https://leschlamedias.wordpress.com/2017/01/27/les-desastreuses-aventures-des-orphelins-baudelaire-saison-1-ou-plutot-leurs-extravagantes-mesaventures/


Après une adaptation au cinéma ratée en 2003, qui n’aura jamais donné de suite, les orphelins Baudelaire et leurs désastreuses aventures reviennent à l’écran chez Netflix cette fois, dans un univers extravagant, lequel on nous conseille sans cesse de ne pas regarder.


À l’instar de la série littéraire, les événements nous sont ici décrits par Lemony Snicket (Patrick Warburton – Ted, Kuzco l’empereur mégalo), par des interventions impromptues qui brisent le quatrième mur, s’adressant au spectateur en plein milieu de séquences. Il nous raconte l’histoire de ces trois orphelins, Violette (Malina Weissman), Klaus (Louis Hynes) et Prunille (Presley Smith), dont les parents sont décédés dans un mystérieux incendie. Ils n’ont donc plus rien, si ce n’est une immense fortune qui ne sera disponible qu’à la majorité de l’aînée. Ils vont donc être confiés dans un premier temps au Comte Olaf (Neil Patrick Harris), acteur sans talent, démoniaque et ridicule, qui ne s’intéresse qu’à la richesse des enfants. Puis l’on suivra tout le long des dix épisodes, le placement des orphelins chez différents tuteurs, tous plus excentriques les uns que les autres, à chaque fois approchés par Olaf dans un déguisement burlesque que seuls les Baudelaire semblent reconnaître, mais personne ne les croit jamais.


L’univers créé par Mark Hudis, le showrunner, est assez remarquable. Des décors en carton pâte, un peu à l’image de Wes Anderson, qui semblent avoir été fabriqués pour l’occasion, et qui collent parfaitement à l’ambiance fantasque et exagérée de la série, des paysages terne et gris contrastés par des éléments (généralement les personnages) vifs et pastels. Une image globalement soignée, très esthétique. Si le cadre paraît irréel, il est crédibilisé parce qu’il est assumé : les situations et la toile de fond sont rocambolesques, mais c’est cette volonté de donner dans le fantasmagorique, sans aucune, honte qui les rend plausibles.


Les personnages, fidèles aux romans, se trouvent eux aussi dans cette absurdité ambiante. Chaque nouveau tuteur est toujours plus extravagant que le précédent. Montgomery Montgomery, (Aasif Mandvi), le spécialiste en herpétologie et sa collection de reptiles saugrenue (un crocodile qui se plaint, des tortues qui ne se calment qu’en écoutant de la musique) ; tante Joséphine (interprétée magistralement par Alfre Woodard), veuve effrayée par tout et n’importe quoi (il ne faudrait, par exemple, par toucher une poignée de porte pour l’ouvrir, de peur qu’elle n’explose), dont l’actrice relève largement la prestation offerte par Meryl Streep en 2003 ; puis les employés de la scierie, hypnotisés, payés en chewing-gum, où les orphelins terminent leur voyage en fin de saison. Des personnages hauts en couleur, toujours bien interprétés.


De son côté, le Comte Olaf, interprété par Neil Patrick Harris est surprenant, sans pour autant être qualifiable de « monstrueux » comme on avait pu le lire dans d’autre médias. Il n’est pas mauvais acteur, mais n’offre pas une performance exceptionnelle pour autant. La qualité de son jeu d’acteur tient vraisemblablement plus dans ses costumes, parfaits trompe-l’oeil, que dans ses frasques. Il serait donc plus juste de qualifier le travail des costumier-ère-s de « monstrueux », plutôt que celui de l’acteur. Mais cette qualification surestimée tient probablement à l’engouement absurde pour le personnage misogyne de Barney Stinson dans la série How I met your mother, engouement que, pour sûr, nous ne partageons pas.


Par rapport à l’adaptation cinématographique de 2003, l’un des grands apports de la série relève de la racisation de certains personnage, là où auparavant ils étaient tous blancs. On trouve ici tante Joséphine et le banquier, Arthur Poe, interprétés respectivement par Alfre Woodard et K. Todd Freeman, deux acteurs afro-américain, mais aussi Aasif Madvi, qui interprète le professeur Monty, acteur d’origine indienne. On trouve également quelques répliques un brin féministes, telles que « C’est le poison le plus dangereux jamais découvert par l’homme… et la femme », ou encore « Les garçons aussi peuvent jouer à la poupée ». Trois fois rien, en somme, cela ne démontre pas d’un engagement profond, mais ce sont des phrases qui font tout de même plaisir à entendre, et qui permettent tout de même de faire légèrement avancer les choses.


En somme, la série est tout de même une réussite. Elle vient surtout nous poser la question de savoir si le format télévisuel ne serait pas le plus approprié pour accueillir les adaptations littéraires, au lieu du cinéma. Entre huit et dix heures de show permettraient d’écumer plus de détails, là où les films doivent généralement se contenter de filer en ligne droite. Par rapport à l’adaptation de 2003 ou quatre nouvelles étaient résumées en 1h45, ici, on trouve une nouvelle tous les deux épisodes, pour mieux faire le tour de la question.


Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire sont donc à voir. Si tout ne demeure pas parfait, les points forts sont tout de même plus nombreux que les points faibles. Bien qu’elle puisse laisser perplexe sur la cible qu’elle vise, entremêlant atrocités et enfantillages, on reste enchantés de pénétrer dans cet univers absurde et fantasque. Vu le parti-pris quant au mode d’adaptation, on suppose donc que la série comportera encore deux saisons, qui ne cesseront de nous surprendre.

Clepot
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le 2 févr. 2017

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Clément Capot

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