How I Met Your Mother
6.9
How I Met Your Mother

Série CBS (2005)

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Ca y est, je l’ai fait. How I Met Your Mother, sacro-sainte œuvre de mon univers sériephile, vacille de son piédestal et perd l’ultime point qui la maintenait dans le cercle fermé (puisqu’elle était l’unique) des séries notées 10/10 par mon humble personne. Cette décision a été longuement réfléchie, venant sanctionner une baisse évidente de qualité d’une série que je continue malgré tout à vénérer (d’où mon honorable et généreux 9).


Pourquoi 9 ? Parce que je ne peux pas descendre plus bas et franchir l’obstacle psychologique d’une moins bonne note pour une telle série. How I Met Your Mother, c’est avant tout la première qui m’a ouvert les portes du monde merveilleux des séries, celle qui m’a fait découvrir le binge-watching à l'époque où Megaupload régnait d'une main de fer sur l'univers du téléchargement, et celle qui faisait naître en moi un sentiment d'impatience extrême durant toutes les grandes vacances à cause de l’attente interminable causée par les arrêts estivaux des séries TV.


Comme bon nombre de personnes, cette série me ramène donc inévitablement à une époque pas si lointaine que ça en fin de compte, mais remplie de souvenirs et de nostalgie. How I Met Your Mother, c’est ma madeleine de Proust, le genre de trucs qui te fait ressentir des émotions du passé que tu croyais enfouis, qui te prend aux tripes dès les premiers papapapa du générique. Séquence émotion. (You know what I mean).


Ce n’est donc pas tâche aisée d’en faire une critique. J’ai dû m’y reprendre une bonne dizaine de fois, toujours insatisfait de l’image renvoyée par ces mots qui ne correspondront jamais tout à fait à ce que représente la série pour moi.


N'attendez aucune critique totalement objective de ma part, car je ne pourrai jamais juger cette série aussi bien que je l'ai ressenti au cours de ces 9 Saisons. Je ne ferai pas non plus la sempiternelle comparaison entre HIMYM et Friends, tout simplement parce qu’à mes yeux, elle n’a pas lieu d’être. Même si les similitudes sont évidentes, elles sont en définitive diamétralement opposées.


How I Met Your Mother, c’est d’abord une sitcom originale. Parfait oxymore (une sitcom est en général tout sauf originale), la série reprend en effet les codes vus et revus dans le paysage télévisuel américain : format court, rires enregistrés, bande d’amis aux caractères différents et bien précis etc. tout en essayant de s’en éloigner le plus possible. Les flash-backs et flash-forward sont par exemple particulièrement ingénieux puisqu’ils permettent de creuser indéfiniment les personnages et de permettre une plus grande expansion de l’univers souhaité. Cette recette a marché du tonnerre de Dieu pendant 4 saisons. 4 saisons géniales, hilarantes et inventives. Le casting étant une autre force du programme pour moi (j’y reviendrai plus tard), tout s’enchaînait parfaitement. Presque trop facile.


Cependant, à ce stade on peut déjà voir deux inconvénients majeurs au format choisi. En essayant de rester à tout prix dans la sitcom, la série est tombée dans un des travers les plus connus : le risque de finir par devenir lassant à force de tourner en rond. HIMYM est un concept génial, mais ne pouvait se permettre de durer aussi longtemps. Deux choix s'offraient alors aux scénaristes : offrir aux personnages une réelle profondeur en les faisant évoluer perpétuellement, ou bien rester confortablement dans le schéma établi, prenant ainsi le risque d'ennuyer le spectateur.


À cela s’ajoute à mon avis le fait que l’histoire n’aurait simplement pas due être pensée comme une comédie, mais plus comme un drame. Les saisons qui ont suivies ont essayé tant bien que mal de concilier le rire et l’émotion avec une écriture parfois audacieuse, mais sans arriver à trouver le juste milieu.


Mon côté subjectif ne m'empêche donc pas de relever des défauts majeurs dans cette série, parfaitement illustrés par une baisse de qualité flagrante à partir de la Saison 5. Les blagues devenaient moins subtiles (ou moins piquantes, pertinentes), les situations moins drôles, le comique de répétition était franchement fatigant par moments, et on se demandait vraiment où les scénaristes voulaient nous amener. Il est aussi évident que certaines histoires tournaient en rond, avec un triangle amoureux Ted-Robin-Barney parfois agaçant. Oui HIMYM n'est pas exempte de défauts, et la liste peut encore être allongée : le traitement de la Saison 9 (23 épisodes basés sur un week-end, et un dénouement final qui égrène les années à la vitesse des secondes) est peut-être l'ultime erreur de la série. C'était mal pensé, je pense que tout le monde s'en est rendu compte, et cela a vraiment nuit à la qualité intrinsèque de la fin, qui méritait tellement mieux.


