Jeunisme Parisien Moralisateur Orienté Hypocrite (et un peu drôle)

Le Petit Journal est de prime abord une émission sympathique qui critique lourdement (et avec humour) les techniques de communication obsolètes et dérisoires des politiciens, porte un certain regard sur l'actualité et au passage relaie quelques trucs culturels.

On tape à gauche, on tape à droite, on se marre.

Mais depuis qu'ils ont doublé leur temps d'antenne (de 20 min on est passé à 40 min) c'est comme si tous leurs petits défauts franchement agaçants à la longue avaient dramatiquement gagné en puissance. Je m'explique.

En y regardant de plus près - et surtout grâce à l'effet zoom de la rallonge du temps d'antenne - on se rend compte que cette émission ne vaut pas bien mieux que tout ce qu'elle prétend critiquer.

Elle est un peu le reflet de ce petit monde qu'est le Paris huppé de gauche (bien qu'elle s'en défende).

Tout est toujours tout blanc ou tout noir avec eux. Cette émission, surtout de par son impact sur le type de téléspectateurs influencables qu'elle vise, pourrait expliquer les différents tenants et aboutissants des événements qu'elle couvre. Mais non. En résulte un discours invariablement moralisateur, sorti sur un ton péremptoire tel la vérité universelle ; Yann Barthès lit son prompteur, le public rigole, on passe d'un sujet dramatique à un sujet hyper-léger.

Le Globe-trotter Martin Weill retrouve avec un hasard extraordinaire tous les badauds qu'il croise de par le monde. Y compris une famille comprenant un enfant qu'il a tranquillement regardé partir en mer sur un bateau pneumatique pourri. Wtf sans déconner... Ce monde est décidément bien tordu.

Culturellement on se rend vite compte que ça touche surtout les tendances parisianno-parisiennes, de leurs moments musicaux parfois franchement douteux à leurs divers invités - sans compter leur façon de couvrir l'actualité, en particulier au niveau de la politique intérieure.

En parlant politique, si leurs taquineries restent relativement potaches vis-à-vis de la gauche, elles sont beaucoup plus acides vis-à-vis de la droite - de façon difficilement perceptible certes, mais le fait est là : ils critiquent bien la futilité de la communication des politiciens de tous bords prenant les électeurs pour des moutons sans cervelle, ce qui est génial, mais s'ils sont irréprochables sur leur façon de traiter le fait communicatif surtout sur la forme, le fond idéologique du Petit Journal est clairement situé à gauche. Déontologiquement parlant c'est très moyen.

Ce n'est pas partisan, c'est simplement une manière de penser. Du moment qu'un politicien reste dans le "politiquement correct", (gauche modérée prétendument humaniste) et qu'un type un peu plus à droite va pousser une gueulante concernant un bidonville ingérable - exemple inventé à l'arrache hein - on saura tout de suite qui Le Petit Journal soutiendra, alors qu'il devrait se contenter d'observer et de rapporter.

De façon plus large, s'ils adorent se moquer des protocoles et autres rigidités, dès qu'un politicien se lâche un peu, ils ne manquent pas de lui sauter dessus tels des chiens enragés pour lui rappeler les bonnes manières. Désolant.

Reportages orientés, mis en scène plus encore qu'au JT de TF1 qu'ils sont les premiers à critiquer.

Ah, et cette foutue rubrique là, le "Facecam", quelle putain d'horreur. Des marionnettes (ou serait-ce des humains ?) lisent un prompteur et sortent des futilités unilatérales avec un mauvais jeu d'acteur, transpirant la bien-pensance nobrain acceptatrice et accusatrice de tout et son contraire ; je vomis.

Ils tapent sur tout et n'importe quoi, n'importe comment, sur tout ce qui ne leur plait pas, comme si c'était l'évidence indiscutable, sans aucun contre-poids.

Ils ne vont jamais en Province. Sauf si un/des politicien(s) connu(s) ou autre événement huppé/catastrophe s'y déroule. Ils sont tellement déconnectés du vrai monde, et ne s'en rendent même pas compte, pris dans leur arrogante ignorance... Je ne sais si je les méprise ou si je les plains, au fond.

Alors après, certains aspects restent amusants et/ou intéressants, mais reste que cette espèce de propagande foutrement atypique est des plus éreintantes.