Kaamelott
7.9
Kaamelott

Série M6 (2005)

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Une série du cru aussi fantastique que fédératrice


Le Graal, je sais pas où il est, mais il va y rester un moment, c'est
moi qui vous l'dis !



L'histoire reprend la légende du Roi Arthur, élu des dieux, qui part à la recherche du Graal armé de l'épée Excalibur et des chevaliers de la Table Ronde.
Dans la série, tout ce beau monde vit à Kaamelott, le château bâti en l'honneur de la quête du Graal dans lequel la majorité des péripéties se déroulent.



« C'est pas moi qui explique mal, c'est les autres qui sont cons ! »



Kaamelott se divise donc en 6 saisons appelées "Livres". Si les Livres I à IV sont des mini-épisodes orientés sur la comédie, les Livres V et VI sont un ensemble de courts métrages mettant en avant une facette plus sérieuse voir dramatique de l'œuvre.


Les Livres I à IV sont donc un ensemble de mini-scénettes portant sur la quête du Graal ou sur les divers personnages peuplant Kaamelott. Arthur est un roi plein de bonne volonté mais malheureusement pour lui, entouré de bras cassés qui ne semblent même pas comprendre tout l'enjeu de la quête du Graal. On y suit donc les divers conflits et fantaisies de tous ces gens dans ce qu'on pourrait appeler un joyeux bordel, les compagnons d'Arthur semblant rivaliser d'inventivité pour lui faire perdre foi en l'Humanité. Si ces épisodes sont principalement indépendants à la base, les relations entre les personnages s'y tissent au fur et à mesure et permettent donc de mettre en avant des mini-intrigues, jusqu'à rentrer dans l'histoire principale à partir du Livre III, ce qui conduira donc au changement de ton dans les Livres suivants.


En effet, les Livres V et VI changent de format pour devenir une série à part entière, divisée en courts métrages. Bien sûr les personnages et l'humour y restent intacts mais on abordera dans le Livre V une facette bien plus profonde et dramatique de l'histoire où Arthur, voyant que la quête du Graal n'avance qu'à reculons, remettra totalement en question son statut et sa mission. Les autres personnages également seront confrontés à différents dilemmes, parfois romantiques, parfois politiques, qui les obligeront donc à faire des choix cruciaux pour l'avenir de Kaamelott.
Le Livre VI quant à lui sera un peu moins sombre, revenant sur la jeunesse d'Arthur avant qu'il ne devienne roi de Kaamelott, et nous expliquera donc ce qui l'a construit jusqu'à maintenant, entre petits bonheurs et grands malheurs.


Ainsi la série est évolutive et il est intéressant de voir que la série au départ anecdotique réussit à se créer tout un univers au fil des saisons. Les Livres V et VI peuvent déstabiliser car il est vrai qu'ils prennent un ton tout à fait différent qui fait que l'on n'a plus vraiment l'impression de regarder du Kaamelott classique mais le scénario s'y intensifie pour le meilleur et les petites piques entre personnages propre à la série se retrouvent toujours. On notera tout de même la fin ouverte qui nous invite à regarder les films. Mais si, vous savez, le Graal qu'on attend tous depuis 10 ans ! Car oui, c'est officiel, la trilogie de films venant conclure la série sort enfin cette année (enfin, le Premier volet en tout cas). Encore un peu de patience avant de pouvoir juger cette fin donc !



« Que vous soyez débiles c'est une chose, mais là y'a de la mauvaise volonté quand même. »



Les personnages principaux sont extrêmement nombreux, on y trouve Arthur et sa cour, accompagné de quelques personnages secondaires qui viendront l'entourer dans sa vie de souverain comme dans sa vie privée.


Arthur (Roi de Bretagne) : Un homme bon et juste mais franc voir cassant. Il essaie désespérément de faire quelque chose de tous les clampins qui traînent autour de sa table.
Un excellent personnage, ni trop gentil, ni trop mauvais, qui défend de très belles valeurs toujours d'actualité, et ce même lorsqu'il touchera le fond. Car oui, Arthur nous dépeint l'histoire d'un héros qui se rend finalement compte qu'il n'est rien d'autre qu'un homme. Son altruisme n'a d'égal que son agonie qui s'insinue lentement mais sûrement au plus profond de lui-même au fil des saisons, mais dont il ne ressortira que plus digne et héroïque. Son évolution est donc une des plus grandes forces de la série et on ne peut qu'avoir envie de suivre le Roi Arthur dans sa quête !