Alors pourquoi, malgré tous ces défauts, j’ai inconditionnellement aimé (et je continue à aimer) cette série TV ? Parce qu’elle représente pour moi la vie, du moins une tranche de vie. L'histoire d'une bande d'amis qui profitent de cette vie qui leur est offerte. Des amis qui font des choses légendaires, d'autres moins, mais qui font surtout des erreurs... Et qui apprennent à vivre avec, à surmonter ces erreurs pour aller de l'avant. Cette série a forcément un événement qui permet à chacun de s'identifier : une rupture difficile, un amour impossible, la perte d'un proche, la peur d'aller de l'avant, le courage de continuer à avancer alors que tous les signes montrent l'inverse...


Toutes ces choses étaient traités avec une certaine insouciance et avec une telle bienveillance attendrissante que moi aussi j'ai souhaité manger un sandwich avec Marshall et Ted, moi aussi j'ai voulu porter des bottes rouges, et moi aussi j'ai voulu organiser un rendez-vous de deux minutes.
Pour rassembler, une série se doit d’arriver à ce que le spectateur s’identifie facilement aux protagonistes. C’est peut être sur ce point-là qu’on peut la comparer à Friends : cette dernière n’a pour moi, jamais complètement réussie à m’embarquer aussi intensément. Le comique était peut-être plus présent, les personnages plus charismatiques (encore que), mais l’émotion n’était jamais aussi forte qu’avec Ted & Co.


Et puis ce final.


Certains l'ont aimé, beaucoup l'ont détesté. Après multiples visionnages, je n’ai pas d’avis totalement tranché, même si dans l’ensemble j’en suis « satisfait ». La forme est à blâmer, le fond moins. Oui beaucoup de choses m'ont dérangés : Je n'ai pas aimé par exemple voir Barney et Robin divorcés en dix minutes au bout de 23 épisodes de mariages. Niveau foutage de gueule, on est pas mal dans le genre. Je n'ai pas non plus aimé la régression du personnage de Barney, enfermé dans son costume de dragueur invétéré, et qui a besoin d'un coup de trop pour soudain devenir père et prendre conscience des priorités de la vie. Mais j'ai aimé la globalité, et même la mort de la fameuse mère, Tracy McConnell. Pourquoi ? Parce qu'au final, comme dit précédemment, "c'est la vie". Personne n'a de contrôle sur tout, personne ne peut prétendre avoir une vie parfaite de bout en bout, et les bons comme les mauvais moments peuvent survenir, il faut juste apprendre à ne pas baisser les bras. L'histoire ne s'est pas finie comme tout le monde le souhaitait, parce que ce n'est pas comme ça que la vie fonctionne. Parfois on est face à des opportunités que l'on finit par rater, et on se dit que dans un film cela ne se serait pas passé comme ça. HIMYM prend le contrepied de cette manière de penser, et nous livre un final qui aurait pu arriver à n'importe qui que l'on connaît, ou même à nous. Le message, même empreint d'une maladresse évidente, est qu’il n’y a pas toujours de « Happy Ending ». Pour cela, je dis bravo.


Et c'est donc à partir de maintenant que j'en viens à un point essentiel : Ted Mosby. Pendant les 9 Saisons, les 3/4 des spectateurs n'avaient yeux que pour Barney et ses histoires, alors que c’était le développement de Ted Evelyn Mosby qui m'intéressait le plus. Je ne vais pas m’arrêter pour dresser un portrait psychologique exhaustif du personnage, mais à mon avis pas mal de personnes sont passées à côté du truc qui fait que. Non, Ted Mosby n’est pas qu’un mec relou, naïf, un peu con-con sur les bords, qui a le charisme d’une huître etc. mais au contraire un personnage qui a lentement évolué au fil du temps (oui oui, je vous assure) et qui a un véritable potentiel comique ET dramatique. Il a évolué en étant actif et non pas seulement passif des évènements, même si la plupart du temps il faisait toujours le mauvais choix. Peut-on réellement le blâmer, nous qui sommes aussi perfectibles que lui ? Et puis c'est le genre de mecs à dire "je t'aime" au bout d'un rendez-vous, donc on était fait pour s'entendre. Bref.


En écrivant ces lignes, je me rends compte que tous ceux qui vont les lire me prendront pour un fou. Oh oui. Mais je crois que personne n'aime autant cette série que moi. Je l'ai aimé du premier au dernier épisode. Cette affection a certes changé: l'amour passionnel des 4 premières saisons a laissé place à une complicité affectueuse. L'amour ne baisse pas, il évolue simplement (c’est beau, hein). Parfois, je craignais de tomber dans la routine (surtout lorsque les arcs narratifs ne cessaient de tourner en rond), mais je n’ai jamais lâché l’affaire, et au final je ne regrette pas.
Alors oui, j'aime How I Met Your Mother. Elle restera toujours la number one dans mon cœur, pour ce qu’elle représente, mais aussi pour ce qu’elle est. Ce n'est pas qu'une dévotion passagère, celle qui ne dure que l’instant du visionnage et qui s'efface aussi rapidement qu'elle est venue, en fonction des autres séries que l'on regarde. How I Met Your Mother marque au fer rouge, c'est plus que ça : c'est une œuvre originale, travaillée, pensée comme un drame sous la forme d'une comédie, avec des acteurs brillants, un scénario intelligent, et une véritable histoire. On peut bien tout lui pardonner !

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le 28 déc. 2014

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Thibaulte

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