À l'heure de cette critique, je précise qu'Alexandre Astier n'a pas encore avancé son histoire au-delà du dernier épisode du livre VI.
Kaamelott, c'est comme ce bouquin que vous avez adoré et qui ne quitte jamais votre table de chevet. Kaamelott, ça a été quelques épisodes tous les soirs durant des années, en boucle, où après chaque épisode je me disais: "Allez, le dernier puis au dodo". Jusqu'à ce que l'heure tardive ne me pousse au lit.
Alors plutôt que d'encenser cette série comme ça l'a été fait de nombreuses fois, je vais vous expliquer pourquoi je ne lui ai pas donné la note parfaite.
Je suis fan de Kaamelott, pas d'Alexandre Astier. Je sais, ça paraît difficile de les distinguer tant il a mis une part de son âme dans cette série. Mais justement, certains le trouvent pédant parfois, hautain occasionnellement. Pour moi, bien que je partage en partie ce point de vue, c'est surtout un gars qui en a marre de bouffer du purin à longueur de temps en allumant son écran de télévision et qui le fait savoir à notre chère télé bien-pensante. Cependant, ce sont des critiques qu'on pourrait faire à Arthur, presque trop omniprésent dans la série. Notre roi légendaire est l'exacte opposé du reste du monde, seul contre tous; Ils sont bêtes comme leurs pieds, il est intelligent et cultivé. Ils sont fermé d'esprit, il est ouvert et souhaite le changement. Ils sont "Cruel" et "Sanguinaire", il est "Juste". Ils sont légers, il est sérieux. Ils sont heureux, il est malheureux. J'ai bien conscience que cet aspect est un choix scénaristique d'Alexandre Astier, mais il est parfois étouffant.
Après, Alexandre Astier s'en moque occasionnellement. Que ce soit dans "Le jeu du caillou" ou "The Game", le sérieux d'Arthur est critiqué brièvement par ses sujets. Ou encore dans "La grande bataille", avec enfin un Arthur qui s'amuse, comme un souffle rafraichissant qui nous envahirait en même temps que les nerfs le lâchent.
Arthur est un gentil. Un gentil qui en a marre, qui déteste le pouvoir, qui s'est vu saisie d'une mission divine dont il n'a jamais voulu prendre part et dont il ne s'est jamais vraiment soucié. Du coup, il s'entoure de personne criante d'amateurisme, mais dont il n'a pas le cœur de se séparer. Bien trop souvent ça le pousse à l'excès de menace stérile et vaine.
Encore une fois, c'est un choix d'Alexandre Astier dont l'histoire suit la logique à partir du livre VI. Seulement, dans la réalisation, c'est presque la facilité qui en ressort. Alexandre Astier met en scène les personnages avec leurs petites histoires que nous aimons tant, tout en ayant la volonté de montrer un Arthur fatigué et au-dessus des imbécilités de ses tiers. Dans "Les auditeurs libres", Arthur qui s'entraine demande à Perceval et Karadoc de "se barrer" alors que ceux-ci l'observent. Incapable de se faire respecter, il accepte finalement leur présence tout en pestant continuellement. S'il a de l'autorité, plus de sketch, plus de situation comique. Mais du coup, le personnage d'Arthur perd trop souvent de sa consistance tant il est écraser par tous, à se demander comment il règne depuis tant d'années. Il fait office d'un père incapable d'être sévère avec ses enfants, dont on détecte souvent la schizophrénie. Je le répète, ce choix est volontaire et agréable, Arthur a ses failles aussi. Mais à voir et revoir les épisodes, il y perd plus qu'il n'y gagne.
Enfin, je terminerai par l'aspect le plus aisément critiquable et qui a fait perdre ce point à notre merveilleuse série: Les faux raccords.
Je sais, c'est facile de partir là-dessus, mais si certains sont totalement excusables, d'autres le sont bien moins. Je vous les donnes en vrac, parfois sans citation et sans les replacer dans leurs épisodes. J'aimerais bien, mais j'ai plus le temps. Faut pas déconner y en a qui bossent.
- Perceval qui ne sait pas lire mais qui pourtant déconseille les parchemins magiques parce qu' "à peine on le lit, ça part comme un pet c'machin là !".
- Merlin, incapable de faire apparaître une flammèche dans sa main mais à qui on demande d'invoquer un mur de flamme près de Kaamelott.
- Perceval, qui peut dénombrer 744 ennemis depuis le haut d'une colline mais qui se révèle incapable de compter jusqu'à 3.
- La Dame du Lac, qui indique à Arthur que c'est la fée Morgane qui viendra le chercher à l'approche de son trépas mais qui a oublié d'en informer l'Ankou.
- "Le jour d’Alexandre", épisode que j'aime beaucoup bien qu'Alexandre Astier ait préféré la fluidité des dialogues au réalisme de la situation.
- Dans le même épisode, Perceval lance un candide: "Quoi, vous savez pas compter jusqu'à douze ?" comme si faire des alexandrins, hémistiches égales et rimes croisées était plus simple que de comprendre ce qu' "après-demain" signifie.
- Arthur, qui affirme ne jamais s'être retrouvé avec deux femmes dans son lit mais qui pourtant a pris comme premières maitresses Aziliz et Tumet, les jumelles du pêcheur, dont il affirme même que l'intérêt de celles-ci réside dans le duo qu'elles forment. Bien sûr, ni Genièvre ni Demetra de relèvent l'absurdité de la situation.
- Allez, un petit dernier. Arthur, encore lui, qui acquisse lorsque Genièvre lui dit qu'il n'a pas dormi seul depuis ses quatorze ans, alors qu'on le voit à plusieurs reprises seuls en pleine nuit dans son lit.
Je sais, je sais, je pinaille, je cherche et forcément je trouve. Enfin je cherche, si je peux vous donner ces exemples et pourrais vous en donner d'autres, c'est bien évidemment parce que j'ai vu chaque épisode au moins une dizaine de fois, et que je continue de les savourer. Les dialogues me suffisent à avoir chaque image en tête, l'inverse est tout aussi vrai. Et je peux me refaire un épisode complet simplement par l'évocation de son titre. C'est surtout que la note parfaite n'est selon moi pas accessible, parce que rien n'est parfait. Si, après avoir passé tant d'années à parcourir en long, en large et en travers, la série dans son ensemble je ne voyais toujours rien à redire sur le chef d’œuvre d'Alexandre Astier, je la lui aurais donnée.
Je terminerais bien cette critique par une citation, mais en fait non. Et comme je n'ai pas de talent pour les bonnes chutes, j'évite de sauter.