L'affaire traitée par ce documentaire est tout à la fois bouleversante, édifiante et révoltante, et s'en est le principal mérite.
Mais le documentaire en lui-même est très brouillon et un peu pénible à suivre, certainement beaucoup trop long avec beaucoup d'éléments accessoires qui le surchargent. D'abord, il mêle les images des différents procès, les plus fortes, avec des témoignages filmés de proches, des professionnels concernés, d'experts et de journalistes, pas toujours significatifs et même parfois presque diffamatoires, des commentaires en voix off souvent répétitifs et de pseudo-reconstitutions.
Et puis la trame narrative est très confuse. Ca démarre par l'appel aux urgences et l'intervention des secours qui ne peuvent que constater les violences terribles subies par le petit garçon qui le conduiront à la mort. Ensuite, le focus est mis sur un journaliste qui décide de médiatiser l'affaire, à partir de mouvements dans une institution méconnue (des américains eux-mêmes, semble-t-il) ; le conseil des superviseurs du Comté, qui gère notamment des services aussi importants que les hôpitaux publics, les services sociaux et la police pour les 11 millions d'habitants de Los Angeles. Puis c'est le procureur adjoint chargé du dossier qui est mis en vedette, celui-ci personnalisant d'une manière curieuse son rôle (mais ça semble commun aux USA).
Dans un premier temps, le documentaire suit le procès du compagnon de la mère de la victime, centré sur les faits ayant entrainé la mort de l'enfant, certaines images et dépositions sont insoutenables. Mais très vite, on nous entraîne dans divers éléments annexes, le témoignage de proches qui parlent de leurs relations avec l'enfant ou avec sa mère, puis on bascule sur les différents manquements potentiels des différents professionnels qui auraient pu ou du intervenir, avec des informations tout à fait édifiantes (la privatisation des services sociaux publics US au profit d'une entreprise très profitable, avec soupçons de corruption, ou encore la baronnie manifestement imprenable des bureaux du Shériff du Comté qui refusent de coopérer pour se protéger) mais assez annexes, puis on démarre l'instruction du procès des travailleurs sociaux mis en accusation avant de revenir brutalement au procès du meurtrier présumé avec la transcription des dépositions insupportables (par ce qu'elles décrivent des faits) du frère et de la sœur de la petite victime. Puis on revient sur la problématique du fonctionnement des services sociaux, puis au verdict du procès des accusés (avec les témoignages des jurés, où l'on voit que la peine de mort rend les choses encore plus compliquées).
Évidemment, le cas du petit Gabriel est tellement effroyable qu'on ne peut en vouloir aux auteurs de vouloir explorer toutes ses ramifications, mais au final, et même si rien n'est vraiment inintéressant à un titre ou un autre, ça donne quelque chose de trop dense, trop long et trop confus.
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