Guenièvre (Reine de Bretagne, Princesse de Carmélide) : Femme d'Arthur qui a bien du mal à la supporter. C'est une fille peu séduisante et assez gourde qui reste cependant rêveuse et positive en toutes circonstances.
Le personnage bien dosé qui sait faire autre chose que sourire bêtement et dire des âneries. Certes elle peut parfois être lourde mais elle sait aussi se rendre attachante et digne de confiance comme elle le prouvera à Arthur dans les heures les plus sombres de Kaamelott en lui témoignant toute l'affection qu'elle a en réalité pour lui.


Léodagan et Séli (Roi et Reine de Carmélide) : Léodagan, chevalier de la table ronde, et Séli, sa femme, sont les beaux-parents d'Arthur. Leurs priorités sont la guerre et l'argent. Ils ne s'entendent pas du tout avec Arthur qu'ils considèrent comme trop souple et ne manquent jamais de lui rappeler lors des fameux repas de famille. Ils n'ont pas leur langue dans leur poche.
Deux personnages certes peu développés mais hilarant dans leur concept de base. Leur duo fonctionne à merveille et ils feront parti des personnages forts de l'œuvre !


Lancelot (Chevalier du Lac) : Chevalier de la Table Ronde et bras-droit d'Arthur. C'est un homme juste et altruiste qui est cependant très strict. Il a eu le coup de foudre pour la Reine et ne sait comment gérer ce secret.
Un personnage à l'évolution significative. J'aimais beaucoup Lancelot dans les premiers épisodes, c'était un des rares à pouvoir tenir tête aux autres sans avoir à crier mais son évolution le rend aussi détestable qu'intéressant.


Perceval (Chevalier de Galles) et Karadoc (Chevalier de Vannes) : Deux chevaliers de la Table Ronde, totalement idiots et très naïfs. Ils fonctionnent toujours par deux, établissant des techniques secrètes pour les combats auxquels ils n'ont cependant jamais été autorisé à participer à cause des erreurs monumentales qu'ils y font. Cependant ce sont les rares à ne pas souhaiter mettre des bâtons dans les roues d'Arthur.
Un duo purement comique qui détonne vraiment dans l'univers très ironique de Kaamelott puisque les deux ne comprennent jamais rien à la situation. Alors oui, certains de leur dialogues sont assez lourdingues mais je ne sais pas, je trouve que c'est un duo simple qui vient alléger l'ambiance générale assez crue de la série. De plus la relation qu'entretiennent Perceval et Arthur est un des thèmes les plus touchants de toute la série.


Bohort (Chevalier de Gaunes), Yvain (Chevalier au Lion) et Gauvin (Fils du Roi d'Orcanie) : D'autres chevaliers de la Table Ronde.
Bohort est un homme délicat et sensible mais aussi assez lâche qui a cependant la tête sur les épaules et sait prendre des décisions. C'est quelqu'un qui aime prendre soin des gens, il a donc pris sous son aile Yvain (le fils de Léodagan et Séli) et Gauvin (le neveu d'Arthur), un duo inséparable, qui souhaitent aider Arthur à trouver le Graal mais peine à se rendre utile à cause de leur inexpérience. Les deux jeunes gens se comportent en effet comme des adolescents qui n'en font souvent qu'à leur tête et manquent d'initiative et de jugeotte.
Bohort me fait beaucoup rire personnellement même si des fois c'est une vraie tête à claque. J'aime beaucoup la dualité entre sa personnalité sérieuse mais aussi très peureuse.
Yvain et Gauvin sont un de mes duos préférés, ils me parlent beaucoup étant donné qu'ils sont très jeunes. De plus je trouve leur duo cocasse avec d'un côté Gauvin qui pourrait être l'équivalent du premier de la classe et Yvain l'adolescent rebel je m'en foutiste.


Merlin et Père Blaise : Respectivement druide et prêtre de Kaamelott. Merlin est un de mes personnages préférés, le juste milieu entre le gars trop naïf et trop sérieux. Ses échanges avec Arthur sont hilarants.
Père Blaise est un peu plus discret et assez peu développé mais j'aime qu'on ne nous le présente pas qu'à travers sa religion et il a également un bon répondant.


Après il y a tellement d'autres personnages qui apparaissent peu mais semblent pourtant indispensables à la série tels Vennec, Le Tavernier, les maîtresses d'Arthur ou encore les deux paysans Guethenoc et Roparzh. Ce sont des bouilles qui reviennent souvent avec des running gag qui ne se démodent pas et on prend toujours plaisir à les retrouver au détour d'un épisode.


