Titanomachie

L'un des animés les plus en vue de ces derniers temps. Il se place dans un monde post-apocalyptique où les technologies ont régressé jusqu’à ressembler à celles du Moyen-âge suite à l'invasion du monde par des géants mangeurs d'hommes de plusieurs mètres. Après une période de 100 ans de paix suite à la construction d'une suite de trois gigantesques remparts concentriques, apparaissent deux titans capable de mener des attaques frontales contre ces défenses (le Titan colossal et le Titan cuirassé) qui percent le premier rempart. On suit l'histoire d'Eren, Mikasa et Armin, dont les deux premiers ont vu leur mère périr dévorée par un titan. Eren décide de s'engager dans l'armée pour exterminer les titans et est suivi par les deux autres.

L'un des points les plus importants de ce manga est le fait qu'il s'agisse d'un shōnen. Avouons que ça gicle un peu plus que dans la plupart des autres séries de ce genre et que les morts sont fréquentes, mais quand même : il suffit de comparer cet animé assez sombre à l'ambiance souvent bon enfant d'un Fairy Tail ou d'un One Piece pour s'apercevoir que la frontière avec le seinen n'est pas si éloignée que ça. Après la série comporte majoritairement les thèmes de l'amitié, de la persévérance, du dépassement de soi qui font que l'on reste dans le nekketsu. Par contre la thématique forte de la vengeance conduisant à une violence souvent gratuite et démesurée de la part du héros, l'univers dystopique sombre typé dark-fantasy et le côté souvent assez tragique de certaines situations font que l'on se rapproche aussi du seinen. L'univers, souvent plus complexe qu'il n'y parait, n'est pas seulement le récit d'une lutte contre les titans mais aussi celle d'une lutte des hommes entre eux et en eux même (la fameuse "peur des titans"). Mais bon, sachant que le héros est orphelin, doté de pouvoirs spéciaux et se relève souvent à coups de volonté voire de deux-ex machinas, que les relations entre les personnages sont assez limitées et que lui et ses principaux compagnons ont une durée de vie assez longue on reste quand même bien dans le shōnen.

L’animé en lui même est assez bien fait. Le character design et les décors sont agréables à l’œil et le tout est assez dynamique. Les scènes d'action sont lisibles et le tout passe très bien à l'écran. J'ai d'ailleurs l’impression que ce manga convient mieux au format de l'animation qu'au format papier, en particulier pour les scènes faisant appel à la tridimensionnalité (technique de combat pour lutter contre les titans avec des grappins et du gaz propulseur, qui permet de se déplacer vite et d'aller assez haut) vraiment dynamiques. Ces derniers sont vraiment aériens et bien chorégraphiés. Les titans sont également capables d'attaques fulgurantes malgré leur air pataud. Je leur ai d'ailleurs trouvé une ressemblance avec le tableau Saturne dévorant un de ses fils du peintre Francisco de Goya en ce que le même genre d'air monstrueux, aux traits grossiers et à l'air simple se dégage de leur visage. Par ailleurs de nombreuses scènes de dévoration d'hommes par des Titans m'y ont fait penser*. L'accompagnement sonore est vraiment réussi, avec des passages rythmés et énergiques aux bons moments, des morceaux épiques, d'autres plus adaptés aux scènes émouvantes... D'ailleurs ils sont variés et seuls de courts extraits sont présents, ce qui permet d'éviter tout risque d'overdose. Privilégier des passages brefs pour ne pas être trop lourd et gaver le spectateur c'est une assez bonne idée, les musiques étant franchement pesantes sur un plus long terme.

Le traitement des personnages est satisfaisant bien que souvent un peu trop superficiel. Ils sont souvent caractérisés par un élément précis généralement assez caricatural. Par exemple Armin est l'intello de service, Ackerman le badass acariâtre, Sasha la crevarde, Hansi la déjantée, Christa la potiche blonde... Heureusement, et c'est plutôt rare dans le shōnen pour mériter d'être souligné, les personnages féminins n'étant ni de ridicules potiches, ni la caution amazone comme peut l'être Erza dans Fairy Tail. Eren reste néanmoins le cas typique de héros de nekketsu, son obsession malsaine pour la vengeance exceptée. Heureusement la plupart ont un capital sympathie élevé et restent très humains malgré leur caractérisation un peu forcée. Parmis les personnages principaux seul Eren, Mikasa ou dans une moindre mesure Ackerman se démarquent par un background un peu plus complexe, sortant du lot par leur force, leur mentalité ou leur psychologie. Pour les personnages secondaires autres que le groupe de soldats la plupart sont assez énigmatiques, peu visibles et vraisemblablement importants dans l'histoire. Je pense aux chefs des corps d'armée, au docteur Jäger(meister), aux différents politiciens...

Il est temps d'en venir au défauts et en particulier au principal de cet animé : ses longueurs. Franchement on fait difficilement plus lourd qu'un monologue intérieur vaguement philosophique pendant un combat. L'action est frénétique, la tension à son comble et l'on se demande si le personnage va s'en sortir quand tout d'un coup... Il nous sort un foutu traité métaphysico-philosophique pendant plusieurs minutes ! C'est incroyable à quel point c'est pénible ! On ne peut tout simplement pas faire mieux pour casser l'action. Bien sûr on y trouve d'autres longueurs et l'animé prend fréquemment son temps. Le fait est qu'il se concentre énormément sur de courtes périodes pour mettre ensuite d'importantes ellipses. Il ne faut pas non plus oublier l'impudence éhonté de la série pour le cliffhanger et le twist. Cepandant, mis à part un scénario et un pitch assez basique la série reste cohérente et l'ensemble se tient tout à fait. Mais bien que l'idée de départ soit bonne le développement aurait mérité d'être plus poussé : l'univers le mérite. Heureusement ce n'est que la première saison, il faut être un peu indulgent sur ce point. Mais pour être tout à fait honnête le plus attirant dans cet animé reste l'action frénétique, les thèmes qu'il aborde étant loin d'être nouveaux. Shingeki no Kyojin n'est finalement rien de plus qu'un animévplaisant et honnête.

*Pour plus d'informations sur le tableau en question : Saturne dévorant un de ses fils