Espion, lève-toi, with spoilers

Une série française intelligente, où le principal n’est pas dans ce que disent les personnages mais dans ce qu’ils taisent. Eric Rochant développe sur plusieurs saisons ce qu’il avait mis en scène en condensé sur LES PATRIOTES. Et transfère l’étude des services secrets israéliens sur notre territoire.
Le réalisme de la série est son énorme point fort. Chaque personnage est potentiellement un agent, et potentiellement dangereux. Il y a bien sûr un personnage central (Mathieu Kassovitz, épatant) qui va se servir des services de l’État pour ses affaires personnelles.
Ancré dans l’histoire contemporaine, le scénario n’hésite pas à aller prendre des évènements réels pour les inclure dans son développement. Et cela sans manichéisme (il n’y a pas de bons ou de méchants dans cette série (sauf les terroristes, bien sûr)), jouant sur les flous des relations entre pays.
Outre Malotru (Kassovitz), génie du contrespionnage, on suit les aventures d’autres agents, sur le terrain ou dans les bureaux. Et ce ne sont pas forcément cela les moins intéressants. Leur passage sur le terrain ne se fait généralement pas sans heurt.
On peut noter des performances et des moments assez géniaux (comme lorsque l’agent joué par Artus rentre chez lui et voit les gens observer le démantèlement d’une cellule terroriste, sans savoir que celui grâce à qui cela a été possible est leur voisin de métro, ou lorsqu’un agent du Mossad (Laurent Lucas) essaye de débaucher celle qu’il croît être une simple sismologue (Sara Giraudeau) en se faisant passer pour un agent de la DGSE, alors que celle-ci est un agent de ce service).
Des acteurs livrent peut-être parmi leurs meilleures prestations (Daroussin, Kassovitz ou Lea Drucker), et nous entraînent allègrement dans cette histoire qui est constamment sous tension.
Et la cinquième saison possède ce qui est peut-être le meilleur épisode d’une série française (le 8ᵉ). Et lorsqu’elle se termine, on en ressort très mélancolique.