Le mieux est l'ennemi du bien.
J'ai découvert Kaamelott à ses débuts. L'univers de la Table Ronde, le Roi Arthur nerveux et dépressif avec ses chevaliers suicidaires...Blagues potaches, humour qui me touche, jeu d'acteur sympa... Bref, la série avait tout pour bien marcher et séduire un public large. Du quidam moyen au geek un peu fan de Role Play.
Bref, la série poursuit son cours, des personnages attachants, des situations hallucinantes, un lot de personnages habituels, quelques guests stars bien choisies, et la sensation (affirmée par la suite lors d'interview) qu'Alexandre Astier gère son bâteau d'une main de maître.
Qui plus est, au fil des saisons (Livres), on assiste à l'élaboration d'un vrai scénario, qui assombrit peu à peu l'histoire, mais rien de bien méchant.
Malgré quelques critiques, je reste profondément attaché au Livre V, qui commence pourtant à devenir plus noir, plus introspectif... plus tourné sur le personnage d'Arthur et, par extension, sur Monsieur Astier.
Mais A.A s'explique : il préfère tout gérer tout seul. Et finalement, je comprends sa logique. Il a un projet, et, pour avoir aussi plein d'envies créatrices, on sait très bien qu'on est jamais mieux servi que par soi-même. Astier a suffisamment de talent pour enfiler plusieurs casquettes, et ça marche plutôt bien.
Tout se dégrade avec le Livre 6 finalement, racontant l'histoire d'Arthur à Rome, 15 ans avant les autres chapitres. Star Wars like, quoi...
Et là, malgré le jeu des acteurs et la qualité du casting... On perd quelque chose. On sourit encore, mais on ne vibre plus vraiment. Parce que, niveau scénario, rien n'est transcendant. Sans spoiler outremesure, certains personnages sont vraiment inutiles, mis en avant juste parce qu'il le fallait, et l'on retrouve des incohérences avec les précédentes saisons.
Et ce qu'on pouvait pardonner pour une série comique, drôle... on ne le pardonne plus pour une série qui devient sérieuse. Astier le dit lui-même dans une interview, la comédie, pour lui, est un genre sous-estimé en France, et il veut lui redonner ses lettres de noblesse. Mais malgré tout son talent, il n'en a pas encore la carrure, selon-moi. Certains passages du scénario sonnent creux. On ne comprend pas, par exemple, pourquoi Arthur décide de garder Percevall et Karadoc comme chevaliers, alors qu'ils n'accomplissent aucun exploit. On ne comprend pas son brusque changement de mentalité, entre le gentil looser romain et, soudain, le type qui est prêt à trahir toute sa patrie d'adoption juste pour devenir le roi d'un pays qu'il connait à peine...
Quant à la toute fin, l'hommage à Louis de Funes, et cette sorte de teaser en plein dans la série, avec un Arthur s'entraînant, sur fond de musique de film (Jo, je crois... un film justement avec De Funes), ça ressemble vulgairement à une sorte de clin d'oeil grossier, mêlé à un gros doigt d'honneur à M6 qui décide de ne plus publier la série.... Bref, ça fait un peu fan service, et pas très pro, ce qui tranche avec le reste. On a l'impression qu'Astier fait ce qu'il veut, mais qu'il reste encore maladroit.
Dommage, j'avais noté cette série 8 étoiles au départ, mais j'ai finalement revu mon jugement. J'en attends pourtant encore beaucoup, et espère que la suite (au cinéma) arrivera à faire ce qui, pour moi, permet de distinguer une oeuvre d'un chef-d'oeuvre : l'alchimie subtile qui permet d'allier sérieux et folie à la perfection.