie.
Saison 3
La série va petit à petit nous conduire à une vraie rupture de ton, nous montrant que derrière les façades, c'est bel et bien Claire Underwood qui est la vraie héroïne machiavélique de cette série. On peu reprocher une vue très caricaturale du Président russe, mais néanmoins, la série poursuit patiemment son petit chemin de déconstruction du couple à travers le prisme de la politique.
Car, oui, on assiste à une déliquescence de la cellule familiale (sans enfant, déjà un anachronisme) qui va nous conduire tranquillement vers l'horreur pure (House of Cards est angoissant, et flirte allègrement avec l'épouvante quotidienne).