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J'avais bien envie d'y croire à cette nouvelle série Netflix ne serait ce que pour son contexte fantastique prenant pour cadre le Londres de l'époque victorienne qui titillait ma fibre nostalgique de l'épouvante gothique. J'étais un peu moins hypé par cette bande d'adolescents faisant office de personnages principaux mais séduit quand même par l'idée de gamins des rues servant aux célèbres Sherlock Holmes et Watson pour résoudre des histoires paranormales et surnaturelles. J'étais donc le cul entre deux chaises, franchement tenté mais aussi un poil prudent vis à vis des Irréguliers de Baker Street qui promettait beaucoup à condition de trouver le bon angle narratif et visuel.


Bien malheureusement au bout de deux épisodes déjà j'avais compris qu'aller au bout des huit épisodes de cette première saison serait une longue perte de temps; mais comme j'aime bien terminé ce que je commence j'ai laissé jusqu'à son ultime épisode à la série de Tom Bidwel le bénéfice du doute et une chance de m'emporter in extremis. Mais non rien n'y fera et je trouve au final cette série terriblement ennuyeuse , plutôt mal écrite, visuellement discutable et bien trop grossière dans sa mécanique comme dans sa mise en scène. Il y-a souvent deux facteurs déterminants à l'envie de suivre une série qui sont le plaisir de retrouver des personnages et l'envie de se replonger dans un univers avec ce besoin de toujours connaître la suite de l'histoire. Pour commencer je n'accroche absolument pas à cette bande d'adolescents qui servent de héros à l'histoire et qui n'ont pour moi absolument aucune épaisseur psychologique et restent cantonnés à des archétypes purement fonctionnels qui les empêchent totalement d'exister au delà de leurs très gros traits de caractère. Même si la jeune comédienne Thaddea Graham ne manque pas de charisme et qu'elle est loin d'être une mauvaise actrice on se lasse tout de même très vite de sa moue boudeuse et de ce registre de leader déterminée et de mère poule pour les autres membres de la bande. Pourtant Bea (Thaddea Graham donc) est de loin le personnage le mieux écrit et le plus profond de la série , c'est dire le niveau des autres qui ne servent objectivement à pas grand chose. Dans ce club des cinq revisité post Stranger Things mâtiné de Tim Burton du pauvre et de Scooby-gang en moins fun on trouve le ténébreux bagarreur, la fille fragile aux pouvoirs paranormaux, le beau riche prince beau gosse et perdu et cerise sur la gâteaux le jeune noir cool et rigolo à la langue bien pendue à peu près aussi utile à l'histoire qu'un élément du décor. Et on pourrait encore ajouter au tableau déjà peu reluisant le moins charismatique des Sherlock Holmes avec ses faux airs du chanteur Soan et un docteur Watson pas beaucoup plus marquant si ce n'est parce qu'il rentre dans cette mode de donner de la couleur à des figures emblématiques de la pop culture. L’interaction entre les personnages est tout aussi basique à l'image de cette bluette amoureuse un peu tartignole entre Bea et le joli prince fragile trop riche sous le regard ténébreux du pauvre Billy qui l'aime en secret depuis toujours ou de relations fraternelles et amicales de groupe toujours servies avec une finesse de pachyderme. De toute évidence orienté vers un public plutôt adolescent la série est aussi dans l'air policé d'un temps rempli de quotas avec personnage de femme forte, des minorités visibles à l'écran, personnage LGBT, bons sentiments et lifting de figures mythologiques de la pop culture.


Dans tout ce qu'elle raconte Les Irréguliers de Baker Street est une série qui ne sera guère plus convaincante tant on retrouve une sorte de mélange de mythologie fantastique éculé, de légendes urbaines déjà traitées mille fois ( Frankenstein – Tooth Fairy ) le tout sur fond de faille prête à s'ouvrir entre le monde des vivants et celui des ténèbres afin de servir de canevas global à l'intrigue. Avec ce double monde et ce portail avec une jeune fille aux pouvoirs psychiques qui pourrait en être la clef difficile d'ailleurs de ne pas penser à Stranger things. Sans demander à la série d'innover et d'inventer de nouvelles mythologies et un nouveau bestiaire on reste en droit de vouloir retrouver un peu plus qu'un recyclage permanent et souvent maladroit de choses déjà vus ailleurs et surtout souvent en bien mieux. Quant aux enquêtes paranormales elles sont souvent bien trop vite expédiées et résolues à grand renforts de longues explications comme si les images ne se suffisaient jamais en elles mêmes, du coup jamais on ne se sent pris aux jeux des investigations de cette bande de jeunes détectives ni par le moindre sentiment de peur ou d'angoisse et donc personnellement je m'emmerde assez fermement.


La série souffre aussi d'une mise en scène très lourde qui appuie et surligne absolument tout ce qui se trouve à l'écran sans la moindre finesse. Effets de montages avec gimmicks sonores très bruyants, romance sur fond de petite chanson pop sirupeuse, bande son électro-rap pour souligner le côté bien jeune de l'ensemble , petite mélodie au piano avec images au ralenti pour l'émotion, flash-back sur-explicatifs et effets visuels désuets lors de moment onirique comme lorsque la jeune Jessie retrouve son mystérieux mentor dans un décor de bayou de carton pâte... et la liste est encore très longue. Moi qui espérait retrouver une sombre ambiance gotique entre le cinéma de Burton et la Hammer j'ai du me contenter d'une ambiance mal éclairée comme si le fait de tout filmé dans une semi pénombre suffisait à établir une ambiance bien noire. Et comble d'un point point de vue souvent à côté de la plaque lorsque Londres se retrouve en proie aux forces du mal et du chaos la série se contente de nous montrer quelques personnages qui courent dans la rue en guise de fin du monde toute proche. Quand la série devrait verser dans l'emphase et le spectaculaire on reste vraiment sur sa faim et tout le côté un peu cheap et bidon de l'ensemble se trahit de lui même.


Les Irréguliers de Baker Street est une très grosse déception et j'aurai objectivement du stopper le calvaire au bout de deux ou trois épisodes plutôt que de m'infliger les huit dans l'espoir d'une petite amélioration. Une chose est certaine et élémentaire mon cher Watson, ce sera sans moi pour une éventuelle seconde saison

freddyK
4
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le 5 avr. 2021

Critique lue 1.5K fois

6 j'aime

Freddy K

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