Ainsi difficile de ne pas se prendre d'affection pour tous les personnages de Kaamelott, tous aussi bien travaillés les uns que les autres. Ils sont tous marquants et attachants à leur manière et de voir qu'ils continuent à s'entraider malgré toutes les galères, ça me fait dire qu'ils ne sont pas tous si mauvais et aigris qu'ils n'essaient de nous le faire croire.



« Votre tarte, c'est du patrimoine ça ? »



Au niveau technique, la série a beau être plutôt ancienne, en dehors de la qualité d'image et de son, on ne peut pas dire qu'elle ait particulièrement vieillie.


Si la série n'exclue pas les gags purement visuels (avec la dégaine de certains personnages ou avec une mise en situation décalée), c'est avant tout pour ses joutes verbales qu'on la retiendra. En effet, l'œuvre parvient à se créer un style unique grâce à son humour caustique voir sardonique, mettant généralement en scène des altercations entre personnages presque chantées du au rythme millimétré des répliques, oscillant intelligemment entre le langage alambiqué et populacier. Ainsi les répliques de Kaamelott ont su rester aussi drôles qu'efficaces ! (voir carrément cultes pour certaines, je suis sûre que tous les français doivent en connaître au moins une même sans le savoir).
Les costumes, assez traditionnels sans être ringards ou carnavalesques, sont également bien travaillés et parlant, j'aime la façon dont chaque chevalier a sa propre couleur notamment.
On n'oublie pas les fameux coups de cor qui servent de "générique", une vraie signature de la série qu'on reconnaîtrait entre mille. De même la bande-son, mélodieuse et épique, reste efficace malgré son apparente discrétion.


Le format mini-épisodes des Livres I à IV, basé sur le modèle des séries courtes à succès de l'époque telles Un Gars, Une Fille, permet à la série de garder un rythme soutenu, bien qu'on puisse du coup lui reprocher de ne pas avoir de réel fil conducteur pendant au minimum deux bonne saisons. Les Livres III et IV, bien que conservant leur bonne humeur, s'immiscent alors timidement dans les pensées les plus profondes et mélancoliques des personnages, permettant du même coup à la série de gagner peu à peu en profondeur. Et c'est donc toute cette mise en situation qui permettra de bien faire comprendre la chute lente et douloureuse vers le ton plus adulte et réaliste des saisons qui suivront.
En effet, les Livres V et VI qui font passer l'œuvre au format court-métrage (bien que le tout ait été à nouveau scindé en mini-épisodes pour les rediffusions télévisées à la case horaire habituelle) pourront d'abord déstabiliser. Le ton comme les couleurs de la série se veut plus sombre, plus gris, et même plus métaphorique parfois, mais du coup on a parfois l'impression que c'est un peu mou comparé au format précédent, et les gags ne sonnent pas pareils puisqu'il est difficile de plaisanter de la même manière sur Yvain et Gauvin qui se font déféquer dessus par un dragon et Arthur qui explique le sens de la vie à Perceval. Cependant l'histoire du Graal et surtout celle d'Arthur y prennent une dimension bien plus intense, mettant en avant une réelle profondeur dont la série ne semblait pourtant pas regorger dans les premières saisons.
On peut ainsi saluer les scénaristes qui ne peinent jamais à se renouveler malgré le nombre d'épisodes conséquent après 6 saisons et qui, si ils ont pu surprendre lors de la première diffusion des dernières saisons, nous prouvent une fois l'œuvre complète revisionnée qu'ils savaient parfaitement où ils allaient ! Un gros bravo également pour la performance de tous les acteurs, parfaits dans leur rôle. J'aime tout particulièrement celles de Alexandre ASTIER (Arthur), Lionnel ASTIER (Léodagan) et Nicolas GABION (Bohort).



« Les grands chefs n'ont qu'un point commun. Ils ne se battent que pour la dignité des faibles. »



Il m'est difficile de dire en quoi Kaamelott est aussi fantastique que fédérateur tant il paraît unique dans le paysage cinématographique français (c'est peut-être ça la raison en fait ?).
Pour une fois, une série du cru aura réellement réussie à se démarquer avec de l'humour bien de chez nous, et contrairement aux séries américaine à rallonge, elle aura su fonctionner jusqu'à sa dernière saison, gagnant une intensité qu'on ne lui soupçonnait pas.


Ainsi, regarder Kaamelott, c'est un peu comme suivre une grande aventure avec nos meilleurs amis.
Désormais, j'ai hâte de pouvoir retrouver tous nos compères au cinéma avec la trilogie de film qui viendra mettre, on l'espère, un beau point final à la légende !

DuotakunoSora
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le 15 oct. 2021

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